Après Washington, l'UE prolonge à son tour les sanctions contre la Russie

Par Alexandre Gadaud  |   |  649  mots
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, rencontre le président ukrainien Petro Poroshenko à Bruxelles, en Belgique, le 22 juin 2017. REUTERS / Eric Vidal
Depuis mars 2014, l'annexion illégale de la Crimée et la déstabilisation délibérée de l'Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine ont poussé la communauté internationale à réagir.

Six mois de plus pour les Russes. Donald Tusk, le président du conseil européen, a annoncé jeudi 22 juin le prolongement des sanctions imposées par l'Union Européenne à la Russie. Cette annonce fait suite à celle mardi par les du renforcement des sanctions américaines.

Depuis mars 2014, l'annexion illégale de la Crimée et la déstabilisation délibérée de l'Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine ont poussé la communauté internationale à réagir. Le premier partenaire économique de l'Ukraine, l'Union européenne, s'est rapidement attelé à l'adoption de mesures restrictives visant principalement l'économie Russe. Mais pas seulement.

Des relations diplomatiques interrompues

Bien qu'elles soient moins souvent misent en lumière, certaines mesures s'attaquent directement aux relations diplomatiques entre l'UE et la Russie, quand d'autres contraignent sur le plan individuel des citoyens russes.

  • Le sommet diplomatique UE-Russie de 2014 a ainsi été annulé par les Etats membres. De nombreuses discussions bilatérales ont été suspendues et le nouvel accord prévu entre l'UE et la Russie fut lui aussi mis en attente par Bruxelles immédiatement après les événements.
  • Les pays de l'UE ont approuvé unanimement la suspension des négociations relatives à l'adhésion de la Russie à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et à l'Agence internationale de l'énergie.

Des mesures restrictives individuelles ont également été mises en places :

  •  150 personnes et 37 entités - principalement des entreprises -  font l'objet d'un gel des avoirs et d'une interdiction d'entrer sur le territoire de l'UE en raison de leur responsabilité dans des actions qui compromettent ou menacent « l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine » d'après le Conseil européen. Le 13 mars 2017, le Conseil a d'ailleurs décidé de proroger ces mesures exclusives jusqu'au 15 septembre 2017 ;
  • Dès mars 2014, le Conseil a également décidé de geler les avoirs de certaines personnes identifiées comme étant directement impliqué, voir responsables du détournement de fonds appartenant à l'Etat ukrainien. Ces mesures ont été prorogées en dernier lieu en mars 2016.

Si la plupart de ces mesures ont déjà été prorogées et sont toujours en application, la prolongation annoncée cette semaine concerne principalement les sanctions économiques.

Des sanctions économiques précises

L'annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol par la Russie a poussé le Conseil européen a adopté d'importantes restrictions en matières de relations économiques  avec cette zone.

  • L'interdiction des importations de marchandises en provenance de Crimée et de Sébastopol, dès juin 2014, ainsi que d'autres restrictions concernant les investissements liés à certains secteurs économiques et projets d'infrastructures ;
  • Depuis décembre 2014, une interdiction totale des investissements est en place, visant surtout la prestation de services touristiques en Crimée

 Les sanctions les plus importantes visaient précisément les échanges avec la Russie dans des secteurs économiques spécifiques. Leur objectif  est de  :

  • Limiter l'accès aux marchés financiers de l'UE pour cinq grandes institutions financières russes détenues majoritairement par l'Etat, ainsi que pour trois grandes entreprises russes du secteur de l'énergie, et trois entreprises du secteur de la défense ;
  • Imposer un embargo sur les exportations et les importations d'armes ;
  • Interdire l'exportation des biens destinés à une utilisation militaire en Russie ;
  • Restreindre l'accès de la Russie à certains services et technologies sensibles, pouvant être utilisés pour la production et l'exploration pétrolière.

Après l'annonce par Washington du renforcement des sanctions contre la Russie, le Kremlin a rapidement riposté : "Il va sans dire que le premier principe en réponse aux sanctions est la réciprocité", a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine. Le gouvernement russe n'a pas encore dit si il comptait prendre des mesures similaires vis-à-vis de l'UE mais Moscou avait déjà riposté par le passé, notamment à l'encontre du secteur agroalimentaire. De nouvelles sanctions pourraient rapidement tomber.