Brexit : Boris Johnson appelle Theresa May à "sauver le Brexit"

Par latribune.fr  |   |  610  mots
L'ancien ministre des Affaires étrangères Boris Johnson a claqué la porte du gouvernement trois jours après la réunion de Chequers, le 9 juillet. (Crédits : Reuters)
Dix jours après sa démission du gouvernement, l'ex-chef de la diplomatie britannique Boris Johnson a estimé, devant le Parlement le 18 juillet, qu'il n'était "pas trop tard pour sauver le Brexit", au moment même où Theresa May négocie la sortie du pays de l'Union européenne.

La courte, mais vive, déclaration post-démission ("resignation speech") de l'ancien ministre britannique des Affaires étrangères devant la Chambre des Communes le 18 juillet, a été très commentée outre-Manche. Dans son discours (publié en intégralité sur son compte Twitter), il a une nouvelle fois reproché à la cheffe du gouvernement Theresa May d'avoir dévié vers un "Brexit qui n'a que le nom" et lui a demandé "de changer de tactique". "Nous avons encore le temps dans ces négociations", a-t-il affirmé, prônant une coupure nette avec l'Union européenne, alors que la Première ministre se dirige plutôt vers un Brexit "doux" qui maintiendrait des liens étroits avec l'UE.

L'ex-chef de la diplomatie a par ailleurs invité May à renouer avec la vision du Brexit qu'elle avait exposée en janvier 2017, dans son discours de Lancaster House. Elle y faisait alors miroiter un Royaume-Uni "fort et indépendant", qui quitterait la juridiction de la Cour européenne de justice, l'union douanière et le marché unique, et pourrait conclure de nouveaux accords commerciaux.

--

--

Possible successeur de Theresa May ?

Il a opposé la "vision glorieuse" de 2017 à la "pitoyable incertitude" qui a émergé, selon lui, de la réunion de Chequers, le 6 juillet, lors de laquelle le gouvernement a élaboré son projet pour l'après-Brexit, immédiatement critiqué de tous côtés. Le ministre avait démissionné trois jours après cette réunion et la publication du plan du gouvernement, estimant que le rêve du Brexit était "en train de mourir".

Aujourd'hui, il est vu comme l'un des candidats possibles pour remplacer la Première ministre, contestée au sein de son parti conservateur, à la fois par les europhiles et les eurosceptiques. D'ailleurs, lors de sa visite officielle à Londres, Donald Trump avait provoqué un léger malaise outre-Atlantique en déclarant que Boris Johnson avait "toutes les qualités nécessaires pour devenir un "grand" Premier ministre".

Lire aussi : Brexit : après David Davis, Boris Johnson démissionne à son tour

May a "tergiversé" dans les négociations, "par manque de confiance en soi"

Pendant que le turbulent Boris Johnson, redevenu député, dénigrait sa stratégie devant les députés, Theresa May s'appliquait à défendre son projet devant les membres d'une commission du Parlement britannique qui l'ont questionnée pendant près de deux heures. Elle a une fois de plus assuré qu'elle "mettrait en oeuvre ce pour quoi les gens ont voté" et qu'elle se fixait pour objectif d'obtenir un accord avec Bruxelles.

"Le problème, ce n'est pas que nous n'ayons pas réussi à faire valoir la nécessité d'un accord de libre-échange comme celui qui a été présenté à Lancaster House, c'est que nous n'avons même pas essayé", a déclaré Boris Johnson au Parlement. "Nous devons essayer aujourd'hui parce que nous n'aurons pas d'autre chance de bien le faire", a-t-il lancé, dans un discours passionné.

Il a accusé le gouvernement d'avoir "tergiversé" dans les négociations, par "manque de confiance en soi". Mais selon lui, "Il y a encore du temps, et si la Première ministre peut renouer avec cette vision ... alors je crois qu'elle peut mettre en oeuvre un Brexit formidable pour le Royaume-Uni".

Londres et Bruxelles sont censés parvenir à un accord d'ici octobre, pour permettre aux Parlements européens et britannique de le ratifier avant la concrétisation du Brexit, prévue le 29 mars 2019. Les négociations trainent en longueur et butent en particulier sur la question de la frontière qui va séparer l'Irlande, entre le nord, membre du Royaume-uni, et le sud, membre de l'UE.

(avec AFP)