Oxfam appelle les pays riches à accueillir davantage de réfugiés

Par Julian Merer  |   |  844  mots
Les initiatives pour l'accueil des réfugiés syriens se multiplient à travers le monde.
Moins de 3% des Syriens ayant fui le conflit qui ensanglante leur pays ont été admis dans un pays riche, a affirmé jeudi la fondation Oxfam qui demande aux nations les plus aisées de contribuer davantage.

La guerre en Syrie et en Irak a causé le plus grand exode de population depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Près de 5 millions de réfugiés syriens ont ainsi migré dans les pays voisins, comme le Liban, la Jordanie ou la Turquie. Cette cinquième année de conflit a été la pire pour la population: l'acheminement de l'aide humanitaire continue d'être entravé et des villes entières sont encore assiégées.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté aujourd'hui à l'unanimité un projet de résolution visant à garantir le bon déroulement des évacuations des civils et rebelles des quartiers d'Alep. Dans celle-ci, les membres du Conseil se disent alarmés par le fait que "la situation humanitaire désastreuse dans la ville d'Alep continue de se détériorer" et que "les évacuations d'urgence et l'aide humanitaire sont désormais nécessaires pour de très nombreux habitants". Mais Oxfam appelle à prendre un engagement pour qu'au moins 10 % du nombre total de réfugiés soient pris en charge par les pays de l'OCDE signataires de la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés.

Un accueil insuffisant dans de nombreux pays

Selon l'organisation britannique, seulement 130.701 personnes ont été admises dans les 28 pays déterminés comme riches dans l'étude, sur presque 5 millions de réfugiés syriens. "Leur présence pèse sur les services publics des pays hôtes qui sont parfois déjà confrontés à un taux de chômage élevé et à la pauvreté" souligne Oxfam qui ne manque pas ainsi d'encenser l'Australie, l'Allemagne, le Canada et la Norvège pour l'accueil d'une proportion importante de réfugiés par rapport à la taille de leur économie.

Le ministre des affaires étrangères libanais énonçait déjà en 2015 que: "Le Liban, un pays pauvre avec une population de 4 millions de personnes porte la charge de 2 millions de réfugiés alors qu'un continent tel que l'Europe avec une population de 500 millions de personnes est encore en train de débattre pour savoir s'ils vont accueillir ou non 120.000 réfugiés."

La fondation démontre que pour réinsérer rapidement dans la société plus de réfugiés, certains pays doivent améliorer leurs procédures et tirer les enseignements de ceux qui ont joué un rôle moteur dans la crise des migrants. L'exemple du Canada qui a déployé 500 employés supplémentaires dans les ambassades des pays voisins de la Syrie pour accélérer le processus de réinstallation est ainsi mis en avant: c'est en effet 35.000 Syriens qui ont été accueillis l'année dernière par le pays outre-atlantique alors que le Royaume-Uni n'en héberge que 3.000.

Mark Goldring - directeur général d'Oxfam - a déclaré dans un communiqué que "le Royaume-Uni et d'autres pays riches doivent faire davantage pour aider les populations qui fuient une guerre qui dure depuis presque six ans en Syrie". La France, quant à elle, a fait entrer 1.800 réfugiés alors qu'elle aurait pu selon ses ressources, en accueillir potentiellement 25.926. Il subsiste ainsi encore aujourd'hui de nombreuses disparités entre les pays dans l'hébergement de ceux qui quittent leurs terres d'origine pour fuir les horreurs de la guerre.

Un appel international

L'ONG n'est évidemment pas la seule organisation à appeler les pays du monde entier à réagir à l'horreur qui se déroule en Syrie et les départs qui en découlent: "Les pays riches font preuve d'une totale absence de volonté politique et de responsabilité en laissant seulement 10 pays, qui représentent moins de 2,5 % du PIB mondial, accueillir 56 % des réfugiés de la planète", a ainsi déclaré Amnesty International dans une analyse de la crise des réfugiés du mardi 4 octobre 2016.

Une coalition mondiale de 223 organisations de la société civile a demandé aux Etats membres des Nations Unies d'intervenir et d'organiser une session extraordinaire de l'Assemblée Générale. L'objectif est la fin de toutes les attaques illégales à Alep et dans le reste de la Syrie, ainsi que la garantie d'un accès humanitaire immédiat pour ceux pour qui cela est considéré nécessaire en montrant que "l''inaction ne peut pas être une option". Ils appellent particulièrement les 112 Etats signataires du Code de Conduite ACT "Responsabilité, Cohérence et Transparence" à soutenir l'initiative en mettant en avant l'importance de cette responsabilité: « L'Histoire jugera sévèrement ceux qui ne se seront pas montrés à la hauteur de cette situation."

L'Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Steffan de Mistura, a affirmé que l'ONU ne désire pas laisser se produire "un nouveau Srebrenica, un nouveau Rwanda, et à moins que quelque chose ne soit fait, c'est malheureusement ce que nous acceptons de laisser se produire sous nos yeux."  Car en effet, de nombreux réfugiés ne trouvent toujours pas de pays d'accueil malgré les nombreux appels qui sont envoyés aujourd'hui par toute sorte d'institutions à travers le monde.

(Avec Reuters)