Royaume-Uni : Liz Truss démissionne emportée par sa gestion économique calamiteuse

Par latribune.fr  |   |  619  mots
Liz Truss ce jeudi au 10 Downing Street. (Crédits : POOL)
Liz Truss quitte le poste de Première ministre après l'un des mandats les plus courts et les plus chaotiques de l'histoire britannique. Confrontée à une crise économique plus virulente que sur le continent, son gouvernement avait en plus déclenché une crise financière sur la dette et la livre en dégainant un plan d'urgence mal calibré. Sa position était devenue intenable. Dans un baroud d'honneur, Liz Truss avait tenté de sauver sa peau en remerciant son ministre des Finances pour nommer Jeremy Hunt, poids lourds des conservateurs. Ce dernier ne sera pas candidat.

44 jours. C'est le temps qu'aura passé Liz Truss à Downing Street. Mais son autorité était tellement sapée par les événements qui se sont déroulés depuis le 5 septembre que ses jours semblaient déjà comptés en début de semaine avec le départ de sa ministre de l'Intérieur. Et trois jours après s'être séparée de son ministre des Finances Kwasi Kwarteng.

« Vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j'ai été élue par le Parti conservateur », a admis Liz Truss devant le 10, Downing Street. Elle a précisé qu'un nouveau scrutin interne au parti conservateur, qui possède toujours la majorité au Parlement, aurait lieu au sein de la majorité « d'ici à la semaine prochaine » pour nommer son successeur.

Arrivée au pouvoir dans des circonstances très difficiles, au terme d'une campagne interne au parti conservateur, la faible légitimité dont elle jouissait a été ruinée par sa légèreté économique face à la crise la plus grave que connaît le Royaume depuis 2008.

Dans un contexte d'inflation galopante à 10% et d'explosion des factures électriques et gazières qui menacent deux tiers des ménages britanniques de précarité énergétique cet hiver, son ex-ministre des Finances Kwasi Kwarteng avait dévoilé un plan massif de lutte contre l'inflation et de relance de l'économie... Sans prendre la peine d'établir précisément le coût de mesures chiffrables en dizaines de milliards de livres.

Gestion financière calamiteuse

L'absence de chiffrage budgétaire avait provoqué une tempête sur les marchés financiers fin-septembre, un effondrement de la livre tombée au plus bas face au dollar et une flambée des taux souverains de la dette britannique. La chute de la monnaie avait un peu plus alourdi le coût des importations britanniques et la flambée des taux a augmenté les crédits des ménages.

Dans l'urgence, la Banque d'Angleterre a été forcée de lancer un programme en urgence de rachat de dette britannique pour soutenir son financement et faire retomber les taux souverains, avant de mettre fin à ce programme ce vendredi ce qui a fait remonter les taux cette semaine. Vendredi dernier, Liz avait été contrainte de remplacer Kwasi Kwarteng par Jeremy Hunt, ancien ministre conservateur des Affaires étrangères et de la Santé. Un poids lourd des conservateurs dont l'entrée au gouvernement avait des allures de mise sous tutelle d'une Liz Truss en sursis depuis fin septembre.

Dans une tentative de rétablir en urgence la crédibilité financière du Royaume-Uni sur les marchés, Jeremy Hunt a balayé d'une main dès lundi les mesures économiques promises par la Première ministre Liz Truss il y a moins d'un mois, lui adressant un sévère camouflet.

Ont ainsi été abandonnées les baisses d'impôts sur les sociétés et les ménages, conçues par son prédécesseur Kwasi Kwarteng pour relancer l'économie. Le plafonnement des factures énergétiques des particuliers, initialement prévu pour deux ans, a lui été recalibré à seulement six mois et ne sera ciblé que sur les plus modestes à l'avenir. Ce virage budgétaire n'a pas suffi à sauver Liz Truss. Alors qu'il apparaissait comme un candidat potentiel pour remplacer Liz Truss à l'issue du scrutin interne aux conservateurs qui décidera du nom du prochain Premier ministre, Jeremy Hunt ne sera pas candidat, selon plusieurs médias dont la BBC.. L'ancien ministre des Finances Rishi Sunak, déjà candidat à Downing Street face à Liz Truss, devrait aussi être sur les rangs. Ce sera la deuxième élection de ce type chez les Tories en moins de trois mois.