Face à l'envolée des prix de l'électricité, les ministres européens de l'énergie se réuniront en urgence le 9 septembre

Pressés par l'Allemagne de s'entendre « rapidement » sur une réforme du marché européen de l'électricité, dont les règles sont mises en cause face à l'envolée des prix, les ministres de l'Energie de l'Union européenne tiendront des discussions d'urgence le 9 septembre.
Le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela juge que la solution au niveau de l'UE « est de loin la meilleure ».
Le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela juge que la solution au niveau de l'UE « est de loin la meilleure ». (Crédits : JOHANNA GERON)

Face à la flambée des prix de l'électricité qui battent des records en Europe, les ministres de l'Energie de l'Union européenne vont se réunir en urgence. « Je convoque une réunion extraordinaire du Conseil de l'Energie. Nous nous réunirons à Bruxelles le 9 septembre. Nous devons réparer le marché de l'énergie », a déclaré sur Twitter, ce lundi, le ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Jozef Sikela, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'Union européenne (UE). « La solution au niveau de l'UE est de loin la meilleure que nous ayons », a-t-il souligné, alors que l'Europe des 27 s'efforce de réduire sa dépendance à l'égard des approvisionnements en pétrole et en gaz russes depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

L'objectif de cette réunion : réformer le marché européen de l'électricité dont le fonctionnement est de plus en plus critiqué face à la folle envolée des prix. « La flambée des prix de l'électricité montre clairement les limites du fonctionnement actuel du marché. Celui-ci avait été conçu dans un contexte très différent », a reconnu Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, lors d'une conférence à Bled (Slovénie). « C'est pourquoi nous travaillons en ce moment à une intervention d'urgence et à une réforme structurelle du marché », a-t-elle affirmé, sans plus de précisions.

Un prix imposé à tous les opérateurs du continent

Sur le marché européen, c'est le prix de revient de la dernière source d'électricité mobilisée pour répondre à la demande, souvent les centrales au gaz, qui détermine le prix qui s'impose à tous les opérateurs du continent. Ce prix s'est envolé de concert avec la flambée des cours du gaz, liée à la baisse drastique des livraisons gazières russes à l'Europe. Résultat : vendredi, l'Allemagne et la France ont annoncé des prix record pour l'électricité, le contrat allemand pour l'année à venir atteignant 995 euros (995 dollars) par mégawattheure, tandis que l'équivalent français a dépassé les 1.100 euros, contre 85 euros dans les deux pays l'année dernière.

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Après six mois de guerre en Ukraine, les appels à modifier le marché commun de l'électricité se multiplient. Dimanche, le chancelier autrichien Karl Nehammer a appelé l'Union européenne à « découpler le prix de l'électricité de celui du gaz » pour « arrêter cette folie ». Le même jour, la ministre belge de l'Energie Tinne Van der Straeten appelait à réformer « un marché en échec », qui n'est « plus tenable pour beaucoup de consommateurs et de familles ». Ce découplage était également réclamé par Paris, qui estime que les consommateurs français sont pénalisés, empêchés de bénéficier pleinement des bas coûts du nucléaire par un mécanisme jugé « obsolète ».

Berlin change de ton

Quant à l'Allemagne, fortement dépendante du gaz russe et qui s'était farouchement opposée à toute réforme du marché de l'électricité avec huit autres Etats membres qui jugeaient le système actuel efficace, le ton a résolument changé. Le système actuel « ne peut pas être décrit comme fonctionnel s'il conduit à des prix de l'électricité aussi élevés », a déclaré lundi le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une conférence de presse à Prague. Le dirigeant estime « qu'il faut maintenant agir rapidement, de façon coordonnée » au niveau de l'Union européenne, éviter les « actions isolées » de la part des Etats membres et s'entendre « rapidement » sur une réforme du marché européen de l'électricité.

Cette flambée des prix intervient alors que la Commission européenne prévoit de réduire de deux tiers la dépendance de l'UE à l'égard du gaz russe cette année et de mettre fin à sa dépendance à l'égard des approvisionnements russes en combustible avant 2030. Dans le cadre de ses sanctions à l'égard de la Russie, l'UE a, d'ailleurs, interdit les importations de charbon en provenance de Russie. De manière générale, elle ambitionne de réduire de 15% la consommation de gaz dans l'UE pour faire face à la crise des prix de l'énergie est entré en vigueur au début du mois. L'objectif est de permettre à l'UE de renforcer ses réserves de gaz en prévision d'un hiver qui risque d'être très rude.

Depuis quelques semaines, les États membres lancent des campagnes d'économie d'énergie pour limiter la hausse des factures, notamment en réduisant la climatisation, en éteignant les écrans publicitaires lumineux la nuit et en interdisant le chauffage des piscines privées. Depuis le mois de juin, le gouvernement français répète son objectif de réduction de 10% de la consommation énergétique en France d'ici 2024. Un effort dans lequel les entreprises « feront leur part », a promis lundi le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.

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(Avec AFP)

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