Brexit : Johnson accepte le report et veut convoquer des élections pour sortir de l'impasse

Par latribune.fr  |   |  941  mots
(Crédits : Reuters TV)
Boris Johnson a annoncé, ce lundi 28 octobre, avoir adressé au président du Conseil européen un courrier actant l'accord de son gouvernement pour un report de la date du Brexit désormais fixée au 31 janvier prochain. Le Premier ministre britannique a également exhorté les députés à approuver la convocation d'élections anticipées en décembre pour sortir le Brexit de l'impasse actuelle,

Il a accepté. A contre-coeur. Boris Johnson, a annoncé ce lundi 28 octobre qu'un courrier entérinant l'accord de son gouvernement pour un report de la date du Brexit au 31 janvier 2020 a été adressé au Conseil européen. Il s'agit d'une défaite politique pour le locataire du 10, Downing Street qui avait fait de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne en date du 31 octobre, un engagement fort de sa mandature.

"Je n'avais aucune latitude en vertu de la loi sur le retrait de l'Union européenne, qui a été imposée à ce gouvernement contre son gré, de faire quoi que ce soit d'autre que de confirmer l'accord formel du Royaume-Uni à cette extension", a justifié Johnson dans sa lettre à Tusk. "Cette prolongation indésirable de l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE est préjudiciable à notre démocratie", ajoute-t-il.

Le premier ministre britannique, qui s'exprimait ce lundi devant la Chambre des communes, a ajouté qu'il n'avait pas souhaité ce nouveau report qui, selon lui, met "la démocratie en danger". Arguant qu'il ne cherchait pas à perturber l'activité des entreprises européennes, il a également indiqué avoir demandé aux Européens de dire clairement qu'il n'y aurait pas de nouvelle prolongation au-delà du 31 janvier.

Le gouvernement a présenté ce lundi à la Chambre des Communes une motion pour la tenue d'élections anticipées. Mais si "le Parlement résiste" et n'adopte pas sa motion, "je voudrais exhorter les Etats membres de l'Union européenne à indiquer clairement qu'un autre report (du Brexit) après le 31 janvier n'est pas possible", a écrit Boris Johnson au président du Conseil européen.

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Le Premier ministre britannique a  également  fait part de ses craintes que le Parlement britannique ne ratifie jamais l'accord. Face aux entraves de ce dernier, qui l'a empêché de tenir sa promesse de réaliser le Brexit à la fin du mois, il s'est lancé dans un nouvelle tentative de convoquer des élections anticipées, sa seule chance de regagner la majorité perdue au fil des défections et des expulsions de députés opposés à sa stratégie.

Troisième report

"Nous devons organiser des élections maintenant, nous ne pouvons plus continuer avec des reports sans fin", a martelé Boris Johnson devant les députés. "Ce Parlement est en fin de course et je ne crois pas que cette assemblée soit capable d'obtenir des résultats sur les priorités de la population, que ce soit le Brexit ou le reste", a-t-il ajouté. Il "ne veut pas contrôler le Brexit, débattre du Brexit, il ne veut que retarder le Brexit et annuler le Brexit", a-t-il poursuivi. Pour obtenir des législatives, qui se tiendraient le 12 décembre, Boris Johnson a besoin de deux tiers des voix à la Chambre des communes, soit 434 votes. Et donc du soutien du Labour, principal parti d'opposition, qui s'y oppose tant que le risque d'une sortie sans accord n'est pas écarté et se dit réticent à un vote à l'approche de Noël, à une période où les étudiants rendent visite à leurs familles. "On ne peut pas faire confiance à ce Premier ministre", a déclaré le chef de file des travaillistes Jeremy Corbyn.

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Si le dirigeant conservateur se heurte à un nouveau refus des travaillistes lundi soir, un vote pourrait être convoqué par le biais d'une autre procédure qui permettrait de le faire avec une majorité simple. Deux formations europhiles d'opposition, le parti national écossais (SNP) et les Libéraux-démocrates, qui rassemblent 54 députés, se sont dit prêtes à déclencher des élections. Il s'agit du troisième report du Brexit, plus de trois ans après la décision des Britanniques, consultés par référendum, de voter à 52% pour quitter l'Union européenne. Le Royaume-Uni devait initialement quitter l'UE le 29 mars, date repoussée au 12 avril puis au 31 octobre. Boris Johnson avait pourtant répété à l'envi que le Brexit aurait lieu "coûte que coûte" le 31 octobre et qu'il préférait être "mort au fond d'un fossé" plutôt que demander un nouveau report.

Or, après quelques hésitations, surtout dans le camp français, les pays membres de l'Union européenne sont tombés d'accord pour reporter la date butoir du Brexit au 31 janvier, a annoncé ce lundi le président du Conseil européen, Donald Tusk.

Donald Tusk a précisé sur Twitter qu'il s'agissait d'une "flextension", ce qui permettra au Royaume-Uni de quitter l'UE avant le 31 janvier si le Parlement britannique devait e report, demandé par le Premier ministre britannique Boris Johnson faute d'avoir pu faire adopter à temps par le Parlement l'accord négocié avec Bruxelles, sera entériné par écrit, sans qu'il soit nécessaire de convoquer un nouveau sommet européen, a-t-il ajouté. La formalisation du report devrait intervenir d'"ici mardi ou mercredi" à l'issue d'une consultation des dirigeants des 27 par une procédure écrite, selon une source européenne. Le négociateur en chef de l'UE pour le Brexit Michel Barnier s'est dit lundi "très content qu'une décision ait été prise", à l'issue de la réunion des ambassadeurs qualifiée de "courte et efficace". Le président du Parlement européen David Sassoli a estimé que cette prolongation "donnait du temps au Royaume-Uni pour clarifier ce qu'il veut".

(Avec AFP et Reuters)