Brexit  : plus de la moitié des Britanniques souhaitent un retour du Royaume-Uni dans le marché unique de l'UE

Par latribune.fr  |   |  765  mots
57% des Britanniques soutiendraient aujourd'hui un retour dans l'Union européenne et 22% y seraient opposés. (Crédits : Toby Melville)
Une majorité de Britanniques serait favorable à un retour du Royaume-Uni au sein du marché unique européen, même si cela impliquait de rétablir la libre circulation des personnes entre les Etats membres, selon un sondage publié mercredi.

Vers un come-back du Royaume-Uni au sein du marché unique européen ? C'est en tous cas le souhait de la majorité des Britanniques selon un sondage publié mercredi 29 novembre.

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Près de quatre ans après le Brexit, selon un sondage de YouGov, qui a interrogé 2.138 adultes entre vendredi et dimanche, 57% des Britanniques soutiendraient un retour dans l'Union européenne et 22% y seraient opposés, a indiqué l'institut. 52% des personnes sondées estiment également que la sortie de l'UE n'était pas la bonne décision. En toute logique, les Britanniques qui ont voté contre le Brexit sont les plus enclins à un retour dans le marché unique (à 83% des sondés), quand seulement 35% de ceux qui ont voté pour une sortie de l'UE en 2016 seraient en faveur de cette proposition.

Pénurie de main d'œuvre

Une adhésion au marché unique européen rétablirait la libre circulation des biens, des services mais aussi des personnes entre le Royaume-Uni, l'Union européenne et d'autres pays non-membres de l'UE tels que la Norvège. Un revirement pour le moins symbolique, quand on sait que le Brexit s'est en grande partie joué sur la promesse de « reprendre le contrôle » des frontières britanniques. Mais, depuis 2020, les arrivées légales et illégales sur le territoire - notamment via des bateaux de migrants qui traversent la Manche - ont grimpé en flèche, mettant le Premier ministre britannique Rishi Sunak sous pression à quelques mois des élections législatives, prévues d'ici à fin 2024.

De l'autre côté, la fin de la liberté de circulation et le durcissement des règles d'immigration ont contribué à une pénurie de main-d'œuvre dans certains secteurs, et les entreprises britanniques se sont également plaintes d'une augmentation des formalités administratives pour les exportations vers l'UE.

En cas de victoire, le leader du parti travailliste ne cherchera pas à rejoindre les 27

Pourtant le retour dans l'union n'est pas une promesse brandit par les politiques. Le leader du parti travailliste Keir Starmer, donné vainqueur des prochaines élections législatives, a assuré qu'il ne chercherait pas à rejoindre les 27, le marché unique ou l'union douanière en cas de victoire, malgré son opposition au Brexit. Pour Fintan Smith, responsable de la recherche politique de YouGov, le Labour pourrait adopter une position plus audacieuse sur le sujet, sachant que 72% des Britanniques interrogés - partisans ou non du Brexit - sont favorables à un resserrement des liens commerciaux avec l'UE. Début octobre, le gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey insistait ainsi sur la nécessité pour l'économie britannique de ne pas tomber dans l'isolationnisme post-Brexit. La sortie de l'Union européenne « a effectivement créé des opportunités », et si « nous avons réussi à ce que la plupart du marché et du secteur (financier britannique) restent » au Royaume-Uni, « nous devrons travailler encore plus dur pour être sûrs de ne pas devenir isolationnistes ».

L'institut monétaire britannique et les membres de son comité de politique monétaire dénoncent depuis des mois l'impact négatif de la sortie britannique de l'UE sur le commerce extérieur, la productivité et l'inflation. En revanche, pour le gouverneur, à plus long terme, ce choc devrait s'atténuer car « ces relations commerciales s'ajustent à l'économie réelle et nous construisons de nouveaux échanges ».

Les indépendantistes écossais rêvent d'Europe

Par ailleurs, le parti indépendantiste au pouvoir en Écosse, le SNP, a de nouveau défendu mi-novembre sa volonté de voir le territoire rejoindre « rapidement » l'Union européenne s'il gagne un jour son indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Le Scottish National Party affirme qu'il « candidatera pour rejoindre l'UE dès que possible » après avoir obtenu l'indépendance de l'Écosse, selon un document publié vendredi et détaillant la stratégie du parti.

« Nous, les Écossais, avons été exclus de l'UE contre notre volonté »  depuis le Brexit, alors même qu'une majorité d'Écossais s'était prononcé pour rester dans l'UE lors du référendum de 2016, a rappelé le ministre de la Culture et des Affaires extérieures Angus Robertson, en introduction de ce document. Deux ans auparavant, le « non » l'avait emporté lors d'un référendum organisé en Écosse sur l'indépendance vis-à-vis du Royaume-Uni. Mais pour les indépendantistes la sortie de l'UE a rebattu les cartes car « la décision du gouvernement (britannique) de chercher un Brexit "dur" a eu pour conséquence pour l'Écosse d'être pénalisée au niveau économique, social et culturel ».

(Avec AFP)