Brexit : référendum le 23 juin prochain

Par Romaric Godin  |   |  914  mots
La campagne du référendum sur l'UE est lancée au Royaume-Uni.
David Cameron a annoncé qu'il convoquerait un référendum sur le maintien de l'UE le 23 juin. Il compte sur son accord arraché à Bruxelles vendredi pour convaincre les Britanniques de rester dans l'UE. Mais son camp est très divisé et la partie s'annonce serrée.

Les Britanniques devront décider le jeudi 23 juin par référendum s'ils désirent ou non continuer à faire partie de l'Union européenne. Le premier ministre du Royaume-Uni, David Cameron l'a annoncé ce samedi 20 février à l'issue d'un conseil de cabinet.

Engagement pour l'UE de David Cameron

Depuis l'accord trouvé avec ses partenaires européens vendredi 19 février, le premier ministre s'est clairement engagé dans une campagne pour que le Royaume-Uni demeure dans l'UE. Ce samedi, il a répété cet engagement en expliquant qu'un Brexit sera « un saut dans le noir ».

Lors de sa conférence de presse de vendredi, David Cameron avait déjà annoncé vouloir s'engager « de tout son cœur » et avec « toutes ses capacités » dans la campagne pour l'UE.

« Meilleur des deux mondes »

Il a ensuite expliqué sa démarche. Certes, le locataire du 10, Downing Street a affirmé : « je n'aime pas Bruxelles, j'aime la Grande-Bretagne. » Mais il s'est empressé de déclarer que, dans l'intérêt même de son pays, il entendait lutter en faveur de son maintien dans l'UE. Pour lui, l'accord obtenu vendredi soir permet d'obtenir le « meilleur des deux mondes » : conserver ce qui est positif pour le Royaume-Uni dans l'UE, laisser ce qui est négatif.

Rester dans une UE « réformée »

« La seule question qui compte pour moi comme premier ministre est de savoir ce qui est le meilleur pour mon pays. (...) Et maintenant que nous avons ce nouvel accord, je crois fermement que la réponse réside dans le fait de demeurer au sein d'une Union européenne réformée », a expliqué le premier ministre britannique.

David Cameron en campagne

David Cameron a clairement lancé la campagne dès ce vendredi en répondant d'avance aux arguments des partisans du Brexit.

« Ceux qui veulent nous faire sortir de l'UE nous feront sortir de notre position d'influence mondiale et ils ne peuvent pas vous dire ce que cela signifierait quant à la capacité pour la Grande-Bretagne de défendre ses intérêts », a souligné le locataire du « Numéro 10 ».

Pour lui, le pays sera mieux placé géopolitiquement et mieux défendu dans l'UE qu'en dehors.

Les Tories déchiré

La campagne sera cependant difficile. La question de l'UE divise les deux grands partis politiques du pays. Une partie des ministres du gouvernement feront ainsi campagne pour la sortie de l'union. C'est notamment le cas du miistre de la Justice Michael Glove et de la ministre de l'Energie, Andrea Leadson ou encore de Chris Grayling, le ministre des relations avec le parlement (« leader de la chambre des communes »). On attend la décision du maire de Londres, Boris Johnson, dont la popularité pourrait être déterminante.

Le Labour sans enthousiasme pour l'UE

Si le leader du Labour, Jeremy Corbyn devrait faire campagne pour le maintien dans l'UE, sans enthousiasme, il a annoncé qu'il laisserait les membres du parti faire campagne pour la sortie, s'ils le voulaient. Il a aussi déclaré qu'il ne fera pas campagne avec les Tories et qu'il « n'aimait pas l'UE. »

Les partis pro-Brexit

Le UKIP de Nigel Farage, qui réclamait un tel référendum depuis des années et qui a obtenu lors des élections de mai 2015 12,7 % des voix, sera, par ailleurs, le parti le plus engagé du côté du Brexit. Le DUP, principal parti unioniste d'Irlande du Nord fera aussi campagne pour une sortie de l'UE, tandis que le Sinn Féin, principal parti républicain de cette région, a annoncé son opposition au Brexit qui éloignerait le nord de l'Irlande du sud.

La presse conservatrice contre l'UE

Il faudra aussi compter avec la presse, notamment conservatrice, qui s'est montrée très critique ce matin sur l'accord arraché par David Cameron. Le Times parle de « mise en scène », tandis que le Telegraph estime que l'accord est « maigre. » Le plus violent est le tabloïd ultraconservateur Daily Express qui parle de « reculade. » Rupert Murdoch, le magnat des médias, devrait s'engager contre l'UE et faire jouer la force de ces titres. Il a déjà salué le choix de Michael Glove.

Le camp du « oui » à l'UE

Du côté du maintien dans l'UE, les partis les plus clairs seront les Libéraux-démocrates (7,9 % des voix en 2015), les Verts (3,8 %) et les nationalistes écossais du SNP (4,7 % au niveau national, près de 50 % en Ecosse). Les grands milieux d'affaires devraient aussi s'engager pour le maintien dans l'UE. Vendredi, le Daily Telegraph annonçait que 80 des 100 dirigeants de l'indice FTSE de la Bourse de Londres devrait signer un manifeste pour le maintien dans l'UE. En cas de Brexit, la City craint un isolement qui pourrait profiter aux autres places européennes, comme Francfort.

Bataille serrée

La bataille s'annonce donc serrée. L'accord de vendredi était surtout une question symbolique. Il faudra convaincre qu'il renforce en effet la position  de Londres dans l'UE et rend l'UE « acceptable » pour les Britanniques. Le dernier sondage disponible donne une avance au Brexit avec 39 % des intentions de vote contre 36 % pour le maintien dans l'UE. Il y a encore 25 % d'indécis. David Cameron s'engage dans une partie délicate. Si le Brexit l'emporte, compte tenu de son engagement pour l'UE et de l'accord trouvé avec les 27 autres pays, il lui faudra quitter le 10 Downing Street. C'est un élément qui peut aussi déclencher une bataille interne au sein des Tories et jouer en faveur d'un Boris Johnson, qui attend son heure depuis des années.