Sondage européennes : pour la Macronie, le risque d’une déculottée

Par Jules Pecnard  |   |  560  mots
Jordan Bardella (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
Dans notre nouvelle étude Elabe pour « La Tribune Dimanche » et BFMTV, la liste de la majorité présidentielle accuse 11 points de retard sur celle de Jordan Bardella.

Serait-ce moins catastrophique si les macronistes avaient une tête de liste ? Dans la nouvelle enquête réalisée par Elabe pour La Tribune Dimanche en vue du scrutin européen du 9 juin, la majorité présidentielle est créditée de 16,5 % des suffrages exprimés. Elle accuse désormais 11 points de retard sur la liste du Rassemblement national, conduite par Jordan Bardella, qui est donnée à 27,5 %. Il y a un mois, la Macronie était à 18 %. Malgré le remplacement d'Élisabeth Borne par Gabriel Attal et le virage à droite pris par l'appareil gouvernemental, le camp d'Emmanuel Macron poursuit sa dégringolade et voit apparaître l'ombre d'une déculottée électorale.

Lire aussiÉlections européennes : les stratégies complexes des partis italiens

« On voit un effritement de plus en plus net du socle macroniste, constate Bernard Sananes, président de l'institut Elabe. À date, la liste de la majorité ne recueille que 57 % d'intentions de vote chez les électeurs qui ont glissé un bulletin Macron en 2022. » Ce défaut de fidélisation touche l'un des principaux segments sur lesquels s'appuie le chef de l'État, à savoir les retraités. En janvier, 23 % des sondés âgés de plus de 65 ans accordaient leur soutien à la liste Renaissance, contre 19 % pour le RN. Un mois plus tard, le rapport s'est inversé : 25 % disent vouloir voter macroniste, 26 % lorgnent le frontisme. Les cadres supérieurs sont la seule catégorie où le camp présidentiel dispose d'une nette avance (24 %) sur ses concurrents.

Au Rassemblement national, malgré la perte de 1 point par rapport à janvier, la fidélité du socle joue à plein : dans ce sondage, 85 % des électeurs de Marine Le Pen disent vouloir voter pour la liste Bardella. Le RN récupérerait, au passage, près de la moitié (48 %) des Français qui ont soutenu Éric Zemmour à la dernière élection présidentielle. D'où la volonté de Reconquête -bloqué à 5%- de viser en premier lieu Les Républicains, dont le candidat François-Xavier Bellamy est donné à 8 %. À cette aune, droite et extrême droite vont surveiller de près le choix que fera Nicolas Dupont-Aignan, dont les 3 % - si le député souverainiste jetait l'éponge faute d'argent suffisant pour financer sa campagne - représenteraient un apport décisif dans ce match de Ligue 2.

Les Insoumis et Les Écologistes en hausse

À gauche, les rapports de force n'évoluent qu'à la marge. La liste La France insoumise conduite par Manon Aubry monte à 9 %, celle des écologistes à 9,5 %, quand la candidature de Raphaël Glucksmann, soutenue par les socialistes, se tasse légèrement pour s'établir à 9 %. « Sur les questions européennes et les traités perçus comme trop libéraux, la gauche se mobilise, mais il y a une grande fluidité au sein de son électorat, commente Bernard Sananes. Si on additionne les quatre principales listes de gauche, on arrive à 30 %, ce qui est à peu près le niveau des européennes de 2019. » Le président de l'institut Elabe rappelle par ailleurs que les Français sont encore loin de se projeter dans le scrutin du 9 juin : parmi les sondés, seuls 47 % se disent « intéressés » par cette perspective.