Brexit : l'UE refuse toute nouvelle négociation de l'accord avec Theresa May

Par latribune.fr  |   |  639  mots
Pour Bruxelles, une renégociation des termes du Brexit est inenvisageable. (Crédits : Yves Herman)
Le négociateur européen en charge du Brexit Michel Barnier, a affirmé que l'Union européenne ne ré-ouvrira pas de nouvelles négociation sur le Brexit au lendemain de l'adoption à la Chambre des communes d'un amendement à l'accord sur la sortie de l'Union qui invite la Première ministre à renégocier le "backstop" nord-irlandais.

Pour Bruxelles c'est non. L'Union européenne a adressé un refus clair et ferme aux velléités de rouvrir les négociations sur l'accord du Brexit, alors que Theresa May, la première ministre du Royaume-Uni, avait obtenu un mandat pour rouvrir les discussions avec Bruxelles mardi 29 janvier. "Je reste confiant dans notre capacité, dans les semaines qui viennent, à obtenir un accord", a poursuivi le négociateur européen chargé du Brexit. Excluant toute reprise des discussions sur l'accord lui-même, il s'est dit ouvert à une modification de la déclaration politique qui l'accompagne, sur laquelle "nous avons la capacité d'être plus ambitieux".

Les députés britanniques se sont prononcés mardi par 317 voix contre 301 en faveur de amendement réclamant une alternative à la clause de sauvegarde censée éviter le rétablissement d'une frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord après la sortie de l'UE prévue le 29 mars, une demande déjà rejetée maintes fois par les Européens. Forte de ce mandat, la Première ministre, dont le projet d'accord a été rejeté le 15 janvier à une large majorité à la Chambre, s'est engagée à demander "des arrangements juridiquement contraignants".

"Personne, ni d'un côté ni de l'autre, n'est capable de dire en quoi consisteraient ces arrangements qui permettraient d'avoir des contrôles sur les produits, sur les animaux, sur les marchandises sans faire de frontière", a regretté Michel Barnier. On n'a pas le temps. On n'a pas les technologies pour imaginer ce que seraient précisément ces arrangements alternatifs (...) Nous sommes prêts à y travailler mais, en attendant, nous avons besoin de cette assurance (...) pour qu'il n'y ait pas de frontière en Irlande."

Donald Tusk, président du Conseil européen, a quant à lui répété que l'accord conclu avec Theresa May n'était pas renégociable. "Hier, nous avons découvert ce que le Royaume-Uni ne voulait pas. Mais nous ne savons toujours pas ce que le Royaume-Uni veut", a-t-il souligné.

Demande de clarifications

La France, qui exclut elle aussi toute renégociation, a quant à elle invité Londres à présenter des propositions "crédibles", le gouvernement allemand a demandé des "clarifications" et Dublin a reproché à Theresa May de vouloir remplacer une formule qui marche par une "formule magique". "Nous avons passé deux ans à chercher des alternatives au backstop et n'en avons pas trouvé", a rappelé Simon Coveney, chef de la diplomatie irlandaise. "Nous avons déjà regardé tous ces éléments. Nous les avons testés et nous avons conclu qu'aucun ne résistait à l'examen, et à présent, nous avons une Première ministre britannique qui plaide à nouveau pour ces éléments qui ont déjà été testés..."

Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, s'est dit convaincu qu'une solution serait finalement trouvée, tout en reconnaissant que la décision des Communes avait "accru le risque d'un Brexit désordonné". Theresa May s'est entretenue dans la soirée avec Jeremy Corbyn, chef de file du Parti travailliste, qui est favorable au maintien de liens étroits avec l'UE. "Jeremy a présenté notre projet de remplacement", a annoncé son porte-parole, qualifiant le ton de l'entrevue de "sérieux et appliqué". Les deux dirigeants ont prévu de se revoir.

La Première ministre espère pouvoir présenter le 13 février prochain un accord amendé aux parlementaires britanniques. Si ce n'est pas possible, les députés se prononceront le 14 février sur la marche à suivre. Les "Brexiters" craignent que ces délais ne servent surtout à retarder la sortie de l'UE, voire à l'empêcher purement et simplement. Des diplomates s'attendent à ce qu'une décision n'intervienne qu'au tout dernier moment tandis que plusieurs responsables jugent de plus en plus probable un report du Brexit, ou une rupture sans accord.

(Avec Reuters)