Brexit : nouveau vote vendredi sur l'Accord de retrait

Par Reuters  |   |  662  mots
(Crédits : SIPA)
Un nouveau vote aura lieu vendredi à la chambre des Communes sur l'Accord de Brexit, le "speaker" de cette assemblée, John Bercow, l'ayant jugé possible car la motion qui lui est soumise est à ses yeux "nouvelle, substantiellement différente et conforme" à ses exigences.

John Bercow avait prévenu la semaine dernière qu'il n'accepterait pas que le parlement soit saisi une troisième fois d'un texte qu'il a déjà rejeté à deux reprises, à moins qu'il ne soit modifié. Pour le convaincre d'accepter, le gouvernement a tout simplement dissocié l'Accord de retrait de la déclaration politique qui l'accompagne.

Les députés du Parti travailliste se sont indignés contre une telle pratique, et l'un d'eux, Stephen Doughty, a estimé que "Cela m'a tout l'air d'une supercherie de premier choix".

Le vote sur l'Accord de retrait interviendra précisément le jour où le Brexit aurait dû se concrétiser - le 29 mars à minuit. Londres a cependant négocié ce mois-ci avec l'Union européenne un report au 12 avril - voire jusqu'au 22 mai si la Première ministre réussit à faire entériner l'accord de Brexit.

Si le nombre de rebelles au sein du Parti conservateur semble s'être réduit ces derniers jours, rien ne garantit, au vu des dernières prises de position, que l'accord sera entériné, d'autant plus que le Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord, dont les dix élus à la Chambre des communes sont indispensables à la majorité parlementaire du gouvernement, demeure inflexible: pas question de voter le "Withdrawal Agreement", pas question non plus de s'abstenir.

Cette clarification de la part du DUP a conduit Boris Johnson, figure emblématique des Brexiters et ancien maire conservateur de Londres, à estimé que l'accord de Brexit était bel et bien "mort".

Le porte-parole du Labour sur les questions de Brexit, Keir Starmer, a estimé que la promesse de Theresa May de démissionner si l'accord de retrait était entériné par le parlement signifiait que le Royaume-Uni s'acheminait "les yeux bandés vers le Brexit", ce qui, dit-il, sera renforcé par un vote qui n'englobe pas la déclaration politique (sur les relations futures entre la Grande-Bretagne et l'UE).

"Nous quitterions l'UE sans la moindre idée de l'orientation que nous prendrions", a-t-il dit. "Ce n'est pas acceptable et le Labour ne votera pas pour ça".

 Des liens étroits avec l'UE possibles

Un Brexit qui permettrait un alignement plus étroit du Royaume-Uni sur le marché unique de l'Union européenne est une possibilité que le Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord envisage, a déclaré le vice-président du parti dont dépend Theresa May pour disposer de la majorité au Parlement.

"De notre point de vue, l'inquiétude et la priorité pour l'Irlande du Nord ne concernent pas nécessairement la forme du Brexit", a déclaré Nigel Dodds à l'antenne locale de la BBC.

Le plus important, "peu importe le Brexit que nous avons", a-t-il poursuivi, sont les questions constitutionnelles et les barrières financières avec le reste du marché du Royaume-Uni.

"Nous voulons protéger cela et allons chercher à avoir un rôle plus important dans la deuxième phase (des négociations) afin d'éviter les problèmes que nous avons rencontrés lors de la première phase", a ajouté le dirigeant du DUP.

Le DUP, dont les dix élus à la Chambre des communes sont indispensables à la majorité parlementaire du gouvernement de Theresa May, a prévenu rejetterait encore l'accord de Brexit qui sera présenté une troisième fois au Parlement vendredi.

Depuis la publication de l'accord de retrait, à l'automne dernier, le DUP est vent debout contre le "backstop" nord-irlandais, cette clause de dernier recours qui s'appliquera, faute de mieux, pour éviter le rétablissement d'une frontière "physique" entre la république d'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord.

Il y voit une atteinte à la souveraineté et à l'intégrité du Royaume-Uni et un risque sur l'avenir de l'Irlande du Nord face à la république d'Irlande.

"Nous voulons voir le Brexit se produire, mais à condition qu'il s'agisse d'un Brexit qui maintienne l'unité du Royaume-Uni dans son ensemble, c'est la chose la plus importante", a souligné jeudi la présidente du DUP, Arlene Foster.