Quand Marine Le Pen drague les PME...

Par Mathias Thépot  |   |  570  mots
Marine Le Pen a récemment enrôlé un ancien administrateur de la confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME).
La présidente du Front national Marine Le Pen s'est rendue ce mardi au salon Planète PME organisé par la CGPME. Elle est venue tenter de séduire des chefs d'entreprises en axant comme à son habitude son discours sur la défense des économies locales.

Habituellement, pour une fédération d'entreprises, recevoir lors d'un congrès un ou une candidate d'extrême droite qui prône un Etat stratège protecteur et dénonce la « politique économique ultralibérale » européenne, ne se fait pas de gaité de cœur.  Mais lorsque ladite candidate est créditée dans les sondages d'entre 25 % et 30 % des intentions de vote au premier tour d'une élection présidentielle, la donne change. Surtout que la présidente du Front National Marine Le Pen cultive l'ambigüité d'un point de vue économique, puisqu'elle prône une politique qui défendrait « la protection des travailleurs », mais garde dans ses troupes des éléments qui militent pour une politique économique plus libérale.

Un ancien de la CGPME recruté par le FN

Au salon « Planète PME » organisé par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) au Palais Brongniart, Marine Le Pen fut, du reste, reçue très cordialement. Certes pas par le président de la CGPME François Asselin - il accompagnait quelques minutes plus tôt le ministre des Finances Michel Sapin - mais par le vice-président chargé de l'industrie à la CGPME, Frédéric Grivot.

De son côté, Marine Le Pen était venue ce mardi accompagnée de sa garde rapprochée en matière d'économie : le secrétaire général du Front national Nicolas Bay, et surtout Mikael Sala, porte-parole du collectif frontiste consacré aux entreprises « Croissance bleu marine ». Ce chef d'entreprise - désormais patron du FN Val d'Oise - est une bonne prise pour le FN : arrivé en février 2016 pour créer ce collectif, il est en fait un ancien administrateur de la ... CGPME. De quoi mieux positionner le FN au sein du monde de l'entreprise.

Le FN séduit aussi les chefs d'entreprise ...

C'est donc entourée d'une demi-douzaine de caméras et d'une multitude de photographes que la présidente du Front national a entamé une tournée des stands du salon soigneusement préparée. Sur le fond, elle a respecté ses crédos favoris : défense des économies locales, made in France et protectionnisme. Elle a notamment mis en avant le besoin des TPE et des PME d'être davantage soutenues par l'Etat que les « grands groupes » qui « paient moins d'impôts » et bénéficient davantage de dispositifs publics comme « le crédit impôt recherche ».

Et sur la forme, elle est passée froidement, quelques secondes à peine, au stand de la fédération bancaire française (FBF) - le lobby bancaire -, privilégiant un arrêt plus long et plus souriant chez un buraliste. Marine Le Pen a aussi parlé travailleurs détachés et concurrence illégale avec la fédération française du bâtiment (FFB) et s'est renseignée sur la transmission d'entreprise avec les représentants d'une association visiblement très satisfaits d'avoir eu le temps de faire passer des messages à la candidate frontiste.

Au final, il ressort de ce salon que les réticences des chefs d'entreprises, petites et moyennes, à rencontrer la candidate du FN ne sont pas si marquées que cela. Et même si les contradictions en matière d'économie restent importantes à l'extrême droite, il semble que « le premier parti ouvrier de France » séduise désormais au-delà de ses terrains de chasse habituels.