Brexit : Theresa May pressée de dévoiler son projet post-Brexit

Par latribune.fr  |   |  576  mots
(Crédits : Toby Melville)
À neuf mois du Brexit, le patronat britannique, mais aussi plusieurs hauts responsables de l'Union européenne, pressent Theresa May de dévoiler rapidement ses objectifs pour la future relation commerciale qu'elle souhaite nouer avec l'UE après leur séparation, fin mars 2019. La fameux Livre blanc, prévu pour la semaine prochaine, est très attendu, notamment pour connaître la position "précise" de Londres sur la question de la frontière irlandaise.

Au Royaume-Uni, les entreprises n'en peuvent plus du manque de clarté du gouvernement de Theresa May à moins de neuf mois du Brexit, et de l'absence de progrès dans les négociations avec Bruxelles. À la veille d'une réunion ministérielle cruciale sur le sujet, qui doit déboucher sur la publication (très attendue) d'un Livre blanc, l'organisation des British Chambers of Commerce (BBC), qui regroupe 52 chambres du commerce régionales britanniques, a mis en ligne une liste de 24 grandes questions pratiques que se posent les entreprises britanniques sur les conséquences de la sortie du pays de l'UE, et auxquelles une réponse du gouvernement est attendue.

Selon les BBC, des progrès n'ont été enregistrés que pour deux d'entre elles, à savoir l'emploi des Européens au Royaume-Uni après le Brexit et les standards industriels à respecter. Mais sur le transport aérien de marchandises, la présence ou non de visas supplémentaires pour les voyages d'affaires en Europe, et l'instauration des tarifs douaniers sur le commerce, le flou demeure.

Condamnées à l'attentisme, les sociétés britanniques investissent moins

Pour les BBC, l'incertitude prolongée quant aux relations commerciales des deux côtés de la Manche décourage l'investissement des entreprises. Les derniers chiffres de l'Office des statistiques nationales publiés la semaine dernière ont, effectivement, fait état d'un repli de 0,4% de l'investissement des sociétés au Royaume-Uni au premier trimestre.

Les professionnels des secteurs juridiques, de conseil et de publicité ont également exprimé leur inquiétude dans une lettre ouverte adressée à la Première ministre Theresa May. "Compte-tenu de nos forces et de notre position concurrentielle actuelle, le Royaume-Uni doit obtenir le bon accord", peut-on lire dans la-dite lettre. Ce secteur emploie 4,6 millions de personnes et contribue à hauteur de 188 milliards de livres à l'économie du pays.

L'UE attend une proposition "précise" sur la frontière irlandaise

La patience a aussi des limites dans les rangs du Parlement européen. Devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg le 3 juillet, le président du Conseil européen Donald Tusk a notamment fait état de son "impatience" de voir publier le fameux Livre blanc (sûrement pour la semaine prochaine), un document dans lequel doivent être détaillés les objectifs du gouvernement de Theresa May pour la future relation commerciale qu'il souhaite nouer avec l'UE après leur séparation. Il le veut "clair, réaliste, ambitieux", en particulier sur la question irlandaise.

Les termes de cette nouvelle relation devront, en effet, garantir qu'il n'y aura pas de retour d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, un objectif partagé sur le fond par Londres et Bruxelles.

"Plus vite nous aurons une proposition britannique précise sur la frontière irlandaise, meilleures seront les chances de finaliser les négociations du Brexit cette année", a insisté Donald Tusk. Et d'ajouter : "Nous ne pouvons pas progresser sans qu'un 'backstop' solide soit présenté par le Royaume-Uni et accepté par nos amis irlandais", en référence à la solution de précaution exigée par l'UE.

Celle-ci, dite "backstop", prévoit le maintien de l'Irlande du Nord dans le territoire douanier de l'UE, si Londres et Bruxelles ne concluent pas d'accord satisfaisant. Dans tous les cas, les Européens ont fait savoir qu'ils n'accepteraient aucun projet ne convenant pas au gouvernement irlandais.

(avec AFP)