Face à la présence de Wagner proche de la Pologne, Varsovie annonce de nouveaux renforts à la frontière avec la Biélorussie

Par latribune.fr  |   |  754  mots
Le ministre de la Défense polonais, Mariusz Blaszczak, a annoncé le renforcement de la présence de soldats à la frontière avec la Biélorussie. (Crédits : REUTERS)
Fin juillet, le ministère biélorusse de la Défense avait annoncé la présence de la milice privée russe Wagner dans une caserne militaire de son pays, située à cinq kilomètres à peine de la Pologne. Cette dernière avait alors répliqué en déployant des soldats à la frontière avec la Biélorussie. Une présence qu'elle entend donc renforcer, craignant le passage de miliciens de Wagner déguisés qui parviendraient à pénétrer sur son territoire.

Les tensions grandissent à la frontière entre la Biélorussie, pays allié de la Russie, et la Pologne. Cette dernière va y déployer jusqu'à 10.000 soldats supplémentaires. C'est ce qu'a annoncé le ministre de la Défense polonais, Mariusz Blaszczak, ce jeudi.

« Environ 10.000 soldats seront à la frontière, dont 4.000 viendront directement renforcer la garde-frontière et 6.000 seront placés en réserve », a-t-il précisé sur les ondes publiques. « Nous rapprochons l'armée de la frontière pour effrayer l'agresseur afin de le dissuader de nous attaquer », a-t-il ajouté.

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Et pour cause, fin juillet, le ministère biélorusse de la Défense a annoncé la présence de membres de la milice privée russe Wagner dans une caserne militaire biélorusse située à cinq kilomètres à peine de la Pologne, membre de l'Otan. Quelques jours plus tard, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki avait alerté sur le fait qu'une centaine de ces mercenaires s'était rapproché de la ville biélorusse de Grodno, près des frontières polonaise et lituanienne. Cette ville occupe une position stratégique puisqu'elle se trouve à proximité de la trouée de Suwalki, une bande de terre située le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie, qui sépare la Biélorussie de l'enclave russe de Kaliningrad.

La Pologne craint de voir des « migrants illégaux » passer sa frontière

« La situation devient de plus en plus dangereuse (...). Il est très probable qu'ils (les miliciens de Wagner) se déguiseront en garde-frontières biélorusses et aideront les migrants illégaux à pénétrer sur le territoire polonais, afin de déstabiliser la Pologne », avait ainsi déclaré Mateusz Morawiecki lors d'une conférence de presse à Gliwice, dans l'ouest de la Pologne. « Ils essaieront très probablement d'entrer en Pologne en se faisant passer pour des migrants illégaux, ce qui constitue une menace supplémentaire », avait-il ajouté.

Le chef de la garde-frontière, Tomasz Praga, a d'ailleurs déclaré cette semaine que 19.000 personnes avaient tenté de traverser la frontière polono-biélorusse depuis le début de l'année, contre 16.000 en 2022. De son côté, Alexandre Loukachenko, le président de la Biélorussie, qui mène actuellement des exercices militaires près de la frontière, a, plusieurs fois, assuré être intervenu pour contenir les intentions belliqueuses des mercenaires russes.

La Pologne, qui s'inquiète d'une éventuelle propagation de la guerre sur son territoire depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, avait donc pris la décision de déployer plus de 1.000 soldats à la frontière. Une présence qu'elle a renforcée, comme cela a été annoncé ce jeudi.

La Russie met en garde contre une agression de la Biélorussie

L'annonce n'a pas manqué de faire réagir la Russie. Son président, Vladimir Poutine, a accusé le 21 juillet dernier le gouvernement polonais de vouloir occuper certains des territoires de l'ancienne Union soviétique. Le chef de l'Etat a déclaré que toute agression contre la Biélorussie, pays voisin proche allié de la Russie, serait considérée comme une attaque contre la Russie - les deux pays étant liés par deux traités d'« union » depuis 1999 - « avec tous les moyens dont nous disposons ».

Pour appuyer son propos, le chef du Kremlin, qui s'exprimait lors d'une réunion de son Conseil de sécurité, a alors cité des articles de presse faisant état de projets visant à s'appuyer sur une unité lituano-polonaise pour mener des opérations dans l'ouest de l'Ukraine, dont des parties ont appartenu à la Pologne par le passé, et pour y occuper des territoires à terme.

« Il est de notoriété publique qu'ils rêvent également d'occuper des terres biélorusses », a-t-il dénoncé, sans fournir de preuves. Et d'ajouter que « la Biélorussie fait partie de l'Union (avec la Russie), et agresser la Biélorussie serait agresser la Fédération de Russie ».

La Pologne peut, elle, compter sur le soutien de l'Otan. Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a, en effet, déclaré que son pays et l'organisation internationale étaient prêts à soutenir la Pologne dans la défense de son flanc est. « Lorsque les partenaires polonais ont besoin de soutien, ils le reçoivent », a insisté le ministre au cours d'une conférence de presse avec son homologue tchèque à Prague.

(Avec agences)