Etats-Unis : croissance décevante au deuxième trimestre

Par Romaric Godin  |   |  447  mots
Faible croissance au deuxième trimestre pour l'économie étasunienne.
La première économie mondiale a connu une croissance de 1,2 % en rythme annualisé entre avril et juin. Un résultat faible, qui complique la tâche de la Fed.

La croissance des Etats-Unis a été moins forte que prévu au deuxième trimestre. Alors que les estimations médianes des analystes calculées par Bloomberg se situaient à 2,5 % en rythme annualisé, le PIB n'a progressé que de 1,2 % entre avril et juin. Au premier trimestre 2016, la croissance trimestrielle annualisée avait déjà été faible, à 0,8 %. Et là aussi, c'est une déception, puisque le département au Commerce a revu à la baisse le chiffre précédemment publié de 1,1 %.

Ralentissement continu

Sur un an, la croissance étasunienne s'affiche à 1,2 % d'un trimestre à l'autre, soit un ralentissement par rapport au premier trimestre où cette croissance annuelle se situait à 1,6 %. Au dernier trimestre de 2015, elle était encore à 1,9 %. Il y a donc clairement un rythme de croissance de plus en plus faible pour la première économie mondiale. Et ceci pose un vrai défi pour la présidente de la Fed, Janet Yellen, qui, mercredi, a laissé entendre qu'elle était prête à un nouveau durcissement monétaire à partir de septembre en soulignant que les risques avaient « diminué » sur l'économie des Etats-Unis. Ce schéma semble clairement remis en cause avec ce chiffre décevant de croissance.

Baisse de l'investissement

D'autant que les composantes de la croissance ne sont pas encourageantes. Certes, la consommation a continué à se bien porter, avec une hausse de 4,2 % sur le trimestre en rythme annualisé, soit son rythme le plus soutenu depuis la fin de l'année 2014. Mais les économistes interrogés par Bloomberg prévoyaient une hausse de 4,4 %. Ce sont surtout les investissements qui sont préoccupants. Les dépenses des entreprises en équipement ont reculé de 2,2 % sur le trimestre en rythme annualisé après un recul de 3,4 % au premier trimestre. Quant à l'investissement résidentiel, il est en recul de 6,1 % sur le trimestre en rythme annualisé, la plus forte chute depuis le troisième trimestre 2010 et la seule depuis ces deux dernières années.

Choix cornélien pour la Fed

La Fed va donc devoir prendre sa décision en septembre avec beaucoup de précaution. Remonter les taux et prendre le risque d'une remontée du dollar dans un contexte de ralentissement de l'activité et de baisse des investissements serait un pari risqué. Les derniers chiffres très décevants des commandes de biens durables ne sont guère encourageants, de ce point de vue. Mais Janet Yellen peut être désireuse de récupérer au plus vite la possibilité de jouer sur les taux en cas de ralentissement plus brusque. Avec des taux bas, la Fed est en effet assez désarmée, sauf à relancer l'assouplissement quantitatif. Mais le risque est de brusquer une économie fragile et sans autre dynamique que la consommation.