La zone euro officiellement en récession d'après les derniers chiffres Eurostat

Le recul du PIB dans la zone euro de -0,1% au premier trimestre 2023 signe l'entrée en récession technique de la zone euro. Le ralentissement de l'activité économique tire la croissance du continent à la baisse.
(Crédits : Ralph Orlowski)

[Article publié le jeudi 08 juin 2023 et mis à jour à 14h31] La récession est bien là. La zone euro se trouve techniquement en récession avec le recul du PIB sur deux trimestres consécutifs, de -0,1% d'octobre à décembre et à  nouveau de -0,1% entre janvier et mars, d'après les données révisées et publiées ce jeudi 8 juin par Eurostat.

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L'institut européen des statistiques tablait jusqu'ici sur une stagnation (0%) au dernier trimestre 2022, par rapport au trimestre précédent, et sur une croissance de 0,1% au premier trimestre 2023. Cette révision à la baisse tient au recul à l'entrée en récession du moteur économique de la zone euro, l'Allemagne. Berlin a reconnu fin mai subir une récession technique, pénalisée par les difficultés de son industrie. Mi-mai, Eurostat tablait encore sur une estimation positive la croissance du PIB au premier trimestre dans la zone euro  à +0,3%.

Perspectives économiques dégradées

Avec cette révision brutale à la baisse, tous les perspectives économiques du continent s'orientent à la baisse. Les anticipations de la Commission européenne qui projetait une croissance de 1,1% en 2023 dans les 20 pays partageant la monnaie unique paraissent compromises. Le chiffre semble désormais « optimiste », confirme Charlotte de Montpellier, économiste pour la banque ING, qui parle désormais de +0,5% sur l'année complète.

« Depuis le printemps, toutes les données ont été mauvaises », appuie-t-elle, notamment au sujet de la production industrielle allemande et de ses nouvelles commandes. « L'économie européenne est dans une phase de stagnation et a eu du mal à passer l'hiver à cause du choc énergétique ».

Même si les cours du gaz et du pétrole ont chuté ces derniers mois, la consommation souffre elle aussi de la flambée des prix de l'énergie et de l'inflation en générale, qui reste élevée à 6,1% en mai.

Ralentissement moins marqué aux Etats-Unis

Autre raison du ralentissement économique qui frappe l'Union européenne, la politique de hausse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE). Ce resserrement de la politique monétaire restreint la demande de crédit des ménages et des entreprises, freinant ainsi les investissements, notamment dans l'immobilier, ce qui se traduit par une baisse d'activité dans la construction.

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La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) se réunissent en effet la semaine prochaine pour décider de leur politique monétaire. Les prix en zone euro restent sous « pressions fortes » faisant que l'inflation, en dehors de l'énergie et l'alimentaire, n'a peut-être pas atteint son pic, a déclaré lundi 5 juin la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde. « Les pressions sur les prix restent fortes », a-t-elle affirmé, lors d'une audition devant le Parlement européen, en dépit d'un ralentissement de l'inflation sur un an en zone euro à 6,1% en mai, après 7% en avril, loin du record à 10,6% atteint en octobre.

Une nouvelle hausse de taux ?

Au sein de cet indice, l'inflation sous-jacente (qui exclut l'énergie et l'alimentaire) s'est inscrite à 5,3% contre 5,6% en avril. Mais les dernières données disponibles « suggèrent que les indicateurs de pressions inflationnistes » hors énergie et denrées alimentaires « restent élevés » et « rien ne prouve clairement que l'inflation sous-jacente ait atteint un pic », a mis en garde Christine Lagarde. Surtout, les pressions salariales se sont « encore renforcées », les salariés voulant récupérer une partie du pouvoir d'achat perdu en raison de la forte inflation, a-t-elle dit.

