L'arrêt du pétrole et du gaz russe "pourrait faire plonger l'Allemagne dans la pire crise depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale" (BASF)

Par latribune.fr  |   |  617  mots
(Crédits : DADO RUVIC)
L'Allemagne pourrait connaître sa pire crise économique depuis près de 80 ans en cas d'arrêt ou de perturbations sur le long terme des importations de gaz et de pétrole russes, a déclaré le directeur général du groupe allemand BASF, l'un des plus grands consommateurs d'électricité du pays.

L'Allemagne est prise au piège. Alors que Vladimir Poutine a annoncé que les exportations de gaz russe au pays de l'Union européenne seraient payées en roubles et non plus en euros comme c'est le cas jusqu'ici, l'Allemagne tremble. Dépendante de la Russie qui représentait 55% de ses importations de gaz avant la guerre en Ukraine et autour de 40% aujourd'hui, l'Allemagne pourrait connaître sa pire crise économique depuis près de 80 ans en cas d'arrêt ou de perturbations sur le long terme des importations de gaz et de pétrole russes, a déclaré Martin Brudermüller, le directeur général du groupe allemand BASF, l'un des plus grands consommateurs d'électricité du pays. Au niveau de l'UE, la Russie représentait 40% des importations de gaz avant le début de la guerre.

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"Cela pourrait plonger l'économie allemande dans sa plus grande crise depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale", a-t-il expliqué au journal FAZ, ajoutant que cela constituait également une menace existentielle pour les PME allemandes. Martin Brudermüller a rejeté les appels à interdire les importations, estimant qu'une telle initiative serait irresponsable.

Le gaz chauffe 50% des logements allemands

BASF, qui est le plus grand groupe chimique au monde, a prévenu mercredi qu'il devrait arrêter sa production si les approvisionnements en gaz naturel devaient tomber à moins de la moitié de ses besoins. Par ailleurs, le gaz est déterminant pour le pays puisqu'il chauffe 50% des logements et représente 26,7% de la consommation primaire d'énergie. Le recours à cette énergie devrait même augmenter, dans le cadre de la transition énergétique, pour remplacer le nucléaire et le charbon en tant qu'appoint des renouvelables.

Plus tôt dans la journée, l'Allemagne et la France ont déclaré se préparer à un éventuel arrêt des importations de gaz russe, ont indiqué jeudi les gouvernements des deux pays.

"Il peut y avoir une situation dans laquelle demain (...) il n'y aura plus de gaz russe" et "c'est à nous de préparer ces scénarios là et nous les préparons", a déclaré à Berlin le ministre français de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck.

Berlin et Paris ont dans le même temps réitéré leur refus de payer en roubles les livraisons de gaz russe, comme demandé par Vladimir Poutine.

Contrats en euros ou en dollars

 Il est écrit dans les contrats que les paiements se font en euros et parfois en dollars", a expliqué le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une conférence de presse distincte également organisée jeudi à Berlin.

"J'ai dit clairement au président russe que cela resterait ainsi" et "les entreprises veulent pouvoir payer en euros et le feront", a-t-il ajouté.

"Les contrats prévoient une monnaie dans laquelle ils sont exécutés et donc les contrats doivent être exécutés dans la monnaie prévue", a martelé de son côté Bruno Le Maire. "Les contrats sont les contrats", a-t-il ajouté.

Les fonds seront "transférés comme d'habitude sur la Gazprom Bank, qui n'est pas frappée de sanctions", et se chargera de la conversion en roubles, a détaillé Berlin.

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