Allemagne : le climat des affaires se dégrade notablement

Par Romaric Godin  |   |  517  mots
Les patrons allemands sont moins optimistes
L'indice Ifo du climat des affaires a nettement reculé en janvier, revenant sous son niveau de mars dernier. Les chefs d'entreprises se montrent préoccupés par l'avenir, principalement.

Jusqu'à présent, les enquêtes allemandes de conjoncture, auprès des chefs d'entreprises, semblait devoir démentir les données statistiques « dures » qui montraient une certaine résistance à la première économie européenne au ralentissement des émergents. Ce paradoxe est peut-être terminé en janvier. L'indice IFO du climat des affaires en Allemagne pour le mois de janvier - rendu public le 26 janvier - a ainsi brutalement chuté de 1,3 point à 107,3 contre 108,6 en décembre.

Baisse marquée des anticipations

Cette deuxième baisse consécutive de l'indice ramène ce dernier sous son niveau de juin dernier. L'estimation de la situation actuelle recule de 0,3 point seulement, à 112,5, son plus bas depuis avril, tandis que l'indice des anticipations, lui, accuse un recul de 2,2 points, passant en un mois de 104,6 à 102,4, revenant sous son niveau d'août dernier. C'est donc bien principalement le futur qui commence fortement à inquiéter les chefs d'entreprise outre-Rhin, même si la situation actuelle commence à se dégrader légèrement.

Coup d'arrêt dans le secteur industriel

En termes sectoriels, c'est principalement le secteur manufacturier qui voit son climat des affaires se dégrader le plus notablement, atteignant son plus bas point depuis un an. La baisse des anticipations dans ce secteur, très sensible aux exportations, est particulièrement marquée. Il en va de même dans la construction, où les anticipations des acteurs économiques repassent dans le rouge, autrement dit ceux qui attendent une dégradation de la situation sont plus nombreux que ceux qui envisagent une amélioration. Le secteur de la vente au détail résiste mieux, notamment en raison d'une modeste amélioration des anticipations, mais la situation actuelle se dégrade notablement.

Ralentissement dans les services

Le peu de dynamisme de ce secteur de la vente au détail est, du reste, inquiétant, car on sait que l'économie allemande dépend largement à présent de la consommation des ménages. C'est elle qui a permis à la croissance allemande d'atteindre 1,7 % en 2015 et c'est elle qui parvient à effacer la modeste contribution de la demande extérieure et de l'investissement. Or, elle semble perdre en dynamisme. Voilà qui est préoccupant alors même que le secteur des services connaît aussi un coût d'arrêt en janvier, même s'il reste en meilleure forme que celui de l'industrie. L'indice du climat des affaires dans ce secteur passe ainsi de 33,8 à 27,9, un plus-bas depuis juillet. Le sous-indice des anticipations recule de 24,9 à 19,1. Voilà qui pose problème, car si la croissance des services et de la vente au détail ralentit, la croissance allemande risque de s'essouffler.

Préoccupant

Cet indice IFO est donc préoccupant. Mais il s'agit sans doute avant tout d'un « rappel à la réalité. » Le niveau des indices depuis septembre semblait surévalué et en décalage avec la réalité. Il y a donc là une correction naturelle. Il confirme cependant un ralentissement notable de la conjoncture et la naissance de sévères inquiétudes pour l'avenir dans la foulée du ralentissement chinois et des turbulences sur les marchés.