BCE : pour Christine Lagarde, le recul de l'inflation en zone euro ne doit pas être « tenu pour acquis »

Par latribune.fr  |   |  765  mots
Pour Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, un changement sur les taux, « ce n'est pas quelque chose qui se passera dans les prochains trimestres ». (Crédits : YVES HERMAN)
Le recul de l'inflation en zone euro, à 2,9% en octobre, est certes encourageant mais ne saurait durer en raison de l'incertitude sur l'évolution future des prix de l'énergie, a prévenu ce vendredi la présidente de la Banque centrale européenne.

« Honorable ». C'est ainsi que qualifie Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, la dernière valeur connue de l'inflation en zone euro, qui s'élève à 2,9% en octobre. Un exploit au regard du pic supérieur à 10% observé à la même période l'an dernier. Mais il ne faut pas supposer que « c'est quelque chose qui devrait être tenu pour acquis et qui durera longtemps », a tranché net Christine Lagarde, lors d'un entretien télévisé avec le Financial Times.

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Surveiller le prix de l'énergie à l'avenir

En effet, une bonne partie de la baisse sensible du taux d'inflation ces derniers mois est liée à un reflux des prix de l'énergie, qui s'explique par un « effet de base » en comparaison aux fortes hausses enregistrées en octobre 2022. Ces effets ne vont plus se reproduire dans les mois qui viennent, aussi il faudra « vraiment surveiller le prix de l'énergie à l'avenir », a souligné la présidente de l'institution financière.

La BCE a laissé ses taux inchangés en octobre, après dix hausses d'affilée pour porter le principal d'entre eux au niveau historiquement haut de 4%. Mais l'institut a alors prévenu que les risques inflationnistes, accentués par la guerre au Proche-Orient, sont encore trop élevés pour envisager la moindre baisse.

Les observateurs se perdent depuis en conjectures sur la durée pendant laquelle les taux resteront inchangés. La présidente de la BCE a livré sa pensée sur le sujet vendredi : « Ce n'est pas quelque chose qui se passera dans les prochains trimestres ». La BCE veut en même temps garder de la souplesse pour agir et compte se décider lors des prochaines réunions en fonction des données disponibles, a répété la banquière centrale. Elle regardera à cet égard le comportement de l'inflation, notamment hors prix de l'énergie.

« Une bataille de l'inflation en passe d'être gagnée », selon la Banque de France

Jeudi, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s'est montré plus rassurant. Il a jugé que les taux d'intérêt de la BCE, gardés inchangés lors de la dernière réunion de politique monétaire, n'allaient plus progresser, « sauf choc » et « sauf surprise ». Avant d'ajouter toutefois qu'il était « trop tôt pour parler de baisser ».

« Je ne dis pas que nous avons déjà gagné la bataille contre l'inflation », a-t-il néanmoins tempéré. Mais « nous allons ramener l'inflation vers 2% d'ici 2025, ceci vaut pour la France comme pour la zone euro », s'est-il convaincu. Pour le membre du conseil des gouverneurs de la BCE, « le remède » de la hausse des taux « n'est pas agréable », mais « il est efficace ».

La question de la hausse des taux par la BCE n'est pas écartée

La question d'une nouvelle hausse n'a néanmoins pas encore été écartée par l'ensemble des responsables de la politique monétaire en zone euro. Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a demandé la semaine passée de ne pas « fermer la porte à une nouvelle hausse » des taux d'intérêt sur le chemin potentiellement instable pour ramener l'inflation à 2%.

« Après une longue période d'inflation élevée, les anticipations d'inflation sont fragiles et de nouveaux chocs du côté de l'offre peuvent les déstabiliser, menaçant la stabilité des prix à moyen terme », a-t-elle déclaré.

Luis de Guindos, vice-président de l'institution, a jugé jeudi de son côté que le maintien des taux à leur niveau actuel « va contribuer de manière significative à la baisse de l'inflation » vers le niveau ciblé. Il a notamment relevé dans une interview publiée sur le site de la BCE que l'inflation sous-jacente, c'est-à-dire la hausse des prix hors énergie et produits frais notamment, « s'est calmée ».

La Fed n'hésitera pas à relever les taux directeurs « si nécessaire »

Aux Etats-Unis, le discours est aussi hésitant. « Nous n'hésiterons pas » à relever encore les taux directeurs « si nécessaire » face à la forte inflation aux Etats-Unis, a averti jeudi le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell. Les taux d'intérêt se trouvent pourtant au plus haut depuis plus de vingt ans, mais cela pourrait ne pas être suffisant dans la lutte contre l'inflation, selon lui.

Le 1er novembre, à l'issue de sa dernière réunion monétaire, la Fed avait, pour la seconde fois d'affilée, maintenu ses taux dans leur fourchette de 5,25% à 5,50%.

(Avec AFP)