Comme la Fed et la BCE, la Banque d'Angleterre maintient ses taux

La banque centrale britannique a décidé de poursuivre la pause amorcée en septembre dans le relèvement de ses taux ce jeudi. Le taux directeur reste ainsi inchangé à 5,25%, malgré une inflation persistante.
La BoE a maintenu le taux d'escompte à 5,25% pour la deuxième fois consécutive, après la réunion de septembre, qui marquait alors la première pause après 14 hausses d'affilée des taux.
La BoE a maintenu le taux d'escompte à 5,25% pour la deuxième fois consécutive, après la réunion de septembre, qui marquait alors la première pause après 14 hausses d'affilée des taux. (Crédits : Luke MacGregor)

La BoE a opté, elle aussi, pour le statu quo. Comme attendu, la Banque d'Angleterre a décidé de poursuivre sa pause dans le relèvement de ses taux ce jeudi 2 novembre. Malgré l'inflation persistante - dont l'objectif de retour à 2% a finalement été acté à la fin 2025 -, les autorités monétaires sont en effet confrontées à un contexte économique morose, plusieurs indicateurs suggérant que l'économie britannique est désormais menacée par une récession et pourrait au mieux stagner dans les années à venir. Pour rappel, la banque centrale britannique avait déjà choisi en septembre d'interrompre un cycle de 14 tours de vis consécutifs, en laissant son taux directeur inchangé à 5,25%, son plus haut niveau depuis début 2008.

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Le Comité de politique monétaire (MPC) « a voté à une majorité de 6 contre 3 pour le maintien de ses taux à 5,25% », trois membres se prononçant en faveur d'un rehaussement d'un quart de point, a précisé la banque centrale britannique dans les premières minutes de sa réunion, ce jeudi.

« Les dernières projections du comité de politique monétaire indiquent que la politique monétaire devra probablement être restrictive pendant une période prolongée », écrit la BoE dans son communiqué.

« Un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire s'il y avait des preuves d'une pression inflationniste plus persistante », ajoute-t-elle.

« Il est bien trop tôt pour envisager des baisses de taux »

Le gouverneur de la BoE, Andrew Bailey, a également tenté de faire passer le message selon lequel la baisse de l'inflation au cours de l'année écoulée, par rapport à son niveau le plus élevé depuis les années 1980, et l'affaiblissement des perspectives économiques ne devaient pas être considérés comme un signe que des réductions de taux pourraient bientôt être envisagées.

« Nous avons besoin de voir l'inflation continuer à baisser jusqu'à notre objectif de 2% », a-t-il insisté, cité dans le communiqué.

« Nous avons maintenu les taux inchangés ce mois-ci, mais nous suivrons de près l'évolution de la situation pour déterminer si de nouvelles hausses de taux sont nécessaires. Il est bien trop tôt pour envisager des baisses de taux ».

Sur les marchés financiers, la livre sterling a accru ses gains face au dollar et à l'euro après les annonces de la BoE, tandis que le rendement des obligations britanniques à dix ans réduisait quelque peu son repli, mais perdait encore plus de onze points de base, à 4,396%, dans un contexte de détente généralisée sur les taux souverains.

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Au Royaume-Uni, l'inflation a stagné à 6,7% sur un an en septembre, voyant sa baisse enrayée par le prix des carburants. Si l'inflation britannique est redescendue du pic de 11,1% atteint octobre 2022 avec la flambée des prix de l'énergie, elle reste la plus élevé des pays du G7 (France, Japon, Etats-Unis, Canada, Allemagne, Italie, Royaume-Uni).

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L'autorité monétaire britannique prévoit désormais que la croissance britannique sera plate en 2024 (là où elle prévoyait en août que le Produit Intérieur Brut grimperait de 0,5%), et de 0,25% en 2025. Le PIB britannique avait précédemment grimpé de 0,3% entre janvier et mars, puis de 0,2% entre avril et juin. La BoE estime désormais qu'il a stagné au troisième trimestre, là où elle s'attendait en septembre à une croissance de 0,1% sur la période.

