Bruxelles pointe la France du doigt en révisant ses prévisions

Par latribune.fr  |   |  724  mots
La Commission européenne constate que la zone euro fait face à un contexte international compliqué avec le ralentissement des grandes économies émergentes.
Dans ses prévisions d'hiver, la Commission européenne a revu légèrement à la baisse ses prévisions de croissance pour la France, mais aussi pour la zone euro. Bruxelles juge toutefois que Paris ne sera pas capable de ramener son déficit sous les 3% à horizon 2017 comme promis.

La Commission européenne reste sceptique sur la capacité de la France à ramener son déficit public sous la barre des 3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2017. Bruxelles table plutôt sur 3,2% après 3,4% cette année, selon ses prévisions économiques d'hiver publiées jeudi.

Cette anticipation d'un déficit à 3,2% est légèrement plus favorable que le 3,3% qui était envisagé dans les dernières prévisions de l'exécutif européen publiées début novembre. Mais Bruxelles continue de penser que la France ne respectera pas son objectif, en raison d'une croissance des recettes fiscales trop faible pour compenser la dépense publique.

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La Commission résolument pessimiste pour la France

La croissance des recettes devrait s'accélérer mais à "seulement 2,3%" l'an prochain, après +1,9% en 2016, "les réductions d'impôts pour les entreprises prévues dans le cadre du Pacte de responsabilité n'étant pas pleinement compensées", est-il souligné dans un communiqué. En outre les dépenses de l'Etat et des soins de santé "devraient évoluer conformément aux tendances récentes", est-il ajouté.

A la mi-janvier, le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, avait reproché à la France de tarder à mener les réformes structurelles nécessaires pour "corriger son déficit excessif" d'ici 2017.

"En clair, le pays devra faire plus d'efforts structurels en 2017, pour corriger son déficit excessif", avait affirmé le commissaire, selon qui "cela aurait été plus facile si plus d'efforts avaient été réalisés en 2015 et 2016".

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Paris veut rentrer dans les clous en 2017

Paris s'est engagé à ramener le déficit public de 3,7% du PIB en 2015 à 3,3% cette année, avant de repasser en 2017, année des élections présidentielle et législatives, sous la barre symbolique des 3% du PIB, fixée par le "pacte de stabilité" européen. Consciente que Paris ne ramènerait pas son déficit sous 3% en 2015, la Commission lui avait accordé un délai de deux ans pour s'exécuter.

Côté croissance, l'exécutif européen continue de tabler sur une progression du PIB de la France de +1,7% en 2017 (Paris n'a pas exprimé de prévision, ndlr), mais réduit légèrement, à 1,3% contre 1,4% auparavant, sa prévision pour cette année. Le gouvernement français vise, de son côté, 1,5% de croissance en 2016, après 1,1% en 2015.

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Le taux d'endettement revu à la hausse

En 2017, la croissance devrait être "tirée par la consommation privée puis par une reprise de l'investissement", a déclaré jeudi Pierre Moscovici, commissaire chargé de l'Economie.

Bruxelles estime par ailleurs que le niveau de dette publique rapporté au PIB sera de 97,1% en 2017, après 96,8% cette année -contre 97,4% et 97,1% anticipés il y a trois mois dans les prévisions d'automne-, et 96,2% en 2015.

La Commission voit le taux de chômage en France légèrement reculer l'an prochain, à 10,3%, après 10,5% en 2016, comme en 2015. Un taux qui se situerait en 2017 un peu au-dessus de la moyenne de la zone euro (10,2%).

La zone euro fera aussi moins bien que prévu

Sur la zone euro, la Commission a également revu ses prévisions à la baisse. Bruxelles a pointé "les risques" accrus sur l'économie, tel le ralentissement dans les pays émergents.

Ainsi, la Commission table désormais sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,7% en 2016 en zone euro, contre 1,8% prévu dans ses prévisions d'automne le 5 novembre dernier. En 2015, la croissance s'était établie à 1,6%. Pour 2017, la Commission n'a pas changé ses prévisions par rapport à novembre dernier, tablant toujours sur 1,9%.

"L'économie européenne parvient à surmonter de nouveaux défis cet hiver, grâce à un pétrole bon marché, au taux de change de l'euro et à la faiblesse des taux d'intérêt. Néanmoins, la dégradation du contexte mondial constitue un risque face auquel nous devons redoubler de vigilance", a déclaré Pierre Moscovici.

Pour l'ensemble de l'UE, la croissance économique devrait rester stable à 1,9% cette année et augmenter pour atteindre 2,0% l'an prochain, selon les prévisions d'hiver. Lors de ses prévisions d'automne, la Commission tablait sur une croissance de 2% cette année et de 2,1% pour 2017.

(Avec AFP)