Présidentielle américaine : la Maison-Blanche redoute une cyberattaque

Par Grégoire Normand  |   |  677  mots
La Russie est au centre des préoccupations de la Maison Blanche.
Les peurs d'une attaque informatique contre le système électoral américain resurgissent à quelques jours du scrutin. Pendant que les regards se tournent vers la Russie, la Maison Blanche a renforcé les moyens du renseignement américain afin de prévenir les menaces qui pèsent sur le vote électronique et les failles du système informatique.

A quelques jours de l'élection présidentielle, les autorités américaines redoublent de vigilance contre de possibles attaques informatiques russes. Selon des propos d'officiels américains recueillis par NBC, les efforts seraient coordonnés par la Maison Blanche et le département de sécurité intérieure. L'agence de sécurité nationale (NSA), la CIA et le département de la Défense sont également impliqués dans l'opération. Les services de renseignement ont indiqué que la Russie avait été avertie que "le moindre effort pour manipuler l'actuel vote ou le comptage des bulletins serait vu comme une sérieuse infraction."

Une surveillance accrue sur des attaques ciblées

Les agences de renseignement américaines sont plutôt confiantes. Selon le Washington Post, le renseignement ne pense pas que la Russie soit armée pour mener une opération de cyberespionnage capable de modifier les résultats du vote mardi prochain. La plupart des machines de vote électronique ne seraient pas connectées à Internet. Ce qui pourrait diminuer la menace d'une attaque informatique générale mais n'exclut pas la possibilité de frauder.

Par ailleurs, le système de vote américain n'est pas le même dans tous les états fédérés. Des comtés privilégient le vote papier tandis que d'autres utilisent le vote électronique ou par mail. Cette diversité des procédures de vote compliquerait ainsi la tâche d'une tentative de déstabilisation du système, comme le souligne Libération.

En revanche, l'administration pense que les Russes pourraient continuer à semer le doute sur la légitimité des résultats. Selon Reuters, ces doutes pourraient prendre la forme de désinformation répandue sur les réseaux sociaux. A l'heure qu'il est, des tentatives d'intrusion ont été recensées sur des bases de données mais les machines de vote ont été préservées.

Si la sécurité globale du système de vote électronique ne semble pas inquiéter l'administration américaine, des officiels craignent une opération isolée qui rende une partie du système hors-ligne et érode la confiance des électeurs.

Des précédents inquiétants

Cette décision fait suite à plusieurs événements relatifs à des craintes de cyberattaques réelles ou supposées. En septembre dernier, le directeur du FBI James Comey, avait annoncé que "plusieurs activités d'inspections de sites internet, qui sont des actions préalables à une attaque, ainsi que des tentatives d'intrusions ont été observées sur des registres électoraux en ligne". Pendant l'été dernier, des bases de données dans l'Arizona et l'Illinois avaient été piratées comme le souligne NBC. Des données de 200.000 citoyens ont été volées dans l'Illinois. Selon le site d'information américain, des Russes seraient derrière cette attaque et l'administration américaine a même affirmé que les renseignements russes étaient derrière cette opération. De son côté, Vladimir Poutine a totalement nié l'implication de Russes dans les précédents piratages comme le rapporte le Washington Post.

En juillet dernier, des opérations de piratage ont touché le camp démocrate. Selon un communiqué du département de la sécurité intérieure et le bureau du directeur du renseignement national, l'administration russe serait impliquée :

"Nous croyons, au regard de la sensibilité de ces tentatives, que seuls des hauts dignitaires russes pourraient autoriser ce type d'activités."

Le site Wikileaks a diffusé les données récoltées dans les serveurs du camp démocrate comme le souligne Numérama. De son côté, Hillary Clinton ne faisait plus de doutes sur la responsabilité des Russes dans cette attaque informatique. Pour le renseignement américain, les Russes sont capables de ce genre d'attaques. "Les Russes ont utilisé des techniques similaires en Europe et en Eurasie, pour influencer l'opinion publique par exemple." Si les preuves manquent encore pour établir l'origine exacte des attaques, les relations entre les deux pays sont très tendues dans la dernière ligne droite pour la course à la Maison Blanche.