Taux : la BCE fait une pause, le ralentissement économique inquiète

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne a annoncé, ce jeudi, un maintien de ses taux directeurs entre 4% et 4,75%. Une première pause, depuis juillet 2022, justifiée par une inflation au plus bas depuis deux ans et un ralentissement de l’activité économique. Les regards se portent maintenant sur la période de stabilisation des taux que va décider la BCE avant de baisser ces derniers.
« Nous avons révisé à la baisse notre perspective de croissance pour 2023, à 0,7 %. Puis à 1 % en 2024 et 1,5 % en 2025. Ce dernier chiffre n'est que très légèrement inférieur au potentiel de croissance de la zone euro », expliquait Christine Lagarde à La Tribune.
« Nous avons révisé à la baisse notre perspective de croissance pour 2023, à 0,7 %. Puis à 1 % en 2024 et 1,5 % en 2025. Ce dernier chiffre n'est que très légèrement inférieur au potentiel de croissance de la zone euro », expliquait Christine Lagarde à La Tribune. (Crédits : Reuters)

[Article publié le jeudi 26 octobre 2023 à 14h40 et mis à jour à 16h30 ] Le bout du tunnel semble se rapprocher. Pour la première fois, depuis le début de sa politique de hausse des taux commencée en juillet 2022, la Banque centrale européenne (BCE) marque une pause. Ce jeudi, à Athènes, lors de sa réunion mensuelle, l'institution a annoncé qu'elle maintenait sa fourchette de taux d'intérêt directeurs entre 4% et 4,75% - soit leur niveau le plus élevé depuis la création de l'euro en 1999 - après les avoir augmenté de 0,25 point de base en septembre pour la dixième fois consécutive.

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L'euro reculait légèrement jeudi, ayant peu réagi à la décision attendue de la Banque centrale européenne de garder inchangés ses taux. Vers 15h30, heure de Paris, la devise européenne perdait 0,12% à 1,0553 dollar et 0,18% par rapport à la livre, à 87,08 pence.

Un ralentissement économique qui inquiète

La gardienne de l'euro est confrontée à un dilemme. D'un côté, elle souhaite maintenir la pression sur l'économie. Car, si l'inflation dans la zone euro est tombée à son plus bas depuis deux ans à 4,2% en septembre, elle reste encore largement au-dessus de l'objectif de 2% visé par la BCE. Un niveau synonyme de stabilité des prix. « L'inflation s'est inscrite en net recul en septembre », ont noté les gardiens de l'euro à l'issue de leur réunion tenue hors-les-murs à Athènes. Mais « elle devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période » ont-ils ajouté.

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De l'autre côté, la gardienne de l'euro ne veut pas aller trop loin dans la politique restrictive pour ne pas pénaliser les Etats qui voient les taux de leurs bons du Trésor flamber, à l'image du taux à 10 ans français qui a atteint 3,5% ces derniers jours. Un plus haut depuis 2011. Mais surtout, la BCE ne souhaite pas faire entrer la zone euro en récession. L'économie montre, en effet, de sérieux signes de faiblesse avec un pétrole encore cher mais une consommation en baisse -en partie due aux taux directeurs hauts- qui empêchent maintenant les entreprises de répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs clients.

Des difficultés qui se ressentent sur les résultats du troisième trimestre de plusieurs entreprises comme celles du secteur du luxe par exemple qui ont pour la plupart réalisé des hausses de chiffres d'affaires moins importantes que prévues par les analystes, provoquant leur décrochage en Bourse.

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Néanmoins, dans une interview accordée à La Tribune Dimanche début octobre, Christine Lagarde s'était voulue rassurante. « Nous avons révisé à la baisse notre perspective de croissance pour 2023, à 0,7 %. Puis à 1 % en 2024 et 1,5 % en 2025. Ce dernier chiffre n'est que très légèrement inférieur au potentiel de croissance de la zone euro. » Elle avait aussi ajouté que « nous ne sommes pas pessimistes pour trois raisons. Nous prévoyons une hausse des chiffres de la croissance l'année prochaine. L'inflation est en train de baisser de manière significative. Et le taux d'emploi est supérieur à celui que l'Europe a connu dans le passé et se maintient. »

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Incertitudes sur la période de stabilisation des taux

Que va donc maintenant faire la BCE pour parvenir à son objectif d'inflation sans provoquer un « hard landing » (atterrissage dur)?

