Royaume-Uni : Liz Truss forcée à un virage budgétaire pour espérer rester première ministre

Suite au fiasco du mini-budget présenté fin septembre, la première ministre britannique joue sa place à la tête du gouvernement. Pour rattraper la situation, elle a concédé un virage de sa politique économique, et nommé vendredi un nouveau ministre des finances, Jeremy Hunt. Malgré ces changements, certains membres de son parti prévoient déjà son départ.
Le siège de Premier ministre de Liz Truss semble déjà menacé, 40 jours après sa nomination.
Le siège de Premier ministre de Liz Truss semble déjà menacé, 40 jours après sa nomination. (Crédits : Reuters)

Liz Truss peut-elle encore sauver sa place à Downing Street ? En position de faiblesse depuis plusieurs semaines, suite aux retours catastrophiques de ses projets de budget, la première ministre britannique joue son va-tout. En réunion de crise ce dimanche avec le fraîchement nommé au poste de ministre des finances Jérémy Hunt, elle a discuté de la refonte de ce mini-budget, qui devra être présenté le 31 octobre. Avec pour objectif d'enfin rassurer les marchés en plein doutes sur la crédibilité budgétaire du pays.

Mais ce pourrait déjà être trop tard pour la première ministre nommée il y a à peine 40 jours. Liz Truss a entamé la confiance des électeurs et du parti conservateur, dont les élus font ouvertement part de leur mécontentement. Les potentiels successeurs au poste de premier ministre se pointent déjà à sa porte, n'attendant que son prochain faux pas.

Liz Truss reconnaît sa déroute budgétaire

Dans une tribune au Sun, Liz Truss commence par concéder l'échec de son mini-budget annoncé le 23 septembre : « Nous ne pouvons pas nous engager sur le chemin d'une économie en forte croissance et avec peu d'impôts sans maintenir la confiance des marchés dans notre engagement d'une monnaie saine ». Avec à la fois des dépenses massives et des baisses d'impôts importantes, son projet de financement flou avait fait trembler les marchés, avec pour conséquences la chute de la livre sterling à un bas historique et l'envol des taux d'emprunts britannique (et donc par répercussion l'augmentation du coût de la dette britannique).

Son ministre des finances Kwasi Kwarteng a payé les pots cassés de cet échec, et été limogé après à peine 38 jours en poste. C'est désormais au tour de Jeremy Hunt, nommé vendredi, de préparer un nouveau plan budgétaire convaincant... à présenter dans deux semaines. Ce dernier, proche de Rishi Sunak, l'ex-ministre des Finances de Boris Johnson et adversaire de Liz Truss ces derniers mois dans la campagne pour Downing Street, a défendu sur la BBC la nouvelle direction prise par le gouvernement. Il a réaffirmé qu'il devrait prendre des mesures « difficiles », avec des hausses d'impôts et des baisses de dépenses dans tous les ministères.

Le nouveau ministre des finances se voit comme un sauveur

Le nouveau plan budgétaire s'annonce comme un changement de cap total par rapport à la politique économique initialement portée par Liz Truss. Selon une source de l'entourage de Jeremy Hunt citée par le Sunday Telegraph, le nouveau ministre des Finances se voit désormais comme le Mario Draghi britannique, allusion au chef du gouvernement sortant italien appelé à la rescousse début 2021 pour gérer son pays en pleine pandémie.

Pour parvenir à atteindre ce statut, il compte déjà un allié de choix. Le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Bailey, s'est félicité samedi de la « convergence de vues immédiate et claire » entre la banque centrale et le nouveau chancelier de l'Echiquier sur « l'importance de la soutenabilité budgétaire et l'importance de prendre des décisions en ce sens ».

Même si le nouveau ministre affiche publiquement son soutien à Liz Truss, sa prise de position la place en position délicate. « Hunt prend le contrôle pendant que les comploteurs encerclent une Première ministre affaiblie », titre d'ailleurs The Times ce dimanche, rappelant que les conservateurs cherchent toujours un moyen de l'évincer du pouvoir.

Pluie de critiques sur Liz Truss

Les deux semaines à venir vont être longues pour la résidente de Downing Street, et certains doutent même qu'elle reste en poste jusque-là. Pour The Times, Liz Truss « a réduit en miettes la réputation de sérieux budgétaire du parti conservateur et a humilié le Royaume-Uni sur la scène internationale ». La confiance « ne sera pas restaurée tant qu'elle reste » à son poste, assène le quotidien. 

Son ancien adversaire Rishi Sunak agirait en coulisse auprès des parlementaires conservateurs pour prendre la barre, selon la presse, qui évoque aussi le ministre de la Défense Ben Wallace comme potentiel recours. Près d'une centaine de lettres de défiance émanant de parlementaires Tories ont désormais été soumises au parti, selon le Sunday Times et le Sunday Express.

« Le gouvernement a agi ces dernières semaines comme un groupe de djihadistes libertariens qui a traité le pays comme une sorte de laboratoire pour faire des expériences ultra-libérales », tacle de son côté le député conservateur Robert Halfon sur Sky News. Selon lui, les électeurs conservateurs ne sont pas seulement en colère mais « effrayés » par la situation.

« La Première ministre est au pouvoir », a rétorqué dimanche Jeremy Hunt, dans une tentative de calmer le jeu. « Elle a changé la manière dont nous allons (atteindre nos objectifs), mais elle n'a pas changé la direction, qui est de faire croître le pays », a-t-il insisté. La semaine qui vient sera cruciale pour Liz Truss, avec dès lundi la réaction des marchés aux derniers développements politiques du week-end.

Commentaire 1
à écrit le 16/10/2022 à 21:48
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Oh mince, elle ne croit plus au "ruissellement", elle ne croit plus au "faire les poches de la population pour donner aux riches " ?

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