Présidentielle : Macron et Le Pen au second tour

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  696  mots
Emmanuel Macron arriverait en tête du premier tour devant Marine Le Pen, avec environ 24% et 22% des suffrages. Pour la première fois de la Ve république, le candidat de droite n'est pas présent au second tour. Mais les données vont évoluer dans la soirée jusqu'à minuit.
Emmanuel Macron arriverait en tête du premier tour avec environ 24%, suivi par Marine Le Pen 22%. Jean-Luc Mélenchon et François Fillon se disputent la troisième place. Une sorte "d'union sacrée" se met en place pour le second tour contre la candidate du Front National.

| Article publié le 23/04 à 23h30, mis à jour le 24/04 à 09h53.

Emmanuel Macron (En Marche!) est arrivé en tête du premier tour avec 23,75% des voix exprimées. Il devance Marine Le Pen (Front national), qui a réuni 21,53% des suffrages. François Fillon (Les Républicains) est troisième, avec 19,91% des voix, tandis que Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) se positionne en quatrième position, avec 19,64%, d'après les résultats définitifs du ministère de l'Intérieur. Le taux de participation s'est établi à 78,69%, contre 80,42% lors du premier tour du scrutin présidentiel de 2012.

Union sacrée... Fillon votera Macron

L'Union sacrée contre le Front National est déjà en passe de se constituer, comme après le 21 avril 2002 et la défaite de Lionel Jospin face à Jean-Marie Le Pen. Benoît Hamon a appelé à battre le Front National au second tour, le premier ministre Bernard Cazeneuve a immédiatement fait de même. A droite, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a implicitement appelé à faire de même, alors que Nathalie Kosciusko-Morizet a été nettement plus explicite. Pour sa part, François Fillon, candidat malheureux à la présidentielle, a lui aussi été très clair en annonçant que, face à l'extrême droite, il votera en faveur d'Emmanuel Macron.

Si ces résultats se confirment, les deux traditionnel partis de gouvernement, le PS et "Les Républicains", subissent une véritable déroute et l'heure des comptes va sonner. C'est la première fois qu'un candidat de la droite et du centre est éliminé du second tour. Le Parti socialiste, lui, avait déjà connu une telle mésaventure en 1969 et en 2002. Le Parti socialiste aura même réussi le tour de force de perdre absolument toutes les élections locales et nationales depuis la victoire de François Hollande en 2012...

Il faut noter le score très honorable du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan qui, avec 5%, a mis de gros bâtons dans les roues de François Fillon.

Les législatives s'annoncent complexes

Mais, déjà, les différents leaders de partis se tournent vers les législatives des 11 et 18 juin, espérant récupérer la mise et imposer une sorte de cohabitation à Emmanuel Macron - s'il bat Marine Le Pen au second tour. Ce prochain scrutin des élections législatives promet lui aussi d'être assez inédit avec de nombreuses triangulaires, voire des quadrangulaires... En effet, aux législatives, il faut avoir obtenu 12,5% des suffrages au premier tour pour se maintenir au second tour. Dans ces conditions, il n'est pas impossible qu'un candidat étiqueté "En Marche" se retrouve opposé à un représentant FN, "Les Républicains" et/ou PS, voire France Insoumise. D'ailleurs, Emmanuel Macron a tout de suite appelé à la constitution d'une majorité présidentielle, appelant tout le monde à le rejoindre, de tous les bords politiques.

Y aura-t-il un face-à-face télévisé Macron-Le Pen ?

Cependant, avant les législatives, il y aura le second tour de la présidentielle. Le discours de Marine Le Pen au soir de ce premier tour montre, sans surprise, qu'elle va jouer la carte "candidats du peuple" face au représentant de l'élite et de la "mondialisation débridée" qu'incarnerait Emmanuel Macron.

Ce dernier, qui a sans doute senti le piège, a pris soin, lors de son intervention ce dimanche soir, de se présenter comme le futur président de "tout le peuple de France" avec la volonté de rassembler "le plus largement possible". Il s'est aussi positionné en vrai candidat de la rupture, dénonçant ceux "au pouvoir depuis trente ans".

Reste aussi à savoir si le représentant de En Marche! va accepter le principe du traditionnel débat télévisé d'entre deux tours. En 2002, Jacques Chirac avait refusé de débattre avec Jean-Marie Le Pen, mais, cette année, la donne est un peu différente. A la différence de Jacques Chirac, vieux routier de la politique, Emmanuel Macron est un novice qui, jusqu'ici, a réussi le hold-up parfait. Dans ce contexte, il n'a peut-être pas intérêt à fuir la confrontation avec son adversaire, même si celle-ci peut s'avérer redoutable.