Brexit : la France ne sacrifiera pas la pêche française et bloquera tout mauvais accord

Par AFP  |   |  660  mots
Les États-membres les plus concernés par un accord avec le Royaume-Uni sur la pêche (France, Danemark, Pays-Bas ou Belgique) ont dit préférer conclure sur un "no deal", c'est-à-dire le retour aux coûteux tarifs douaniers de l'OMC, plutôt que signer "un mauvais accord". (Crédits : reuters.com)
Le Premier ministre Jean Castex a martelé jeudi que la pêche française ne pouvait pas être "sacrifiée comme variable d'ajustement" dans les négociations commerciales post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni. Certains États membres, en particulier les plus concernés par un accord avec le Royaume-Uni sur la pêche (France, Danemark, Pays-Bas ou Belgique), disent préférer un "no deal" à "un mauvais accord". L'Allemagne, dont certaines sources prétendaient qu'elle prônait un accord "à tout prix", a protesté cet après-midi vouloir certes un accord,"mais pas à n'importe quel prix".

[Article publié le 4.11.2020 à 9:47, MàJ à 15:08 avec protestation de l'Allemagne]

La France opposera son "veto" à un accord commercial post-Brexit s'il ne répond pas à certaines exigences, notamment en matière de pêche, a déclaré vendredi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune.

"S'il y avait un accord qui n'était pas bon (...) nous nous y opposerions", a-t-il déclaré sur la radio Europe 1. Avec un veto ? "Oui. Chaque pays a le droit de veto", a-t-il ajouté.

La France fera pour cela sa "propre évaluation" de l'accord, a-t-il dit.

"Nous le devons aux Français, nous le devons à nos pêcheurs et à d'autres secteurs économiques", a souligné Clément Beaune.

La pêche française ne sera pas "une variable d'ajustement"

Le risque d'un non-accord "existe" et il "faut s'y préparer", a-t-il par ailleurs répété. "Mais je veux croire qu'on peut avoir un accord et un bon accord", a-t-il également insisté.

Le Premier ministre Jean Castex a martelé jeudi que la pêche française ne pouvait pas être "sacrifiée comme variable d'ajustement" dans les négociations commerciales post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.

Lire aussi : Brexit : le Royaume-Uni joue les durs face à l'UE sur les zones de pêche

Toujours les trois mêmes écueils

Ces négociations, qui ont repris samedi à Londres, butent toujours sur trois points : l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence et la manière de régler les différends dans le futur accord.

Les négociateurs sont sous une pression de calendrier croissante car la rupture définitive entre l'UE et le Royaume-Uni aura lieu le 31 décembre, date à laquelle les Britanniques, qui ont officiellement quitté l'UE le 31 janvier, cesseront d'appliquer les normes européennes.

Un "No deal" signifiera le retour aux droits de douanes de l'OMC

Sans accord pour régir leur relation, les deux parties échangeront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas. Au risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie.

Selon une source gouvernementale au Royaume-Uni, l'UE a apporté "de nouveaux éléments" inattendus dans la négociation qui pourraient permettre une "percée". L'UE n'est plus qu'à "quelques millimètres" d'avoir concédé tout ce qu'elle pouvait, ont prévenu de leur côté jeudi des sources européennes.

Le Brexit: du sel sur les plaies des 27

Faute de compromis, le Brexit pourrait s'inviter au sommet européen des 10-11 décembre à Bruxelles, et ce, au moment où des failles apparaissent dans l'unité des 27.

Selon plusieurs sources européennes, l'Allemagne, qui occupe la présidence tournante de l'UE, et la Commission européenne veulent un accord "à tout prix".

Mais certains Etats membres, en particulier les plus concernés par un accord avec le Royaume-Uni sur la pêche (France, Danemark, Pays-Bas ou Belgique), disent préférer un "no deal" à "un mauvais accord".

L'Allemagne veut un accord  "mais pas à n'importe quel prix"

L'Union européenne, dont l'Allemagne assure la présidence jusqu'à la fin décembre, est prête à conclure un accord commercial avec le Royaume-Uni sur le Brexit, "mais pas à n'importe quel prix", a prévenu vendredi le porte-parole d'Angela Merkel.

Le "temps presse", a-t-il déclaré alors que la période de transition post-Brexit s'achève dans quatre semaines, et "nous devons nous préparer à tous les scénarios, donc aussi à la possibilité qu'il n'y ait pas d'accord".

"Chacun a ses principes, il y a des lignes rouges, mais il y a malgré tout toujours de la marge pour des compromis", a-t-il toutefois précisé, ajoutant qu'il s'agissait de la "position de base" d'Angela Merkel.

"Pour la chancelière, et (cette position) est inchangée par rapport à ces dernières semaines, il est nécessaire d'avoir une volonté de compromis des deux parties", a-t-il poursuivi.