Ukraine : le président Zelensky refuse les négociations avec Poutine au Bélarus, les soldats russes entrent dans Kharkiv

Par latribune.fr  |   |  1161  mots
L'armée russe est entrée dimanche matin à Kharkiv, la deuxième ville de l'Ukraine, mais fait face à une résistance ukrainienne. (Crédits : VYACHESLAV MADIYEVSKYY)
Alors que l'offensive russe se poursuit en Ukraine, et notamment dans la deuxième ville du pays Kharkiv, le président ukrainien a rejeté dimanche la proposition de Moscou de pourparlers à Gomel au Bélarus. Volodymyr Zelensky n'exclut pas la tenue de négociations, mais celles-ci ne peuvent se tenir dans un pays qui "sert de base arrière à l'invasion de l'Ukraine", a-t-il expliqué. La résistance ukrainienne s'organise sur les différents fronts, alors que les Occidentaux accélèrent la livraison de matériel militaire et que le Kremlin a été exclu du système interbancaire Swift samedi soir.

Quatre jours après le déclenchement de l'invasion russe en Ukraine, les combats continuent, notamment dans la deuxième ville du pays. Des affrontements de rue entre forces ukrainiennes et armée russe sont en cours dimanche matin à Kharkiv (nord-est). Les autorités ont rapporté une "percée" des troupes de Moscou, a constaté un journaliste de l'AFP. Le président ukrainien accuse les Russes de tirer sur des habitations, comme expliqué dans une vidéo publiée par Volodymyr Zelensky a publié dimanche sur Facebook.

La bataille pour le contrôle de la capitale se poursuit également. Les forces russes "poursuivent leur offensive pour verrouiller Kiev" après avoir "terminé leur regroupement" sur le front nord, a de son côté affirmé l'armée ukrainienne samedi soir.

De nombreuses sirènes d'alarme ont retenti samedi soir dans la capitale ukrainienne, alors que l'armée russe a reçu samedi l'ordre d'élargir son offensive sur l'Ukraine, "dans toutes les directions". "La situation à Kiev est calme et totalement sous le contrôle de l'armée ukrainienne et la défense territoriale", a déclaré ce dimanche matin le bureau du maire. "Durant la nuit, plusieurs affrontements avec des groupes subversifs ont eu lieu".

Un conflit qui pourrait durer "plusieurs années"

Les forces russes ont pénétré en profondeur depuis le Nord, l'Est et le Sud, mais se heurtent à la résistance de l'armée ukrainienne et n'ont pour l'instant pris le contrôle total d'aucune ville ukrainienne, selon plusieurs sources occidentales. La Russie a engagé en Ukraine "plus de 50%" de la force qu'elle avait massée aux frontières du pays et apparaît "de plus en plus frustrée" par la ferme résistance de l'armée ukrainienne, a affirmé un haut responsable du Pentagone. Le gouvernement ukrainien a fait état de 198 civils tués, dont trois enfants, et plus d'un millier de blessés depuis le début de cette invasion. Des dizaines de militaires ont également perdu la vie.

Le conflit en Ukraine pourrait durer "plusieurs années" en raison des "forces importantes" de la Russie, a estimé dimanche la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.
           
Alors que les Occidentaux accentuent encore la pression sur Moscou, le président ukrainien a rejeté dimanche la proposition russe de pourparlers à Gomel au Bélarus.

La Russie propose des négociations, Kiev refuse

Une délégation de représentants des "ministères des Affaires étrangères, de la Défense et d'autres services, notamment de l'administration présidentielle est arrivée au Bélarus pour des négociations avec les Ukrainiens", selon le porte-parole de la présidence russe, cité par les agences nationales.

Mais pour la présidence ukrainienne, le Bélarus sert de base arrière à l'invasion de l'Ukraine, affirmant que "n'importe quelle autre ville" hors du Bélarus conviendrait.

"Varsovie, Bratislava, Budapest, Istanbul, Bakou. Nous les avons toutes proposées. Et n'importe quelle autre ville nous conviendrait du moment qu'on ne nous tire pas des roquettes dessus depuis son territoire ", a affirmé Volodymyr Zelensky dans une vidéo en ligne. S'adressant aux Bélarusses dans cette allocution, il fait remarquer que "si de votre territoire il n'y avait pas d'actions offensives, on aurait pu parler à Minsk".

Vendredi déjà, la Russie avait dit vouloir négocier avec les Ukrainiens mais uniquement au Bélarus, bien que l'invasion du nord de l'Ukraine et l'offensive sur Kiev soit partie de ce pays. Au moment où ses services évoquaient des pourparlers vendredi, le président Vladimir Poutine avait appelé l'armée ukrainienne à faire un coup d'État et traité les autorités du pays de "clique de drogués et néonazis".

Livraisons d'armes aux Ukrainiens

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué également dimanche la formation d'une "coalition" internationale de pays fournissant une aide à l'Ukraine, au quatrième jour de l'invasion de son pays par la Russie.

"Nous recevons des armes, des médicaments, de la nourriture, du carburant, de l'argent. Une coalition internationale forte s'est formée pour soutenir l'Ukraine, une coalition anti-guerre", a dit M. Zelensky dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Il a salué la livraison de nouvelles armes par l'Allemagne et la Belgique. L'Allemagne a brisé un tabou en acceptant de livrer des armes à l'Ukraine en guerre, rompant ainsi sa politique d'interdiction de toute exportation d'armes létales en zone de conflit. Berlin a autorisé la livraison à Kiev de 1.000 lance-roquettes antichar, de 500 missiles sol-air Stinger et de 9 obusiers, a annoncé le gouvernement. L'Allemagne a également annoncé l'envoi à l'Ukraine de 14 véhicules blindés ainsi que de 10.000 tonnes de carburant. "D'autres mesures de soutien sont actuellement à l'étude", a souligné une source gouvernementale.

Samedi soir la France a annoncé à son tour avoir pris la décision de livrer davantage d'équipements militaires de défense à l'Ukraine. Au cours d'un conseil de défense réuni à l'Elysée autour du président Emmanuel Macron, "il a été décidé la livraison additionnelle d'équipements de défense aux autorités ukrainiennes ainsi qu'un soutien en carburant", a indiqué la présidence.

Le président ukrainien a aussi salué l'accord européen sur l'exclusion des banques russes de la plateforme Swift, rouage essentiel de la finance mondiale.

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Les pays occidentaux ont adopté de nouvelles sanctions samedi contre Moscou après l'invasion de l'Ukraine, en décidant notamment d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, a annoncé le gouvernement allemand. Bruxelles va proposer aux pays de l'UE de "paralyser les actifs de la Banque centrale russe" afin d'empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine, a annoncé samedi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Renforcement des sanctions occidentales

Cette action "empêchera les banques d'effectuer la plupart de leurs transactions financières mondiales, et par conséquent, les exportations et importations russes seront bloquées", a souligné la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Les nouvelles sanctions visent aussi les oligarques russes et à leurs familles pour les empêcher d'obtenir la nationalité de pays occidentaux. Ces mesures ont été prises par les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Italie et la Commission européenne.

M. Zelensky a tout particulièrement remercié le président polonais Andrzej Duda pour ses efforts en vue d'une intégration de l'Ukraine à l'UE. Dénonçant les "actions criminelles" de la Russie contre l'Ukraine, le président polonais a estimé que celles-ci avaient "les caractéristiques d'un génocide" et a exhorté la communauté internationale à priver Moscou de son droit de vote au Conseil de sécurité de l'ONU.

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(avec AFP)