Journal de campagne : Valls prêt à défier Hollande, les communistes derrière Mélenchon

Par Sylvain Rolland  |   |  746  mots
Manuel Valls, ancien directeur de la campagne de François Hollande en 2012, estime que seule sa candidature pourra empêcher la "mécanique de la défaite".
A Madagascar, François Hollande a envoyé un message d'unité à la gauche. Mais Manuel Valls envisage de se présenter face au chef de l'Etat, les communistes se sont rangés derrière Jean-Luc Mélenchon et le Parti Radical de Gauche a décidé de présenter directement sa candidate, Sylvia Pinel, à l'élection présidentielle, sans passer par la primaire.

La primaire de la droite et du centre, dont le deuxième tour s'est tenu tient ce dimanche, n'encourage visiblement pas la gauche à se rassembler. Au contraire, les ambitions individuelles s'affirment et les alliés du PS (communistes, radicaux de gauche) prennent leurs distances. Plus isolé que jamais dans son camp, François Hollande a vécu un week-end cauchemardesque. Depuis Madagascar, où il participe au 16e sommet de la Francophonie, le chef de l'Etat a appelé ce dimanche matin les Français -et surtout, en filigrane, son camp- à "se rassembler", "peu importe les circonstances".

Valls prêt à défier Hollande à la primaire

Mais François Hollande ressemble plutôt à un pompier qui tenterait d'éteindre un incendie avec un verre d'eau. Désormais, c'est chacun pour soi à gauche. Dans un entretien publié ce dimanche au JDD, Manuel Valls s'est dit "prêt" à défier le chef de l'Etat dans le cadre de la primaire de la gauche, qui se tiendra les 22 et 29 janvier prochains. "C'est une question de jours", affirme le Premier ministre lorsqu'on l'interroge sur la date de sa décision.

L'ancien directeur de la campagne de François Hollande en 2012 estime que sa candidature pourra empêcher la "mécanique de la défaite". "Le contexte a changé. L'apparition du livre de confidences du chef de l'Etat a créé un profond désarroi à gauche", précise Manuel Valls, qui affirme que sa "loyauté" envers le chef de l'Etat "n'exclut pas la franchise".

François Hollande doit annoncer sa décision au plus tard le 15 décembre, date limite du dépôt des candidatures pour la primaire du PS. Aucun président de la Ve République n'a renoncé à briguer un deuxième mandat, exception faite de Georges Pompidou, décédé dans l'exercice de ses fonctions en 1974.

Claude Bartolone veut voir un affrontement Hollande-Valls

L'interview du Premier ministre paraît au lendemain de la déclaration tonitruante de Claude Bartolone lors du "Carrefour des gauches et de l'écologie", un événement organisé samedi à Bondy (Seine-Saint-Denis) autour de Martine Aubry, pour redonner des couleurs à la gauche "rouge-rose-verte".

Invité à prendre la parole, le président de l'Assemblée nationale a plaidé pour un "vrai débat démocratique" lors de la primaire. Dans cette optique, il souhaite non seulement la candidature de François Hollande, mais aussi celle de Manuel Valls. Ce serait un "électrochoc" salutaire, estime-t-il, tout en précisant qu'il faudrait qu'Emmanuel Macron -qui s'est déjà déclaré candidat à l'élection présidentielle sans passer par la case primaire- et Jean-Luc Mélenchon -qui ne veut pas y participer non plus-, rentrent dans le rang.

Le PRG zappe la primaire et se range derrière Sylvia Pinel

Mais alors que la droite, longtemps réfractaire au principe même d'une primaire, découvre avec ravissement ses vertus, le principe ne séduit plus à gauche.

Allié loyal du PS depuis 2012, le Parti Radical de Gauche (PRG) a décidé samedi, à une large majorité (344 voix contre 46) de faire cavalier seul. Le parti a investi sa présidente, l'ex-ministre Sylvia Pinel, 39 ans, comme candidate à l'élection présidentielle de 2017.

Comme Emmanuel Macron, le PRG se passera de la primaire. Ce n'était pas le cas en 2011, où Jean-Michel Baylet s'était porté candidat à la primaire et avait terminé bon dernier. Mais cinq ans plus tard, le petit parti est traversé par des vents contraires, avec en son sein des partisans d'un soutien à Macron et d'autres à Manuel Valls. "Ils font monter les enchères, comme ils l'avaient fait l'année dernière pour les investitures aux élections régionales", soupire une source gouvernementale à l'AFP.

Les communistes choisissent Jean-Luc Mélenchon

Autre parti de gauche qui ne participera pas à la primaire : le Parti Communiste Français (PCF). Pour lui, l'enjeu était soit de faire la course seul, soit d'unir ses forces avec celles de Jean-Luc Mélenchon. Samedi, les militants ont tranché. Alors que les cadres du parti s'étaient prononcés à 55% en faveur d'un candidat communiste, les militants ont préféré se ranger, à une courte majorité (53,6% contre 46,4%) derrière leur champion de 2012, Jean-Luc Mélenchon.

Mais "le cadre commun de 2012, avec le Front de Gauche, n'existe plus, et le PCF mènera une campagne autonome", a assuré à l'AFP le porte-parole du parti, Olivier Dartigolles, en saluant un vote majoritaire favorable à "ne pas ajouter un bulletin de vote dans un paysage, à gauche, déjà très marqué par la désunion et la division".