Budget de l'Union : même sans les Britanniques, les Européens restent désunis

Par latribune.fr  |   |  630  mots
Première contributrice nette au budget européen, l'Allemagne s'est dite prête à payer davantage pour le futur budget 2021-2027. La France et l'Italie, qui suivent l'Allemagne dans la liste des plus grands contributeurs nets, sont pour une augmentation, assortie de conditions. (Photo : Emmanuel Macron et Angela Merkel, le vendredi 23 février lors du sommet informel des Vingt-Sept à Bruxelles) (Crédits : Reuters)
C'est bien la première fois -Brexit oblige- qu'un futur budget européen est débattu sans les Britanniques. Pour autant la Discorde n'est pas restée de l'autre côté de la Manche : et les désormais non plus 28 mais 27 États-membres sont divisés en deux camps : ceux qui veulent voir augmenter le futur budget européen (2021-2027) et ceux qui s'y opposent.

Ce vendredi 23 février, les vingt-sept chefs d'État et de gouvernement européens ont entamé une longue discussion sur le budget de l'Union pour la période 2021-2027. Longue car, bien que la Commission espère qu'un accord sera conclu d'ici aux élections européennes de mai 2019, nombreux sont les dirigeants qui doutent que ce calendrier soit réaliste. Ils se souviennent qu'il leur avait en effet fallu pas moins de 29 mois de négociations pour s'accorder sur le budget en cours.

Aucune décision ne sera donc prise sur le budget lors de ce Conseil informel à Bruxelles. On débute seulement la négociation et celle-ci promet d'être plutôt binaire, puisque la partie s'organise autour de l'affrontement de deux camps : d'un côté, ceux qui veulent voir ce futur budget augmenter et, de l'autre, ceux qui s'y opposent.

La Commission veut augmenter le budget et propose des économies

Et justement l'une des premières données à prendre en compte, c'est le départ du Royaume-Uni de l'Union en 2019, lequel engendrera une perte de 10 à 12 milliards d'euros par an.

La Commission européenne souhaite que le budget soit porté à 1,1-1,2% du produit intérieur brut de l'UE contre 1% actuellement, et propose de compenser la perte causée par le départ du Royaume-Uni par des économies et des nouvelles ressources.

Allemagne, France, Italie sont pour l'augmentation

Première contributrice nette, l'Allemagne s'est dite prête à payer davantage. La France et l'Italie, qui suivent l'Allemagne dans la liste des plus grands contributeurs nets, sont pour une augmentation, assortie de conditions.

Ces trois pays souhaitent en particulier lier les versements au respect par les Etats membres des valeurs de l'Union, mises à mal notamment en Pologne selon de nombreux Européens, et de la solidarité européenne - à travers les mécanismes mis en place pour répondre à la crise migratoire.

Angela Merkel, Emmanuel Macron, et Paolo Gentiloni sont arrivés à pied au Conseil, la chancelière flanquée du président français et du président du Conseil italien, mais ils ne se sont exprimés que sur la réunion sur le G5 Sahel organisée dans la matinée.

Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark serrent les cordons de la bourse

Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, a répété son opposition à toute hausse du budget :

"Pas d'augmentation, une modernisation", a-t-il dit aux journalistes à son arrivée.

L'Autriche, la Suède et le Danemark, autres contributeurs nets, sont également opposés à une hausse. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz a enfoncé le clou :

"Les contributeurs nets font déjà beaucoup."

Reprise en main de la nomination du futur président de la Commission

Les Vingt-Sept devraient par ailleurs rejeter vendredi une demande du Parlement européen qui souhaite que le prochain président de la Commission soit choisi parmi les candidats sélectionnés par les principaux groupes parlementaires.

Lire aussi : Macron joue son va-tout sur la présidence de la Commission

Il apparaîtra qu'"il y a plutôt un consensus pour dire qu'il ne faut pas d'automaticité", a dit une source à l'Elysée en milieu de semaine.

"Le Conseil européen ne va pas renoncer à sa prérogative, à sa compétence prévue par le traité, de discuter avec le Parlement européen qui sort des élections européennes de 2019 pour désigner ensemble le président de la Commission."

Décision sur la réduction du nombre de parlementaires à 705 (contre 751)

Les Vingt-Sept devraient aussi s'entendre sur le principe d'une réduction du nombre de parlementaires, de 751 à 705, qui entrera en vigueur après le départ des 73 députés britanniques. Vingt-sept de leurs sièges seront répartis entre les autres pays de l'UE pour tenir compte de leur évolution démographique.