La hausse générale des prix s'est fortement réduite en octobre dans la zone euro. À exactement +2,9% sur un an, il s'agit de son plus bas niveau depuis deux ans, selon des données préliminaires publiées par Eurostat, ce mardi 31 octobre. Pour rappel, l'inflation s'était établie à 4,3% sur un an en septembre et à 5,2% en août.
Le chiffre de ce mois d'octobre est d'ailleurs meilleur qu'attendu par les analystes de Factset. Ils tablaient en moyenne sur un ralentissement à 3%. Les économistes interrogés par Reuters, eux, attendaient une décélération de l'inflation, mais pas aussi marquée, à 3,1%.
Les prix de l'énergie dégringolent
Le ralentissement de l'inflation en zone euro s'est accentué sous l'effet d'une forte baisse des prix de l'énergie, de 11,1% sur un an après un repli de 4,6% en septembre. En excluant les éléments les plus volatils que sont les produits alimentaires non transformés et l'énergie, l'inflation a ralenti à 5% après 5,5% le mois dernier et un consensus à 5,1%. Une mesure plus étroite de la hausse des prix, qui exclut alimentation, énergie, alcool et tabac, a également décru, tombant à 4,2% après 4,5% en septembre, un rythme conforme au consensus.
Ce recul se retrouve notamment en France, où l'inflation s'élève à 4% sur un an en octobre, après 4,9% en septembre, selon les données provisoires communiquées par l'Insee ce mardi. Plus encore au Portugal où elle a baissé à 2,1% (contre 3,6% en septembre) et surtout en Italie où elle est de +1,8% (contre +5,3% en septembre) en octobre. La situation se stabilise par contre en Espagne à +3,5%, un niveau identique au mois précédent.
L'inflation pèse sur la croissance
Ces chiffres devraient conforter la BCE dans sa conviction d'avoir suffisamment relevé ses taux pour faire refluer l'inflation vers son objectif de 2% en 2025. L'institution de Francfort a opté la semaine dernière pour un statu quo dans sa stratégie de resserrement monétaire, pour la première fois depuis l'été 2022. Une première pause après avoir relevé à 10 occasions ses taux directeurs, qui se situent actuellement dans une fourchette entre 4% et 4,75%, soit leur niveau le plus élevé depuis la création de l'euro en 1999.
Si cette politique semble atteindre son but de calmer l'inflation, elle a aussi pour effet secondaire de ralentir l'activité économique. La zone euro a ainsi vu son économie se contracter au troisième trimestre, après le léger rebond du trimestre précédent, selon les chiffres également publiés par Eurostat ce mardi. Le produit intérieur brut (PIB) des 20 pays partageant la monnaie unique a ainsi reculé de -0,1% entre juillet et septembre en glissement trimestriel. Les analystes misaient sur une stagnation de l'économie (+0%). Sur l'ensemble de l'Union européenne, le PIB est en légère hausse de 0,1%.
L'ombre de la récession pour 2024
En parallèle des tensions inflationnistes, la croissance de la zone euro est plombée par les difficultés de la première puissance européenne, l'Allemagne. Cette dernière a vu son PIB se contracter de 0,1% au troisième trimestre, selon une première estimation dévoilée ce lundi. Elle a néanmoins évité la récession grâce à une révision à la hausse des chiffres des trimestres précédents.
L'Autriche est pour sa part entrée en récession, voyant son PIB trébucher de 0,6% après un recul de 0,8% le trimestre précédent. L'Italie, elle, a vu son économie stagner au troisième trimestre, échappant ainsi de justesse à la récession après une baisse de 0,4% au deuxième trimestre, sur fond de hausse des taux d'intérêt qui freine toujours la demande intérieure. La République tchèque (-0,3%), l'Estonie (-0,2%), la Lituanie (-0,1%), le Portugal (-0,2%) mais aussi l'Irlande (-1,8%) ont également vu leur économie se replier. L'Espagne a vu son PIB ralentir (+0,3%) sur fond de résultats décevants de son commerce extérieur.
Sur l'ensemble de l'Union européenne, le PIB est en légère hausse de 0,1%. Si bien que le spectre de la récession plane sur la zone euro pour 2024.
(Avec agences)