
La décision prise par l'Arabie saoudite lors de la réunion de l'Opep+ dimanche à Vienne (Autriche) de réduire sa production de 1 million de barils par jour (mb/j) à partir de juillet n'a pas provoqué de flambée des prix de l'or noir. Les « spéculateurs » que ne manque pas de fustiger ces derniers temps le ministre de l'Energie saoudien, le prince Abdelaziz ben Salmane, n'ont pas pour le moment « acheté » le scénario.
Lundi, les cours repartaient à la hausse mais sans flamber. Le prix du baril de Brent progressait dans l'après-midi de 1,3% à 77,1 dollars tandis que celui du baril de WTI gagnait 1%, à 72,4 dollars. Sur un mois, les cours sont quasi stables, mais sur un an ils accusent une baisse de respectivement 34 % et 37,5 %.
Un prix plancher à 80 dollars
En acceptant de supporter seule l'effort, l'Arabie saoudite se montre plus préoccupée par le niveau des prix que par ses parts de marchés. Elle vise un prix plancher autour de 80 dollars, qui lui permet d'équilibrer son budget public, quitte à faire tomber sa production à quelque 9 mb/j. En avril, elle avait pompé 10,48 mb/j, un chiffre qui correspond à son quota. Sa capacité potentielle de production est de 12,2 mb/j, selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). « La semaine dernière, il est apparu clairement que l'Arabie saoudite ferait pression pour obtenir une réduction lors de la réunion du week-end et qu'il serait difficile d'obtenir l'adhésion des autres pays. Il s'avère que le compromis trouvé dans un esprit d'unité et de coopération est loin d'être convaincant », commente Craig Erlam, analyste chez Oanda. En effet, l'autre leader du partenariat, la Russie, qui n'a jamais réellement concrétisé la réduction de 500.000 b/j qu'elle avait annoncée après l'imposition de l'embargo occidental, va pouvoir continuer à bénéficier de parts de marché, même si c'est à un prix plafonné à 60 dollars le baril, et engranger les revenus nécessaires à la poursuite de la guerre en Ukraine.
La décision de Riyad n'est toutefois pas sans risque. Viser une remontée des cours de l'or noir alors que de nombreux pays sont proches de la récession sous l'effet de la poursuite de la hausse des taux pourrait fragiliser davantage l'économie mondiale et peser sur la demande de pétrole à moyen terme.
Un baril de Brent à 95 dollars en décembre?
Mais le temps pourrait jouer en faveur de Riyad. Nombre d'analystes, notamment ceux de l'Agence internationale de l'énergie et même de l'Opep, prévoient une reprise de la demande de pétrole durant le second semestre, notamment de la part de la Chine, premier importateur mondial de brut. La banque Goldman Sachs prévoit même un baril de Brent à 95 dollars en décembre.
Dans ce cas, ce sera l'Arabie saoudite qui sera pratiquement le seul pays à pouvoir augmenter rapidement son offre et reprendre des parts de marché. Comme le rappelait le prince Abdelaziz ben Salmane interrogé par le Financial Times. « Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour apporter de la stabilité de ce marché ».
La réunion de dimanche a également statué sur un sujet qui se trouvait régulièrement mis à l'agenda des dernières réunions du partenariat mais toujours repoussé car délicat à traiter, celui des quotas. Ainsi, à partir de 2014, les Emirats Arabes Unis, alliés de l'Arabie saoudite, vont voir leur quota de production relevé de 200.000 b/j (actuellement, il est de 3,02 mb/j, mais régulièrement dépassé de quelque 300.000 b/j) au détriment d'autres pays dont le Nigéria, l'Angola et du Congo, qui, il est vrai, n'ont jamais réussi à produire autant que prévu. L'année prochaine, le quota total de l'Opep+ qui représente pratiquement 60% de l'offre mondiale devrait baisser de 1,4 mb/j. Mais elle n'aura pas d'effet significatif car elle ne fera qu'aligner des quotas théoriques avec des productions réelles.Les quotas seront réajustés en 2024
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