Pour Londres, les stations-services prennent les Britanniques pour des « vaches à lait »

Par latribune.fr  |   |  669  mots
Les prix à la pompe avaient volé de record en record au Royaume-Uni l'été dernier, frôlant les 2 livres (2,3 euros) par litre pour le diesel il y a un an, avant de retomber. (Crédits : Regis Duvignau)
Londres accuse les distributeurs de carburants d'avoir pris les Britanniques pour des « vaches à lait » en gonflant leurs marges malgré la crise économique. Le gouvernement va forcer les entreprises du secteur à publier leurs tarifs en temps réel pour favoriser la concurrence.

Alors que l'inflation fait rage au Royaume-Uni, le gendarme de la concurrence (CMA) a dans son viseur les distributeurs de carburant. La CMA a publié lundi un rapport sur ce secteur. Il démontre que les distributeurs de carburants ont gonflé leurs marges entre 2019 et 2022, ce qui a coûté 900 millions de livres (plus d'un milliard d'euros) rien qu'en 2022 aux automobilistes britanniques.

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Le gouvernement, dans un communiqué séparé, ajoute qu'il va, par conséquent, « modifier la loi pour forcer les revendeurs à fournir des informations à jour sur leurs prix, pour une plus grande transparence et plus de concurrence », alors que les carburants ont été l'un des moteurs de l'inflation très élevée au Royaume-Uni.

La CMA  « a constaté un affaiblissement inquiétant de la concurrence sur le marché des carburants et une augmentation globale des marges des détaillants, en particulier en ce qui concerne le diesel », selon le communiqué du gouvernement, qui dit s'inspirer de mesures de transparence sur les prix en Allemagne et en Australie.

Les baisses non répercutées

« Certains détaillants de carburants ont pris les automobilistes pour des vaches à lait en augmentant leurs prix lorsque les coûts des carburants ont grimpé en flèche, sans répercuter les baisses lorsque les cours de l'énergie ont reculé », a taclé le ministre britannique de l'Energie, Grant Shapps, cité dans le communiqué du gouvernement.

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Les prix à la pompe avaient volé de record en record au Royaume-Uni l'été dernier, frôlant les 2 livres (2,3 euros) par litre pour le diesel il y a un an, avant de retomber. Les prix tournent actuellement autour de 1,45 livre (1,7 euro) le litre pour le diesel, comme pour le sans-plomb, selon des chiffres officiels.

Sous pression pour faire baisser les prix, les principales chaînes de supermarchés britanniques, dont plusieurs sont aussi détaillants de carburants, ont assuré la semaine dernière devant une commission parlementaire faire tout leur possible pour aider les consommateurs. C'est d'autant plus crucial que de nombreux Britanniques sont touchés par une grave crise de la vie, avec une inflation qui a persisté en mai à 8,7% (sur un an), après s'être maintenue pendant des mois au-dessus de 10%, tirée notamment par les prix de l'énergie dans la foulée de la guerre en Ukraine.

En France, le gouvernement surveille les prix

En France, les distributeurs sont aussi sous surveillance. Début mai, Agnès Pannier-Runacher leur avait « demandé de répercuter au plus vite la baisse sur les prix à la pompe », jugeant « inacceptable que les entreprises augmentent leurs marges sur le dos des Français ». Elle avait aussi souligné, alors que les manifestations contre la réforme des retraites battaient leur plein, que « si les blocages ont eu un impact sur les coûts », il faut « que cela soit communiqué en transparence ».

L'Arabie Saoudite prolonge la réduction de sa production de pétrole

L'Arabie saoudite a annoncé lundi qu'elle prolongeait la réduction de sa production de pétrole d'un million de barils par jour, pour soutenir le prix du baril en baisse. La réduction, qui a pris effet en juillet, se poursuivra en août et « peut être prolongée » au-delà de cette période, a indiqué l'agence de presse officielle du royaume, en citant une source du ministère de l'Energie. Cette décision maintient à environ 9 millions de barils par jour la production du  royaume pétrolier.

En avril, plusieurs membres de l'Opep+ avaient décidé de réduire volontairement leur production de plus d'un million de barils par jour, une décision surprise qui a brièvement soutenu les prix, mais qui n'a pas entraîné une hausse durable. Les analystes estiment que le royaume a besoin d'un prix du pétrole à 80 dollars le baril pour équilibrer son budget, bien au-dessus des moyennes enregistrées ces dernières années.

(Avec AFP)