Fiscal Kombat : quand Mélenchon confisque (virtuellement) de l'argent à Gattaz

Par Jean-Christophe Catalon  |   |  662  mots
Ce jeu est une sorte de métaphore virtuelle pour mettre en avant les propositions de sa réforme fiscale.
L'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon sort ce vendredi un jeu vidéo où le candidat-héros confisque de l'argent aux plus aisés. Au-delà de la métaphore de son programme sur la fiscalité, ce nouvel outil de communication montre son intérêt pour les jeux vidéos.

Après s'être transformé en hologramme, Jean-Luc Mélenchon 2.0(17) pousse le virtuel à un nouveau stade en devenant un héros de jeu vidéo. Ses soutiens de la France insoumise ont réalisé Fiscal Kombat - un nom inspiré du jeu d'arcade des années 1990 "Mortal Kombat" -, un jeu sur navigateur web dont le lancement est prévu ce vendredi.

Le principe ? Le candidat de la France insoumise l'a détaillé dans sa vingt-troisième "Revue de la semaine" sur sa chaîne Youtube :

"Le héros du jeu, et bien c'est moi. On affronte des oligarques, c'est une bataille, on les capture, on les secoue et ça fait tomber des euros. Et les euros on peut les mettre dans un pot commun."

Ces "oligarques", ce sont "Monsieur Gattaz, Madame Bettencourt... que des gens riches" en somme, précise Jean-Luc Mélenchon. Finalement, ce jeu est une sorte de métaphore virtuelle de sa réforme de la fiscalité, dont la lutte contre l'évasion fiscale et le taux marginal d'imposition de 90% sur les revenus supérieurs à 400.000 euros annuels sont les deux propositions phares. "Franchement, essayez, vous allez bien vous marrer", promet le candidat.

Le jeu vidéo, "une forme d'art"

L'intérêt de Jean-Luc Mélenchon pour les jeux vidéo n'est pas nouveau.

"C'est une forme d'art, d'expression artistique, comme l'a été la bande dessinée, autrefois méprisée aujourd'hui devenue un art. Donc on a le droit et le devoir de s'y intéresser et de s'intéresser au contenu", avait-il déclaré sur France info en 2014.

A l'époque, le tribun s'était insurgé contre le jeu d'aventure Assassin's Creed Unity d'Ubisoft, où l'action se passe à l'époque de la Révolution française. Pour lui, le jeu mettait en avant une "propagande contre le peuple", en le décrivant comme un ensemble de "sauvages sanguinaires", Robespierre avec, contrairement au roi et aux nobles "présentés comme de braves petites personnes".

>>> Et pour y jouer, c'est par ici

"L'émission pourritique"

De là à se servir du jeu vidéo comme un outil de communication politique, il fallait franchir le pas. Jean-Luc Mélenchon avait déjà évoqué son ambition lors d'une visite début février à l'ENJMIN, l'école nationale du jeu et des médias intéractifs et numériques. "Ceux qui veulent nous aider sont les bienvenus", avait-il d'ailleurs lâché aux étudiants.

Cette visite les a visiblement marqués puisque le jeu "l'émission pourritique", une parodie de l'émission de France 2, a été développée par plusieurs d'entre eux le mois dernier. L'objectif est de frapper Jean-Luc Mélenchon avec un micro pour l'empêcher de développer son programme et de convaincre les électeurs. En cas de victoire du candidat (donc de défaite du joueur), des messages teintés d'humour comme "Catastrophe ! Les cocos nous envahissent!", apparaissent à l'écran.

Des éléments du monde du jeu vidéo détournés

Dans Fiscal Kombat, l'équipe du candidat s'est approprié la culture geek pour la mettre à la sauce "insoumise". Les premiers visuels publiés avant la sortie du produit montre toute une série de jeux de mots : le "Playstation" transformé en "Phistation" de même pour "Nintendo" en "Phitendo", rappelant la lettre de l'alphabet grec utilisée comme symbole dans sa campagne. Enfin, des graphismes de consoles des années 1990 aux plateformes de combats en version "arcade", les codes vintage de la culture du jeu vidéo sont réutilisés à des fins politiques.

Parmi les 11 candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron est lui aussi le héros d'un jeu vidéo interactif : "En marche vers l'Elysée", où le joueur a le contrôle du téléphone portable d'Emmanuel Macron et doit échanger avec des personnalités politiques.