La BoE précise qu'elle base ses prévisions sur les attentes du marché, qui entrevoit des taux inchangés jusqu'au troisième trimestre 2024, puis une baisse progressive jusqu'à 4,25% d'ici la fin 2026. Si les salaires grimpent désormais plus vite que les prix au Royaume-Uni, la crise du coût de la vie atteint les Britanniques au porte-monnaie, de même que la montée des taux des prêts immobiliers, directement entraînés par les tours de vis de la banque centrale.

En réitérant le choix de laisser ses taux inchangés, la BoE emboîte ainsi le pas à la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a laissé ses taux inchangés à l'issue de sa réunion mercredi. Même son de cloche outre-Manche. La Banque centrale européenne (BCE) s'est prononcée en faveur d'une pause la semaine dernière, après dix hausses d'affilée.

« Plusieurs banques centrales (...) en sont au point où elles espèrent probablement que les taux ont atteint un sommet, mais elles craignent en même temps qu'une inflation persistante ne les oblige à prendre de nouvelles mesures », a indiqué Jane Foley, analyste chez Rabobank, interrogée par l'AFP.

Plus tôt jeudi matin, la Banque de Norvège a ainsi, sans surprise, laissé son taux directeur inchangé. Elle a toutefois confirmé un nouveau resserrement « probable » de sa politique monétaire en décembre, sur fond de ralentissement de l'inflation.

Après 13 hausses des taux en deux ans, les économistes tablaient sur un statu quo jeudi mais guettaient de près les signaux envoyés sur la suite. La formulation laisse plus de place à un nouveau statu quo monétaire le mois prochain. « Le message de la banque centrale est plus modéré qu'attendu », a commenté Dane Cekov, économiste chez Nordea.

« Nous croyons que l'inflation va surprendre vers le bas dans les mois qui viennent de sorte que la Banque de Norvège ne relèvera pas son taux. Mais les marges sont moindres : c'est du 50-50 pour une hausse ou pas », a-t-il ajouté.

Après une longue période d'inflation élevée, les prix à la consommation ont sensiblement ralenti dans le pays scandinave, ressortant à 3,3% en septembre. Mais l'inflation dite « sous-jacente » - l'indicateur retenu par la banque centrale, qui exclut les prix de l'énergie et les variations fiscales - demeure à 5,7%, loin de l'objectif de 2% assigné à la politique monétaire.

La Banque de Norvège doit notamment composer avec la faiblesse de la couronne norvégienne par rapport aux autres devises, ce qui renchérit les importations et l'oblige à ne pas laisser un écart se creuser entre ses taux et ceux de ses principaux partenaires économiques.

(Avec agences)

Commentaires 5
à écrit le 03/11/2023 à 13:43
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Et pendant ce temps les banques , assureurs et autres financiers affichent des bénéfices en forte hausse sans se soucier des indicateurs économiques !!!.

à écrit le 02/11/2023 à 19:13
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Les apprentis-sorciers ont tous les chocottes d'un Armageddon financier au point qu'ils préfèrent laisser filer l'inflation galopante dans le temps et l'espace (la prochaine des étapes pouvant être la modification de la valeur cible de 2% d'inflation...

à écrit le 02/11/2023 à 15:56
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Les apprentis-sorciers ont tous les chocottes d'un Armageddon financier au point qu'ils préfèrent laisser filer l'inflation galopante dans le temps et l'espace (la prochaine des étapes pouvant être la modification de la valeur cible de 2% d'inflation...

le 03/11/2023 à 9:52
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merci d'avoir été explicite, je dois dire avoir du mal a être aussi synthétique, disons qu'effectivement du fait même du jeu dans le concept qui est le notre, d'un état stato financier, la question de l'inflation a l'avantage de couvrir les dépenses ...

à écrit le 02/11/2023 à 14:13
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"Destitution" En anglais est le signifiant de ce qui se passe pour les petits gens ! des millions de personnes actuellement sont dans cette situation ! avantager les actionnaires ou possédants a ce prix ! "Destitution" poverty so extreme that on...

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