Face à la menace d'une pénurie de gaz, l'UE commencera à économiser son gaz la semaine prochaine

Par latribune.fr  |   |  666  mots
La réduction de 15% de la consommation de gaz au sein de l'UE entrera en vigueur « au début de la semaine prochaine ». (Crédits : Konstantin Chernichkin)
Dès le début de semaine prochaine, le texte adopté le 26 juillet par l'UE entrera en vigueur. Il prévoit que chaque pays fasse « tout son possible » pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, sa consommation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période.

Elle l'avait annoncé, ce sera bientôt chose faite : l'Union européenne commencera à économiser son gaz la semaine prochaine. Plus concrètement, la réduction de 15% de la consommation de gaz au sein de l'UE entrera en vigueur « au début de la semaine prochaine », a annoncé vendredi la présidence tchèque du Conseil de l'UE. « Le règlement sur la réduction de la demande de gaz a été formellement adopté. Le texte sera publiée au Journal Officiel au début de  la semaine prochaine et entrera en vigueur un jour après sa publication », a précisé la présidence sur son compte Twitter. Il devrait être publié lundi et entrera en vigueur mardi, a-t-on précisé de source diplomatique européenne.

Alors que les livraisons de gaz russe, acheminées par le géant Gazprom, ne cessent de diminuer depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et les sanctions économiques prises par les occidentaux contre la Russie, les Vingt-Sept se voient contraints d'économiser leurs réserves. Au point de craindre des pénuries et un rationnement pour l'hiver prochain, notamment en Allemagne qui dépendait à plus de 50% de la Russie pour son gaz. Descendue à 35%, elle n'en demeure pas moins inquiète quant à ses capacités de subvenir aux besoins de ses entreprises et de sa population quand les températures baisseront.

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Se préparer au « scénario du pire »

Pour éviter un scénario catastrophe, les États-membres se sont entendus le 26 juillet sur un compromis historique afin de diminuer leur consommation de gaz de façon coordonnée. Le plan prévoit ainsi que chaque pays fasse « tout son possible » pour réduire, entre août 2022 et mars 2023, son utilisation de gaz d'au moins 15% par rapport à la moyenne des cinq dernières années sur la même période. Et ce, pour économiser quelque 45 milliards de mètres cubes de gaz, une quantité équivalente à ce qu'il viendrait à manquer si la Russie coupait totalement les flux et dans le cas d'un hiver particulièrement froid. C'est d'ailleurs une éventualité à laquelle la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appelé les États membres à « se préparer », évoquant le « scénario du pire ». En cas de « risque de grave pénurie », un mécanisme d'alerte rendra « contraignante » pour les Vingt-Sept la réduction de 15%, mais cet objectif sera adapté aux réalités de chaque État, notamment aux capacités d'exporter les quantités de gaz économisées aux pays dans le besoin, grâce à une série de dérogations. Les États-membres doivent par ailleurs reconstituer leurs stocks avant l'hiver.

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L'accord n'a toutefois pas satisfait tout le monde. La Hongrie, s'est opposée à cette mesure jugée « injustifiable, inutile, inapplicable et nuisible », mais l'unanimité n'étant pas requise, le gouvernement hongrois n'a pas pu empêcher son adoption. D'autres pays avaient manifesté leur mécontentement face à ce dispositif comme l'Espagne qui, n'étant pas dépendante de la Russie pour son gaz, rencontre peu de difficultés pour remplir ses réserves en prévision de l'hiver.

Les stocks bientôt remplis en France

En France, si l'inquiétude est bel et bien présente, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a assuré, mercredi dernier, que la France aura des réserves complètes de gaz avant le 1er novembre. « Nous sommes aujourd'hui à 80% de remplissage de nos stocks de gaz stratégiques, nous sommes en avance par rapport à notre objectif et cela veut dire que nous remplirons à 100% nos stockages avant le 1er novembre, ce qui était notre objectif », a-t-elle affirmé. Complètes à 100%, les réserves stratégiques de gaz représentent environ 25% de la consommation annuelle de la France. Laquelle dépend évidemment aussi, et d'abord, de l'approvisionnement de fournisseurs privés.