Bruxelles : un plan d'urgence en cinq points pour endiguer la flambée des prix de l’électricité

Par latribune.fr  |   |  686  mots
(Crédits : JOHANNA GERON)
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé cinq mesures destinées à endiguer la flambée des prix de l'électricité, qui affectent fortement les entreprises et les ménages des Etats membres. Ces mesures seront débattues vendredi prochain lors d'une réunion d'urgence des ministres européens de l'Energie.

Alors que les ministres européens de l'Énergie doivent se réunir vendredi 9 septembre, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, vient de présenter à la presse les cinq mesures qui seront discutées à l'occasion de cette réunion exceptionnelle dédiée à la lutte contre la flambée des prix de l'électricité en Europe.

La première mesure consiste à mettre en place un dispositif contraignant pour réduire la consommation d'électricité lors des heures de pointe. Le but étant d'aplanir la courbe de la demande d'électricité car c'est lorsqu'il y a des pics de demande que les centrales à gaz sont appelées pour produire de l'électricité. Or, aujourd'hui les coûts de production de ces centrales sont considérables, puisqu'ils sont directement liés au prix du gaz qui atteint, lui-même, des sommets.

Rediriger les profits "inattendus" des entreprises

La deuxième mesure consiste à plafonner les recettes des entreprises qui produisent de l'électricité bas carbone à bas coûts, comme les centrales éoliennes et photovoltaïques « car ces bénéfices ne reflètent pas les coûts de production », pointe la cheffe de l'exécutif européen. « Il est temps que les consommateurs puissent bénéficier des bas coûts de production des énergies décarbonées, comme les énergies renouvelables », a-t-elle ajouté.

Bruxelles souhaite ainsi réorienter ces bénéfices inattendus pour soutenir les entreprises et ménages les plus fragiles. Une mesure contre laquelle le secteur des énergies renouvelables se montre très inquiet. Et pour cause, les premiers concernés seraient les producteurs d'électricité éolienne et solaire, qui assurent être eux-mêmes pris à la gorge par la flambée des prix des matériaux de construction.

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La troisième mesure concerne, elle, les bénéfices inattendus des entreprises pétro-gazières. « Les Etats membres doivent investir ces revenus pour aider les entreprises et les foyers vulnérables et investir dans des sources d'énergie propres et locales», a expliqué la présidente de la Commission européenne.

Si le mot "taxe" n'a volontairement pas été prononcé par Ursula von der Leyen, la redirection d'une partie des énormes profits réalisés par les producteurs d'énergie décarbonée et les entreprises pétro-gazières suppose bien que les Etats membres puissent les collecter dans un premier temps.

En France, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a répété son opposition à toute forme de taxation ou de contribution obligatoire. Il promeut, en revanche, une solution alternative, celle du financement d'un « fonds vert » par les groupes sur une base volontaire.

Plafonner le prix du gaz russe

La quatrième mesure cible les fournisseurs d'électricité. La volatilité des marchés est telle que « ces entreprises doivent débourser actuellement d'énormes fonds », a souligné la cheffe de l'exécutif européen, qui pointe un « problème de liquidités »«Cela menace leur capacité d'action et la stabilité des marchés à terme », a-t-elle estimé. Pour y remédier, elle propose la mise en place rapide de garanties d'Etat.

La cinquième et dernière mesure vise à plafonner le prix du gaz russe. « Nos sanctions nuisent fortement à l'économie russe. Mais Poutine s'en sort grâce aux revenus issus des énergies fossiles », a rappelé Ursula von der Leyen. Avant le début du conflit, 40% du gaz importé par l'Union européenne provenait de Russie. Aujourd'hui, ce niveau est descendu à 9%.

Cette dernière mesure, si elle était retenue, semble toutefois très difficile à mettre en œuvre à l'image d'une démarche similaire déjà initiée sur le pétrole russe. En effet, la semaine dernière, les pays du G7 ont indiqué vouloir mettre en œuvre «urgemment» un plafonnement du prix du pétrole russe, encourageant une «large coalition» de pays à y participer, en représailles contre l'offensive menée en Ukraine. Mais, le président russe Vladimir Poutine a menacé, ce mercredi, de cesser toute livraison d'hydrocarbures en cas de plafonnement des prix.