Quatrième semaine de "shutdown", quelles conséquences ?

Par latribune.fr  |   |  837  mots
(Crédits : Leah Millis)
Dépassant le précédent record de 21 jours de "shutdown" de l'ère Clinton, et faute d'accord budgétaire pour financer le gouvernement en 2019, l'administration fédérale est immobilisée. Quelque 800.000 employés fédéraux sont au chômage forcé ou travaillent sans solde.

Près de quatre semaines de fermeture partielle des administrations fédérales aux États-Unis, et toujours l'impasse politique: le "shutdown", catastrophe pour les finances de nombreux fonctionnaires non payés, semble loin de se résoudre.

Le président Donald Trump réclame que soit inscrit dans le budget fédéral 5,7 milliards de dollars pour financer un mur à la frontière avec le Mexique pour lutter contre l'immigration illégale, ce que l'opposition démocrate refuse catégoriquement. Ce différend contraint depuis plus de trois semaines quelque 800.000 employés fédéraux au chômage forcé, ou à travailler sans solde pour ceux dont les emplois sont jugés essentiels.

Hier, le président et ses opposants démocrates ont continué à s'accuser mutuellement d'être responsables du blocage.

"Il est de plus en plus évident que les démocrates radicaux sont le parti des frontières ouvertes et de la criminalité. Ils ne veulent pas entendre parler de la crise humanitaire majeure à notre frontière sud", a tweeté le milliardaire républicain.

"Le président a dit qu'il ne rouvrirait pas le gouvernement, il garde sa position et ne changera pas d'avis", a rétorqué Chuck Schumer, chef des démocrates au Sénat.

Pour les fonctionnaires, l'angoisse du "shutdown"

Les fonctionnaires affectés par le "shutdown" doivent continuer à payer leurs factures et à rembourser leurs prêts. Des initiatives solidaires se multiplient pour leur venir en aide.

Le célèbre chef américano-espagnol Jose Andres, très critique de Donald Trump, a ouvert mercredi une "cuisine" non loin de la Maison Blanche et du Congrès pour nourrir "tous les employés dans le besoin et leurs familles". Cette opération "ChefsforFeds" doit durer jusqu'à la réouverture des administrations. Une longue file s'est formée dès l'ouverture devant le petit restaurant qui sert sandwiches, salades et soupes à consommer sur place ou à emporter.

"Environ une personne sur trois disait être un employé fédéral en congé" lors de la distribution organisée mardi par Bread for the City, a indiqué George Jones, son responsable.

"Ce sont des gens qui ne viendraient pas normalement chez nous".

La situation est encore plus dramatique pour les salariés de sous-traitants des établissements publics. Au contraire des employés fédéraux, ils ne recevront aucune compensation quand les administrations rouvriront.

"Je vais bientôt perdre ma voiture car je suis en retard (sur les remboursements), je vais bientôt perdre mon assurance santé, mon assurance auto et mon permis de conduire car j'ai un échéancier avec le Département des véhicules à moteur (DMV) et si je manque un versement, je perds mon permis", a affirmé Yvette Hicks, 40 ans et qui travaille pour l'institution culturelle Smithsonian.

Face aux dettes qui s'accumulent, les grandes banques ont mis en place des facilités de paiement sous la forme de prêts sans intérêt ou de crédits à la consommation aux intérêts très faibles. Les fournisseurs d'accès à internet et compagnies de téléphonie mobile ont également annoncé des facilités de paiement.

En Virginie et dans le Maryland, plusieurs foires à l'emploi sont organisées cette semaine pour ceux voulant un travail rémunéré pendant le "shutdown".

Un impact économique sur le pays

Le blocage a aussi un coût pour l'économie américaine. Selon le New York Times, le gouvernement a estimé qu'il ferait perdre en janvier 0,5 point de pourcentage de croissance trimestrielle, deux fois plus qu'une estimation précédente.-

Exaspérée par le "shutdown" qui paralyse en partie le gouvernement américain, une brasserie de la capitale Washington a attaqué l'administration Trump en justice, au motif qu'il lui était maintenant impossible de distribuer sa bière. La brasserie Atlas Brew Works a porté plainte cette semaine contre le ministre de la Justice par intérim, Matthew Whitaker, alors que le "shutdown" était engagé dans sa quatrième semaine.

Les employés du TTB, l'administration américaine sur les tabacs et l'alcool, un petit bureau dépendant du ministère du Trésor et chargé d'approuver la vente de produits alcoolisés. Aux Etats-Unis, le commerce de nombreux produits dont l'alcool entre les différents Etats est conditionné à l'approbation du TTB.

Et pendant le "shutdown", ses employés, qui ne sont pas jugés essentiels pour le bon fonctionnement du pays, ne travaillent pas.

C'est le sort de 40 fûts de "The Precious One", une bière de type IPA (India Pale Ale) devant être exportée en dehors de Washington, qui inquiète particulièrement la brasserie. "Les premiers 40 fûts de 'The Precious One+ sont prêts à être consommés. C'est une bière de saison, périssable après 120 jours", explique l'Atlas Brew Works dans sa plainte.

Et tant que le "shutdown" persiste, le produit, qui ne peut pas être gardé éternellement dans une cuve à fermentation, ne pourra pas être exporté.

(avec l'AFP)