En réponse à la BCE, le président de la Bundesbank dit « nein » au « punk »

Par AFP  |   |  558  mots
(Crédits : Fabrizio Bensch)
Après le ton rassurant donné la veille par la banque centrale européenne, le banquier central allemand a, lui, défendu l'objectif de stabilité des prix, défini par un taux d'inflation proche de 2%, et qui doit rester selon lui la boussole de l'institution.

Le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann, s'est distancié mercredi du discours d'un haut dirigeant de la BCE prônant une intervention monétaire plus forte en établissant un parallèle avec un tube de l'ex-duo d'électro Daft Punk.

"Pour être honnête, je n'avais jamais pensé au 'punk' avant", a réagi M. Weidmann, qui était interrogé sur l'analogie musicale qu'il ferait pour définir la politique monétaire adéquate dans le contexte de pandémie.

Fabio Panetta, membre du directoire de la Banque centrale européenne, avait repris mardi le titre d'un succès de Daft Punk pour résumer sa pensée monétaire: "Harder, better, faster, stronger" (plus dure, meilleure, plus rapide, plus forte).

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"Ne pas perdre de vue les risques"

Une comparaison "pas évidente" pour M. Weidmann qui a renvoyé à la partition "plutôt calme" des débats au conseil des gouverneurs de l'institut monétaire.

Selon le banquier central allemand, connu pour ses positions orthodoxes, la BCE, engagée dans une politique expansive de rachats de dette, ne devrait pas "perdre de vue les risques" de son action ni "manœuvrer dans une situation dont il serait difficile de sortir".

Les gardiens de l'euro doivent être prêts à agir, avait au contraire expliqué l'Italien Panetta, pour démontrer qu'ils n'accepteront pas de hausse des taux des emprunts souverains de la zone euro, dans le sillage des obligations américaines.

Pour le banquier central allemand, c'est l'objectif de stabilité des prix, défini par un taux d'inflation proche de 2%, qui doit rester la boussole de la BCE.

Bénéfice nul en 2020

Conséquence de la politique monétaire expansive de la BCE : la Bundesbank a communiqué mercredi un résultat net nul en 2020, une première depuis 1979 liée à une plus large couverture du risque au bilan.

La dotation de provision pour risques a été augmentée de 2,4 milliards d'euros, pour porter son total à 18,8 milliards au bilan.

En 2019, la Bundesbank avait enregistré un gain pléthorique de 5,9 milliards d'euros.

Par conséquent la "Buba" ne reversera pas cette année de dividendes au budget de l'Etat fédéral, lui-même attendu en large déficit.

La Banque fédérale allemande aura été le plus gros acheteur net de titres publics et privés en zone euro l'an dernier, avec un total de 221 milliards, principalement via le programme d'urgence "PEPP" lancé en mars par la BCE pour affronter la crise du Covid.

L'institut allemand a dans ce cadre acheté de gros volumes d'obligations d'entreprises avec un risque de défaut à prendre en compte.

Il anticipe par ailleurs de percevoir pendant longtemps des produits d'intérêts faibles sur son portefeuille de titres ramassés sur le marché tandis que les taux négatifs prélevés sur les dépôts bancaires - soit -0,5% à ce jour -  finiront eux par se transformer en charges d'intérêts une fois que la BCE aura relevé ses taux directeurs.

Ce risque doit par conséquent être provisionné et la Bundesbank s'attend à en faire de même pour l'année en cours "d'autant plus qu'aucun changement fondamental de la situation de risque n'est attendu", a conclu le banquier central.