France : forte contraction de l'activité économique en juin, le risque de récession « se matérialise »

Par latribune.fr  |   |  740  mots
La croissance du secteur privé dans la zone euro a brutalement ralenti en juin, notamment en raison de mauvais indicateurs en France, tombant à un niveau proche de zéro. (Crédits : GILLES GUILLAUME)
L'activité économique française a subi en juin « sa plus forte contraction » depuis plus de deux ans, pénalisée par un retour du repli dans les services tandis que le secteur manufacturier a poursuivi sa baisse. Toute la zone euro est concernée pas ces mauvais indicateurs.

Le spectre d'une récession plane de nouveau sur la France. L'indice « Flash composite », publié par S&P Global, qui mesure l'activité du secteur privé, s'est établi à 47,3 en juin, contre une valeur révisée en légère baisse à 51,2 en mai, atteignant un point bas depuis février 2021 et mettant fin à quatre mois consécutifs d'expansion. Une valeur supérieure à 50 est synonyme d'expansion de l'activité, tandis qu'une valeur inférieure à ce seuil est synonyme de contraction.

Une dégradation dans le secteur des services

Ce fort repli de l'indice résulte surtout de la dégradation observée dans le secteur des services (48 en juin contre 52,5 en mai). Parmi les raisons de cette baisse d'activité invoquées dans le cadre de l'enquête, menée auprès d'un panel représentatif de 750 entreprises, figurent l'inflation, le durcissement des conditions financières voire les fermetures d'entreprises. Amorcée mi-2022, la baisse s'est quant à elle poursuivie pour la production manufacturière (44,2 en juin contre 44,7 en mai).

« Les dernières données "PMI Flash HCOB" sont loin de dresser un tableau de l'économie française aussi encourageant que celui brossé ces derniers mois », a commenté Norman Liebke, économiste à Hamburg Commercial Bank, qui publie l'indice avec S&P Global.  Selon lui, « le risque de voir une récession se matérialiser s'accroît ».

La confiance affichée par les entreprises quant à une progression de leur activité au cours des douze prochains mois est également au plus bas. Elle est à son plus faible niveau depuis mai 2020, dans un contexte pourtant marqué en juin par un relâchement des tensions inflationnistes et de croissance des effectifs dans les services.

Toute la zone euro est touchée

Si la France a enregistré sa plus faible performance en juin, tous les autres pays sont concernés par ces mauvais chiffres. La croissance du secteur privé dans la zone euro a brutalement ralenti en juin, tombant à un niveau proche de zéro, plombée par les difficultés de l'industrie, toujours selon l'indice « PMI Flash » publié par S&P Global.

Il s'est replié à 50,3 en juin, après 52,8 en mai, au plus bas depuis cinq mois, « signalant un très fort ralentissement de la croissance économique de la région », a expliqué S&P dans un communiqué. Ainsi, après trois mois de forte expansion, la croissance a quasiment stagné en Allemagne.

La croissance de l'emploi a ralenti et que les perspectives d'activité à douze mois se sont détériorées. Seule bonne nouvelle, le ralentissement économique s'est accompagné d'une forte atténuation des tensions inflationnistes. « Les prix payés et les prix facturés par les entreprises ont enregistré leurs plus faibles hausses depuis respectivement décembre 2020 et mars 2021 », est-il précisé dans le communiqué.

Inquiétude autour de l'impact de la hausse des taux d'intérêt sur la demande

Les entreprises au sein des 20 pays partageant la monnaie unique se déclarent « de plus en plus préoccupées par l'évolution de la demande, en raison notamment de l'impact de la hausse des taux d'intérêt, et par le risque associé de récession », note S&P. Ce mauvais indicateur est publié deux semaines après une révision à la baisse des chiffres de la croissance pour la zone euro qui est tombée en récession cet hiver. Le PIB a reculé de 0,1% entre janvier et mars, après une baisse de même ampleur d'octobre à décembre.

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« Après deux trimestres consécutifs de contraction, le risque d'une nouvelle baisse du PIB de la zone euro au deuxième trimestre s'est accentué en juin », a commenté l'économiste Cyrus de la Rubia. « La courbe baissière de l'indice annonce un deuxième semestre difficile pour les entreprises privées de la zone euro, caractérisé par un repli général des carnets de commandes au cours des prochains mois ».

L'euro perd des plumes par rapport au dollar

Conséquence : L'euro s'inscrivait vendredi en baisse très marquée face au dollar,« qui profite de son statut de valeur refuge  » commente Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Le yen est également considéré comme une valeur refuge. Ailleurs, la livre turque continue sa dégringolade et perd 1,6% à 25,31 livres pour un dollar, après avoir sombré à 25,48 livres, un nouveau plus bas historique.

(Avec AFP)