Si, si le PDG d'ExxonMobil sera bien le prochain chef de la diplomatie américaine

Par latribune.fr  |   |  1025  mots
En 2012, Rex Tillerson a reçu des mains de Vladimir Poutine la décoration de l'ordre de l'Amitié
Le PDG du géant pétrolier ExxonMobil Rex Tillerson, qui entretient d'étroites relations d'affaires avec le président russe Vladimir Poutine, a été choisi pour le poste de chef de la diplomatie américaine.

Article publié le 11 décembre, mis à jour le 13 décembre à 12h15

Le PDG depuis 2004 du géant pétrolier ExxonMobil Rex Tillerson, qui entretient d'étroites relations d'affaires avec le président russe Vladimir Poutine, va occuper le poste de chef de la diplomatie américaine, comme le laissaient entendre plusieurs médias américains ce week-end. Sa nomination a été confirmée ce mardi, mais reste encore soumise à l'approbation du Congrès.

Selon NBC, le président élu Donald Trump devrait lui adjoindre John Bolton, ancien ambassadeur américain à l'ONU sous la présidence de George W. Bush, citant deux sources proches de l'équipe de transition. Mais ces deux sources ont aussi indiqué que rien ne sera arrêté jusqu'à l'annonce officielle de la nomination.

L'équipe de Donald Trump avait annoncé vendredi que l'ex-maire de New York Rudy Giuliani, 72 ans, avait retiré volontairement sa candidature, ouvrant grand la voie à ses rivaux, parmi lesquels figurait aussi Mitt Romney, ancien candidat républicain à la Maison Blanche en 2012.

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Rex Tillerson, un ami de Poutine

ExxonMobil a des activités pétrolières et gazières dans plus de 50 pays et a conclu notamment une dizaine de partenariats avec Rosneft, la principale compagnie pétrolière russe, détenue par l'Etat, depuis 2011. En 2012, Rex Tillerson a reçu des mains de Vladimir Poutine la décoration de l'ordre de l'Amitié. Les contrats conclus avec la Russie par ExxonMobil pourraient potentiellement générer 500 milliards de dollars, selon des médias américains.

Le choix de Rex Tillerson va dans le sens de la volonté affichée par Donald Trump d'améliorer les relations entre les Etats-Unis et la Russie. Nombre de républicains, comme le sénateur John McCain, ont mis en garde Donald Trump contre les intentions de Moscou qui, selon eux, s'efforce d'étendre son influence au détriment des intérêts américains notamment en Ukraine et en Syrie.

Les démocrates du comité des Affaires étrangères du Sénat ont critiqué samedi l'attitude de Trump, qui a "rejeté cavalièrement" les informations obtenues par les services du renseignement quant à des interférences russes dans la campagne présidentielle. Ils ont également dénoncé la nomination de Tillerson, qui a "des relations d'affaire avec la Russie et Vladimir Poutine, et dont la société a oeuvré pour enterrer et nier les sciences du climat depuis des années".

L'ombre de la Russie

Donald Trump a jugé "ridicules" dimanche les informations selon lesquelles la Russie se serait ingérée dans l'élection présidentielle américaine dans le but de l'aider à accéder à la Maison blanche. "Je pense que c'est ridicule. Je pense que c'est encore une excuse. Je n'y crois pas du tout", a-t-il expliqué dans une interview accordée samedi à l'émission de télévision Fox News Sunday et diffusée dimanche. Il a accusé les démocrates d'alimenter la presse avec tout cela. En octobre, le gouvernement américain avait formellement accusé la Russie de mener une campagne de piratage informatique contre le Parti démocrate à l'approche de l'élection.

Citant des responsables américains au fait de l'affaire, le Washington Post a écrit vendredi que les agences du renseignement avaient identifié des individus liés au gouvernement russe responsables du piratage de milliers de courriels du Comité national démocrate et du président de campagne d'Hillary Clinton, John Podesta. Ces courriels auraient ensuite été envoyés à l'organisation WikiLeaks, qui les a publiés pendant la campagne. Les pirates informatiques russes sont décrits comme des personnes connues des services de renseignement et membres d'une large opération destinée à réduire les chances d'élection de Hillary Clinton et favoriser Donald Trump le 8 novembre.

"L'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à l'autre, afin de faire élire Trump", rapporte un responsable américain cité par le Washington Post.

Barack Obama a demandé aux agences américaines du renseignement d'ouvrir une enquête sur le piratage informatique et sur l'intervention de puissances étrangères dans la campagne, a-t-on appris vendredi. Un rapport doit lui être remis avant son départ de la Maison blanche le 20 janvier. Les agences de renseignement américaines n'ont pas établi l'implication de Moscou dans les piratages ni le transfert des courriels à WikiLeaks. Les acteurs étaient éloignés d'"un cran" du gouvernement russe et n'étaient pas des fonctionnaires, rapporte le principal responsable cité par le Washington Post.

ExxonMobil dans le collimateur de la justice américaine

Les pratiques comptables d'ExxonMobil sont dans le collimateur de la justice new-yorkaise dans le cadre d'une enquête globale sur le financement supposé d'études climato-sceptiques. Le Procureur général de l'Etat de New York, Eric Schneiderman, s'étonne que la major pétrolière n'ait pas encore procédé à une dépréciation des actifs pétroliers depuis deux ans malgré la chute des prix du pétrole.

En outre, le gendarme de la Bourse américain, la SEC, a des doutes sur les pratiques comptables d'ExxonMobil. Selon le Wall Street Journal, elle a demandé en août des documents confidentiels à l'entreprise et à la société chargé de l'auditer, le cabinet PwC. La SEC s'intéresse tout particulièrement à la manière dont le groupe valorise ses gisements pétroliers, dans un contexte de baisse des prix du baril et d'intensification de la lutte contre le réchauffement climatique. ExxonMobil s'est borné à indiquer qu'il avait "répondu intégralement aux demandes d'information de la SEC" et était "confiant dans le fait que nos résultats financiers satisfont à toutes les exigences légales et comptables".

Enfin, Exxon Mobil, condamné début octobre 2016 par le tribunal de grande instance de N'Djamena à verser une somme de près de 44 700 milliards de Fcfa (73,44 milliards de dollars américains) à l'Etat tchadien, cherche désormais des arrangements. Le géant pétrolier américain vient d'engager des discussions avec le gouvernement tchadien afin que la justice revoie à la baisse le montant de l'amende.