Salaires des fonctionnaires, soutien du rouble, retraites...Vladimir Poutine présente sa contre-attaque face aux sanctions

Par latribune.fr  |   |  1011  mots
"L'économie russe va certainement s'adapter aux nouvelles réalités", a conclu Vladimir Poutine. (Crédits : SPUTNIK)
"Il n'est pas possible d'organiser un blitzkrieg économique contre la Russie", a assuré le chef du Kremlin dans une intervention devant ses ministres. Tandis que le rouble s'effondre, Vladimir Poutine est confiant dans sa stratégie tant militaire qu'économique. L'Etat russe entend soutenir le pays avec une avalanche d'aides publiques. En même temps, il promet de fluidifier le marché du travail et de "supprimer les barrières administratives".

« Derrière les propos hypocrites et les actions entreprises aujourd'hui par l'Occident soi-disant collectif se trouvent des objectifs géopolitiques hostiles. Ils ne veulent tout simplement pas d'une Russie forte et souveraine », a martelé mercredi Vladimir Poutine. Alors que des pourparlers ont lieu entre la Russie et l'Ukraine sur la négociation d'un statut de neutralité du pays, - condition pour un cessez-le-feu suite à l'invasion du pays -, le chef du Kremlin a fait plusieurs annonces pour rassurer sur la situation économique du pays. Le ton de son intervention, retransmise à la télévision russe, était d'ailleurs à l'image de "l'opération militaire" menée depuis 21 jours : tout « se déroule comme prévu », a affirmé Vladimir Poutine.

Tandis que la Russie est soumise à une armada de sanctions économiques suite à l'invasion de l'Ukraine, celui qui dirige la Russie depuis 1999, avec aujourd'hui un PIB équivalent à celui de l'Espagne (11ème au niveau mondial), reste confiant.

Même, les actions occidentales hostiles contre la Russie ne vont faire que la renforcer, a-t-il insisté. « L'Occident ne cherche même pas à cacher le fait que son objectif est de nuire à l'ensemble de l'économie russe, à chaque Russe », a affirmé le président russe dans cette intervention devant ses ministres.

"Oui, ce n'est pas simple pour nous en ce moment", mais "il n'est pas possible d'organiser un blitzkrieg économique contre la Russie", a-t-il assuré.

300 milliards de dollars gelés

Concrètement, depuis une vingtaine de jours, l'économie russe est soumise à une pression intense sur tous les pans de son économie. Pour commencer, de nombreuses enseignes de magasins occidentaux, dont les groupes français du luxe, ont baissé le rideau dans les villes russes, mettant au chômage technique des milliers d'employés russes. Surtout, la banque centrale russe a vu ses avoirs étrangers gelés.

Ce qui n'a pas manqué de faire réagir Vladimir Poutine. "Les réserves financières peuvent tout simplement être volées", a-t-il lancé, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars appartenant à la Russie, laissant craindre un défaut de paiement.

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Aussi, sept banques russes sont coupées du système de messagerie Swift provoquant un embargo sur l'import et l'export de biens vers la Russie. Mécaniquement, certains produits risquent de manquer, entraînant une hausse des prix de grande consommation. La Russie est ensuite isolée avec l'arrêt du trafic aérien d'un grand nombre de compagnies occidentales. Enfin les oligarques, proches de Vladimir Poutine, se voient saisir ou geler leurs actifs détenus en Europe.

En conséquence, le rouble a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l'intervention militaire. Le Kremlin fait tout pour soutenir sa devise nationale (remboursements en rouble, achat d'or, dettes libellées en rouble...). Le président russe a promis de "minimiser" ces effets et l'inflation qui s'annonce déjà en très forte hausse.

Réduire la pauvreté en plein conflit

Dès lors, lors de cette réunion gouvernementale diffusée à la télévision, il a promis d'augmenter "le minimum vital, les salaires de fonctionnaires", les retraites et de supprimer des entraves administratives pour les affaires.

Aussi, le président russe a promis une série d'aides financières aux particuliers et aux entreprises pour faire face à l'avalanche de sanctions, assurant surmonter le "blitzkrieg" économique occidental contre la Russie.

"Notre économie, le budget de l'État, les entreprises privées ont toutes les ressources nécessaires pour résoudre les tâches à long terme", a-t-il affirmé, estimant que "même dans la situation actuelle, nous devons parvenir à une réduction de la pauvreté et des inégalités".

Un marché russe libre

En même temps, il a assuré que les entreprises privées - dans une économie pourtant dominée par l'Etat - devront exercer "un rôle clé pour surmonter les problèmes actuels". Pour cela, il a promis "une liberté entrepreneuriale maximale", demandant à son gouvernement de "supprimer les barrières administratives".

"Nous comprenons l'ampleur de la transformation que notre économie devra subir pour devenir encore plus forte. Le principe de base de la réponse économique restera la liberté maximale de l'activité économique à l'intérieur du pays, en réduisant au minimum la réglementation et le contrôle, et, bien sûr, en soutenant le marché du travail."

Il a aussi assuré que les régions et les entreprises bénéficieraient de lignes de crédit supplémentaires, et que les commandes d'Etat seraient accrues.

En ce sens, il a promis aussi une aide au secteur agricole, fondamental pour le pays. Plus tôt mercredi, une aide de 26 milliards de roubles (218 millions d'euros au taux actuel) à ce secteur avait été annoncée.

Le combat contre la domination mondiale de l'Occident

Pour le chef du Kremlin, l'Occident va échouer dans ce qu'il a qualifié de tentative de domination mondiale et de démembrement de la Russie.

Il a qualifié la situation actuelle d'"épreuve" qui doit "mobiliser" les Russes, et dont il assure qu'elle sera surmontée. "Avec dignité, un travail acharné, un travail en commun et un soutien, nous surmonterons toutes les difficultés", a-t-il dit.

"L'économie russe va certainement s'adapter aux nouvelles réalités", a conclu Vladimir Poutine.

Avec ses réserves d'hydrocarbures, la Russie dispose en tout cas d'une ressource pérenne. Elle profite d'ailleurs de la flambée des prix du gaz et du pétrole qu'elle vend Europe mais aussi sur d'autres continents, tel l'Inde.

Dans le même temps, les liens économiques avec la Chine, à l'image des cartes bancaires russe MIR, en partenariat avec la solution de paiement chinoise Union Pay, s'intensifient. En se rapprochant du yuan chinois, Moscou fait cause commune avec Pékin contre une domination du dollar dans l'économie mondiale.

(Avec agences)

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