Les vacances parlementaires ont bon dos. Pendant deux semaines, Éric Ciotti a pu laisser mariner les ténors de son parti sans avoir à se justifier. La pause achevée, il présidera ce mardi, à partir de 8 h 30 et avec la députée Michèle Tabarot, la commission d'investiture des Républicains.
Le chef de la droite va donner son imprimatur aux candidats qui occuperont les premières places de la liste conduite par François-Xavier Bellamy aux européennes. Les poids lourds de LR n'essaient plus de deviner ce que le Niçois va sortir de son chapeau. Désormais, ils se sont habitués à la méthode ciottiste, mélange de cloisonnement et de méfiance.
L'élu des Alpes-Maritimes n'est pas le premier dirigeant politique à compartimenter. « Laurent Wauquiez faisait pareil en 2019 », rappelle un gradé de la campagne qui a vu LR récolter 8,48 % des suffrages et vivre une crise interne menant à la démission de son chef. Les circonstances ont changé, néanmoins. La droite héritière de l'UMP part avec des sondages bien plus inquiétants qu'il y a cinq ans, ce qui abaisse mécaniquement le nombre d'élus possibles au Parlement européen.
À date, le parti vise environ sept ou huit sièges, même si la donne peut évoluer à la marge d'ici au scrutin du 9 juin. Après François-Xavier Bellamy, l'agricultrice Céline Imart et le général Christophe Gomart, il n'y a qu'une poignée de places pour une kyrielle de candidats. C'est le chemin de croix d'un vieux parti, surchargé de barons tout en ayant de moins en moins de mandats à offrir.
Le retour des vétérans sarkozystes
Dans l'obscurité, chacun se mobilise à sa façon. Les vétérans sarkozystes se montrent. Début avril, Nadine Morano s'affichait avec la tête de liste à Menton, lors d'un déplacement sur le thème de l'immigration. Brice Hortefeux a accordé un entretien au Parisien pour exhorter la direction du parti à « veiller à l'équilibre entre renouvellement et expérience ». Le leader des Jeunes Républicains, Guilhem Carayon, se rend disponible auprès des médias.
A contrario, Geoffroy Didier joue les soldats discrets, se concentrant sur l'organisation des « états généraux de la droite » et de leur cortège de tables rondes. Éviter les plateaux permet aussi d'éviter les chausse-trapes.
« Veiller à l'équilibre entre renouvellement et expérience »
Guilhem Carayon - Leader des Jeunes Républicains
Il y a les électrons libres, aussi, comme le souverainiste Julien Aubert, allié de Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR. Problème : Éric Ciotti en veut toujours au premier, ex-député du Vaucluse, d'avoir soutenu le second - avec qui les relations sont en dents de scie - dans la course à la tête du mouvement. Guillaume Larrivé, lui aussi député battu en 2022, espère être rétribué pour sa loyauté envers le Sudiste. Certains, en interne, ne se privent pas de rappeler ses « offres de service à la Macronie » en 2020. D'autres s'agacent d'entendre circuler le nom de Patrick Dray, éminence grise de Gérard Larcher au Sénat.
Tous constatent, du reste, l'absence de très proches d'Éric Ciotti parmi les profils qui tournent. « C'est comme pour sa désignation tardive et par défaut de Bellamy, décrypte un stratège. Il veut pouvoir s'éloigner d'un crash potentiel de la liste. » Et, ainsi, ne pas être contraint de quitter le navire comme Laurent Wauquiez en 2019.