Turquie : Erdogan en tête des élections

Par latribune.fr  |   |  480  mots
Bulent Tezcan, porte-parole du CHP, a reproché à la presse publique de manipuler l'annonce des résultats pour démoraliser les opposants d'Erdogan et encourager les observateurs à cesser de veiller au bon déroulement du dépouillement. (Crédits : Alkis Konstantinidis)
Après dépouillement d'environ 70% des bulletins, le chef de l'Etat sortant dispose de 55,08% des voix à l'élection présidentielle, selon les chaînes de télévision turques. Du côté des législatives, l'AKP dispose de 46,01% des voix après dépouillement de la moitié des bulletins. Mais partis d'opposition et ONG doutent de l'équité des élections.

Recep Tayyip Erdogan et son Parti de la Justice et du Développement (AKP) sont largement en tête des élections présidentielle et législatives de ce dimanche en Turquie, d'après les premiers résultats. Après dépouillement d'environ 70% des bulletins, le chef de l'Etat sortant dispose de 55,08% des voix alors que le principal candidat de l'opposition, Muharrem Ince, du Parti républicain du peuple (CHP), est crédité de 29,4%, rapportent les chaînes de télévision turques. Si aucun candidat ne dépasse 50%, un second tour sera organisé le 8 juillet. La réforme constitutionnelle adoptée l'an dernier dans le cadre d'un référendum très serré va doter le vainqueur de pouvoirs élargis.

Du côté des législatives, l'AKP dispose de 46,01% des voix après dépouillement de la moitié des bulletins. Le CHP est crédité de 20,3% et le Parti démocratique des peuples (HDP), formation pro-kurde, obtient 9,41%, soit un peu plus d'un demi-point sous le seuil de représentation. La participation s'élève à 87% pour les deux élections, selon la télévision publique.

Un demi million d'observateurs contre le risque de fraudes

Bulent Tezcan, porte-parole du CHP, a néanmoins reproché à la presse publique de manipuler l'annonce des résultats pour démoraliser les opposants d'Erdogan et encourager les observateurs à cesser de veiller au bon déroulement du dépouillement. D'après les estimations de son parti, a-t-il poursuivi, le score du président sortant est inférieur à 50%.

Partis d'opposition et ONG ont déployé un demi-million d'observateurs. La réforme du code électoral et les allégations de fraude lors du référendum de 2017 ont, selon eux, semé le doute quant à l'équité des élections de ce dimanche. Le chef de file du CHP, Kemal Kilicdaroglu, a notamment déclaré dimanche après avoir voté à Ankara que son parti avait reçu des plaintes au sujet d'irrégularités dans le sud-est de la Turquie.

"Une révolution démocratique"

Mais Erdogan a assuré qu'aucune violation grave n'était à déplorer. "La Turquie effectue une révolution démocratique", a-t-il déclaré dans son bureau de vote à Istanbul, où ses partisans ont scandé son nom.

"Avec le système présidentiel, la Turquie met la barre beaucoup plus haut, elle s'élève au-dessus du niveau des civilisations contemporaines."

Les sondages réalisés avant le scrutin annonçaient sa réélection au second tour et indiquaient que l'AKP pouvait perdre la majorité absolue au parlement. Si le HDP dépasse le seuil des 10% nécessaire pour disposer d'élus au parlement, il sera d'autant plus difficile à l'AKP d'être majoritaire. En convoquant des élections anticipées plus d'un an avant l'échéance normale, Recep Tayyip Erdogan a paru dans un premier temps déstabiliser ses adversaires, mais la candidature de Muharrem Ince a relancé l'opposition.