Sèchement battue, Le Pen veut renouveler l'extrême-droite

Par Mathias Thépot  |   |  544  mots
Vaincue, la candidate du FN se projette déjà vers les législatives. (Photo : Marine Le Pen, ce dimanche 7 mai 2017, au Chalet du Lac, dans le Bois de Vincennes, Paris 12e)
La candidate du Front National se projette vers les législatives et appelle à un rassemblement des « patriotes ». Dans une ambiance tendue, son annonce a été cependant très bien accueillie par ses partisans présents à sa soirée électorale.

Sans surprise, à l'annonce des résultats du second tour de l'élection présidentielle, un fort sentiment de déception dominait au Chalet du Lac, dans le douzième arrondissement parisien, où Marine le Pen a rassemblé ses plus proches soutiens. Recueillant « seulement » 34,5% des suffrages, le Front National, qui s'était imposé comme le premier parti de France lors des dernières élections locales, vient, il faut le dire, de subir une lourde défaite. Consciente de la situation, Marine Le Pen a donc décidé de réagir et appelle à un renouvellement de son mouvement. Dans la perspective des élections législatives et afin de relancer la dynamique de l'extrême-droite, elle «  propose d'engager une transformation profonde ».

« J'appelle tous les patriotes à nous rejoindre afin d'engager ce combat décisif qui nous attend dès ce soir », a indiqué la présidente du FN dans son discours, quelques minutes après les résultats.

Alliance avec Nicolas Dupont-Aignan

Son bras droit Florian Phlippot a, lui, « remercié les 11 millions d'électeurs patriotes » qui ont porté le FN à « un niveau inédit ».

« Nous sommes la première force d'opposition à Monsieur Macron », a-t-il ajouté.

A quelques semaines du premier tour des législatives, la stratégie de nouveau FN est donc claire : miser sur une « recomposition politique de grande ampleur », qui va s'appuyer sur « un clivage entre les patriotes et les mondialistes ».

Ces mots prononcés par Marine Le Pen ont été applaudis par les militants FN présents dans le douzième arrondissement parisien. L'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan du mouvement Debout la France est notamment très appréciée :

« Il faut rassembler ceux qui font passer leur pays avant ! », nous indique un militant frontiste, casquette rouge « Make America Great Again » - le slogan de Donald Trump - vissée sur la tête.

Un climat de défiance vis-à-vis des médias

Mais la perspective des législatives n'a pu évacuer l'immense déception qui habitait les militants ce dimanche soir au Chalet du lac. Trop déçus, la larme à l'œil, certains préféraient ne pas répondre aux questions des journalistes présents dans la salle. D'autres militants, très frustrés par la victoire d'Emmanuel Macron, qu'ils définissent comme « le choix de la continuité », n'hésitaient pas à rejeter la faute sur les médias et leurs journalistes « qui exécutent les ordres de leurs maîtres, les mondialistes ».

La climat de défiance vis-à-vis des journalistes était en effet très fort ce dimanche soir. A quelques minutes de l'arrivée de la candidate, un journaliste audiovisuel avait déjà été exclu de force par le service d'ordre de la candidate. En parallèle, confinés en salle de presse ou à l'extérieur, les journalistes de presse écrite n'étaient pas autorisés à accéder au QG de Marine Le Pen jusqu'à 19h45. De manière totalement arbitraire, seuls les journalistes télé et radio ont pu dans un premier temps accéder à l'intérieur du Chalet du Lac. L'accès a toutefois été ouvert à la presse écrite à quelques minutes de l'annonce des résultats. Après une campagne rude, la tendance ce dimanche n'était donc pas à l'apaisement entre le parti d'extrême-droite et les médias...