Trump, Macron et May ont frappé la Syrie cette nuit

Par latribune.fr  |   |  913  mots
Macron présidant cette nuit une réunion à l'Elysée en chef de guerre avec ses conseillers Florence Parly, la ministre de la Défense. (Crédits : Elysée)
Des frappes aériennes ont été menées ce samedi sur la Syrie sur ordre conjoint des Etats-Unis et de ses alliés, la France et le Royaume-Uni. Merkel soutient, Poutine condamne. Une réunion du Conseil de sécurité a lieu à 17h ce samedi.

[Article mis à jour à 15h25]

Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne ont mené samedi avant l'aube des frappes coordonnées en Syrie en représailles à l'attaque chimique menée le week-end dernier à Douma, dans la Ghouta orientale, imputée au régime du président syrien Bachar al-Assad. "Une opération combinée est désormais en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux", a annoncé dans la nuit le président américain Donald Trump, vers 3 heures du matin de Paris. Plus de 100 missiles ont été tirés au cours de l'opération selon les officiels américains.

"Une attaque parfaitement menée à bien la nuit dernière. Merci à la France et au Royaume-Uni pour leur sagesse et la puissance de leurs belles armées. N'aurait pas pu avoir un meilleur résultat. Mission accomplie", a écrit le président américain sur Twitter.

L'opération militaire française menée dans la nuit de vendredi à samedi en Syrie a notamment impliqué cinq frégates, cinq Rafale et quatre Mirage 2000. Douze missiles de croisière ont été tirés par l'armée française contre deux sites participant à l'arsenal chimique du régime syrien, un site de stockage et un site de production, situés dans la région de Homs. Le raid aérien est parti de France.

C'est la première fois que le président Emmanuel Macron ordonne une opération militaire d'envergure en décidant de mener ces frappes avec Washington et Londres.

"Nous ne pouvons pas tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a annoncé le chef de l'Etat, peu après l'annonce que de fortes explosions avaient été entendues samedi avant l'aube dans la capitale syrienne Damas survolée par des avions.

Ligne rouge franchie

L'Elysée a diffusé sur Twitter des photos mettant en scène Emmanuel Macron en chef de guerre, présidant cette nuit une réunion avec ses conseillers et Florence Parly, la ministre de la Défense. La ministre a diffusé une vidéo montrant des Rafale décoller dans la nuit pour aller mener les frappes.

"La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie. J'ai donc ordonné aux forces armées françaises d'intervenir cette nuit, dans le cadre d'une opération internationale menée en coalition avec les Etats-Unis d'Amérique et le Royaume-Uni et dirigée contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien", a déclaré le président dans un communiqué diffusé dans la nuit.

Le chef de l'Etat annonce que, conformément à la Constitution, "le Parlement sera informé et un débat parlementaire sera organisé, suite à cette décision d'intervention de nos forces armées à l'étranger".

Le secrétaire britannique à la Défense, Gavin Williamson, a annoncé que la Première ministre Theresa May informerait le Parlement britannique lundi. "Theresa May aurait dû demander l'approbation du Parlement et non être à la traîne de Donald Trump" a critiqué ce samedi matin Jeremy Corbyn, le chef de l'opposition travailliste.

Poutine condamne, Merkel soutient

Les médias d'Etat syriens ont dénoncé une "agression" et une "violation flagrante du droit international".

La chancelière allemande Angela Merkel a exprimé son soutien pour ce qu'elle a considéré comme une mesure "nécessaire et appropriée".

"Nous soutenons le fait que nos alliés américains, britanniques et français ont pris la responsabilité de cette manière en tant que membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies", a déclaré Angela Merkel.

De son côté, le président russe Vladimir Poutine a condamné les frappes coordonnées occidentales en Syrie. Il a appelé à une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. La réunion se tiendra dès ce samedi à 17 heures.

La ministre de la Défense, Florence Parly, a indiqué que les Russes "avaient été prévenus en amont" pour éviter tout risque d'escalade militaire.

Les autorités françaises ont rendu publique ce samedi matin une synthèse de "l'évaluation nationale de l'attaque chimique du 7 avril 2018 (Douma, Ghouta orientale, Syrie)". Ce rapport conclut :

"en raison des renseignements recueillis par nos Services, et en l'absence à ce stade d'échantillons chimiques analysés par ses laboratoires, la France estime donc que, sans doute possible, une attaque chimique a été conduite contre des civils à Douma le 7 avril 2018, et qu'il n'existe pas d'autre scénario plausible que celui d'une action des forces armées syriennes dans le cadre d'une offensive globale dans l'enclave de la Ghouta orientale.

Les forces armées et de sécurité syriennes sont également estimées responsables des autres actions intervenues dans la région dans le cadre de cette même offensive en 2017 et 2018. La Russie a indéniablement apporté un soutien militaire actif aux opérations de reconquête de la Ghouta orientale. Elle a par ailleurs constamment apporté une couverture politique au régime syrien sur l'emploi de l'arme chimique [...]."