Christine Lagarde a laissé entendre ces dernières semaines que la trajectoire de hausse des taux sans précédent, amorcée en juillet 2022, touchait à sa fin et que l'institution de Francfort allait entrer dans une phase de stabilisation, autrement dit, un maintien des taux à des niveaux élevés pendant plusieurs mois avant de lâcher du lest. Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a lui jugé « approprié » le niveau actuel des taux directeurs, se disant confiant quant à un repli de l'inflation autour de l'objectif de 2% de la BCE, d'ici à 2025.

Ce jeudi, la présidente de la BCE a réaffirmé sa position :

« Nous considérons que les taux sont à des niveaux suffisants haut et devraient rester à ces niveaux pour atteindre notre objectif d'inflation », a d'ailleurs déclaré Christine Lagarde, la présidente de la BCE.

La grande question n'est maintenant plus celle de futures hausses mais bien celle de la durée du maintien des taux historiquement hauts. L'institution de Francfort pourrait en effet rester « en attente jusqu'à la mi-2024 au moins », affirmait Frederik Ducrozet, chef économiste chez Pictet Wealth Management en septembre. Au vu de la résilience de l'inflation, d'autres analystes tablent sur une baisse à la fin 2024 voire début 2025.

Mais la pause décidée ce jeudi « ne préjuge en rien de la suite », estime Franck Dixmier, analyste d'Allianz Global Investors. « Il est trop tôt pour baisser les taux d'intérêt », abonde Clemens Fuest de l'institut IFO. « Pour cela, l'inflation doit continuer à baisser. En raison notamment des accords salariaux élevés et des risques liés aux prix de l'énergie, il n'est pas garanti que cela se produise. » Un point de vue validé par Christine Lagarde qui a rappelé que « avoir une discussion sur une baisse est totalement prématurée pour le moment. Nous devons être stable et tenir bon, c'est la décision que nous avons prise aujourd'hui (jeudi) » avant même de prévenir que « ce n'est pas parce que nous maintenons nos taux, aujourd'hui, que nous ne les remonterons pas de nouveau à l'avenir »... Renvoyant une confirmation de la stabilisation de ses taux, ou non, à sa prochaine réunion qui se tiendra en décembre.

 La Fed prévient que sa politique restrictive n'est pas terminée

Outre-Atlantique, même son de cloche. Alors que l'inflation a fortement diminué à 3,7% en septembre, sur un an, son rythme de ralentissement ne satisfait pas la Réserve fédérale américaine qui a pourtant augmenté ses taux très rapidement pour les établir à 5,25%-5,5%.

« L'inflation est encore trop élevée, et quelques mois de bons chiffres ne sont que le début de ce qu'il faudra pour être certains que l'inflation baisse durablement vers notre objectif » de 2,0%, a souligné le 19 octobre, Jerome Powell, le président de la Fed en avertissant que, « le chemin risque d'être semé d'embûches et de prendre du temps ». Autrement dit, les taux ne devraient pas baisser avant plusieurs longs mois.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 27/10/2023 à 8:05
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Consolidation de la paupérisation donc, comme le bitcoin ! ^^ Au moins on se marre.

à écrit le 27/10/2023 à 2:21
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@Marc 469. Mais oui, bien sur. Continuez de nier.

à écrit le 26/10/2023 à 19:15
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après avoir tout cassé, ils s'inquiètent ??

à écrit le 26/10/2023 à 18:28
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Le ralentissement économique inquiète...seulement à présent?🤣 Mais ils sont où tous les "faiseurs de bonnes nouvelles", ces diseurs de bonne aventure🤡

à écrit le 26/10/2023 à 17:55
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Les taux ultra bas que l'on a eu ces dernières dizaines d'années, c'est comme les carbohydrates en alimentation : ça dérègle l'organisme, crée une accoutumance et tue le patient lentement avec arrivée du diabète type 2, du surpoids parfois massif et ...

le 27/10/2023 à 13:28
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Et en mangeant plus gras, il se paie le cholestérol. Il faut se méfier des analogies.

à écrit le 26/10/2023 à 16:28
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C'est peut-être l'une des conséquences de "l'effondrement de l'économie russe" prophétisé par Bruno Le Maire? :) :) :)

le 26/10/2023 à 17:45
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Avec la hausse de 70 % du budget militaire de la Russie va affaiblir leur économie.

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