Theresa May veut que Trump clarifie au plus vite ses intentions sur l'Otan

Par latribune.fr  |   |  657  mots
Theresa May assiste, le 13 novembre 2016 à Londres, au Dimanche du Souvenir (Remembrance Sunday), à la mémoire des guerres du XXe siècle. La famille royale participe à cette commémoration ainsi que les représentants de tous les partis politiques britanniques: le travailliste Jeremy Corbyn (centre de la photo), Angus Robertson du Parti national écossais (à g.), mais encore les ex-Premiers ministres Tony Blair (2e rang gauche) et John Major (2e r. droite).
La promesse du candidat Trump de se désengager de l'Otan pourrait inquiéter les Etats européens alors que les budgets consacrés à la défense sont presque partout en baisse, malgré la crise ukrainienne, le conflit syrien et la menace terroriste.

La Première ministre britannique, Theresa May, espère soulever au plus vite la question de l'engagement américain au sein de l'Otan avec Donald Trump, a déclaré mardi 15 novembre sa porte-parole.

Pendant la campagne électorale, le futur président américain a considéré que l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (Otan) coûtait trop cher aux Etats-Unis (ils paient plus des deux tiers des dépenses militaires) et a proposé de faire contribuer davantage les alliés européens au financement de leur défense, faute de quoi ils devraient se débrouiller seuls.

May souhaite aborder avec Trump les questions de fond

Hier mardi 15 novembre, la porte-parole de la dirigeante britannique a déclaré à la presse que le Royaume-uni espérait consolider ses liens avec Donald Trump et "parmi les dossiers que nous voudrions aborder avec cette administration, il y a l'approche de l'Otan, l'importance de l'Otan". Theresa May entend également aborder la question des relations avec la Russie "dans le contexte du conflit syrien" et "l'importance de prendre fait et cause pour le libre-échange", a encore déclaré sa porte-parole.

Hollande et l'Otan contre tout désengagement des Etats-Unis

Dès le 9 juillet, au sommet de Varsovie, et alors que le Royaume-uni venait de voter la sortie de l'Union européenne, François Hollande avait de nouveau défendu l'idée d'une défense à l'échelle du continent, en complément de l'Alliance atlantique (Otan).

"Une défense européenne séparée de l'Otan n'aurait aucun sens", a-t-il dit. "Il est important que l'UE et l'Otan puissent travailler en bonne intelligence et en pleine coopération."

Le président français ajoutait à propos de son inquiétude de voir le républicain Donald Trump accéder à la Maison Blanche:

[Ces élections] "ne doivent pas remettre en cause le lien transatlantique" [entre l'Europe et les Etats-Unis].

Dimanche 13 novembre, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Otan, estimait dans un article publié dimanche dans The Observer que faire cavalier seul en matière de défense et de sécurité n'est une option ni pour les Etats-Unis, ni pour l'Europe. Le dirigeant de l'Alliance atlantique réagissait aux déclarations faites par Donald Trump lors de la campagne présidentielle américaine selon lesquelles Washington serait prêt à abandonner ses alliés si ces derniers ne faisaient pas un effort financier suffisant pour assurer leur propre défense.

Et pourtant, la défense européenne avance à tout petits pas

Et pourtant, malgré les urgences, la défense européenne semble toujours peiner à se concrétiser.

Ainsi, lundi 14 novembre, Paris et Berlin ont présenté un projet de Défense européenne aux ministres européens des Affaires étrangères et de la Défense pour obtenir leur aval. Ce projet ne prévoit que de modestes mesures, telles que la hausse de la contribution financière des Etats membres aux missions militaires de l'UE, l'augmentation des moyens matériels, notamment drones et hélicoptères, et l'élargissement des opérations de maintien le paix. Il n'est pas question d'armée européenne, bien que la création d'un centre de programmation des missions civiles et militaires soit proposé.

    > Lire : Otan : les dépenses sont en baisse malgré les menaces

Les auteurs du projet peinent toutefois à convaincre que cette Europe de la défense ne sera pas concurrente de l'Otan. Outre la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, l'élection d'un président russophile en Bulgarie plaide également pour sa mise en oeuvre.

Selon le chef de la diplomatie française, l'Europe ne doit pas dépendre de la décision des autres. Elle doit défendre ses intérêts et son autonomie stratégique dans le monde, a dit Jean-Marc Ayrault à son arrivée à Bruxelles.

Le projet sera validé lors d'un sommet en décembre et sa mise en oeuvre prendra sans doute de nombreux mois.

(Avec Reuters)