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La BCE craint que ne s'engage une spirale salaires-prix qui pourrait ancrer l'inflation dans la durée. Les entreprises continuent par ailleurs de répercuter sur leurs prix finaux les hausses passées des coûts importés, tandis que les goulots d'étranglement de l'offre restent présents, mais ces phénomènes tendent à s'estomper. Lors des neufs derniers mois, les taux ont été relevés de 3,75 points de pourcentage, avec un pas de 0,25 point en mai qui était le plus faible du cycle. Une nouvelle hausse est attendue en juin, probablement de nouveau de 0,25 point selon les observateurs.

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L'Allemagne affaiblie

Si la tendance est également à une reprise moins forte qu'attendue en Chine et à un ralentissement de l'activité aux Etats-Unis, il est moins marqué que dans la zone euro. La croissance américaine reste pour l'instant dans le vert, s'établissant à +1,3% au premier trimestre.

« Nous pensons que l'économie se contractera encore pendant le reste de l'année », a commenté Andrew Kenningham, expert de Capital Economics, qui pointe « les effets du resserrement de la politique monétaire » de la BCE, contrainte de batailler contre l'inflation.

« Malheureusement, il n'y a pas tellement d'éléments qui peuvent laisser espérer un rebond sur les prochains mois », estime aussi Charlotte de Montpellier. L'industrie allemande et européenne a été « déstabilisée » par une série de chocs : problèmes des chaînes d'approvisionnement, flambée de l'énergie, ralentissement mondial.

Mais ses difficultés sont aussi structurelles. Elle souffre de ne plus avoir accès au gaz russe, les livraisons ayant été interrompues dans le contexte de la guerre en Ukraine. Elle pâtit aussi de sa dépendance aux fournisseurs chinois dans les énergies renouvelables, en plein boom. Dans l'automobile, les constructeurs chinois profitent de l'électrification pour doubler leurs concurrents allemands. L'Allemagne a vu son PIB reculer de 0,5% au dernier trimestre 2022, puis de 0,3% de janvier à mars.

Elle se retrouve avec « une activité actuellement inférieure à son niveau pré-pandémie en 2019, alors que les autres pays (de la zone euro) sont bien mieux placés. L'ancienne étoile de l'économie européenne ne brille plus », souligne Charlotte de Montpellier.

A l'inverse, l'Espagne et l'Italie ont progressé de respectivement 0,5 et 0,6% au premier trimestre, les pays du sud de l'Europe, moins industrialisés, profitant pleinement de la hausse du tourisme après la fin des restrictions qui ont paralysé le secteur pendant la crise sanitaire. De son côté, la France a maintenu une croissance modérée (0,2%) au premier trimestre.

(avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 09/06/2023 à 2:56
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Vous n'avez tjrs pas compris que la croissance francaise est soutenue par la dette. Pareilles oeilleres, c'est a se demander.....

à écrit le 08/06/2023 à 19:57
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C'est toujours "marrant"... de voir des régions qui demandent leur indépendance et des Etats qui demande leur rattachement à une administration pour s'y soumettre !;-)

à écrit le 08/06/2023 à 16:27
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UE est une organisation unique. Ce n’est ni une fédération, ni une confédération d’États, ni une organisation internationale ni une nation ni un pays .C'est une Communauté au même niveau qu'une communauté d'agglomération. Donc légitime en rien et me...

le 08/06/2023 à 17:17
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Heureusement que nous sommes dans l'UE et dans l'euro faute de quoi nous serions classé A par les agences de notation.

à écrit le 08/06/2023 à 16:18
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Difficile à croire avec le bazar de camions à se trimballer sur les routes et toutes la camelote qui circule ...

à écrit le 08/06/2023 à 16:06
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Ben heureusement qu'il y a la si sûre et solide croissance chinoise communiquée par le parti communiste pour tenir la croissance mondiale ! Ouf ! ^^

à écrit le 08/06/2023 à 14:42
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Dernier avatar de ce machin, le cidre Français menacé de dilution il est sans doute plus juteux pour certains de vendre sous appellation cidre un ersatz qui ne contiendrait que 5% de jus de pommes complété par du sucre et de l'eau douce.

à écrit le 08/06/2023 à 14:40
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Bruno Le Maire, cette boussole à indiquer le Sud, avait raison avant tout le monde. Il suffisait simplement d'inverser Russie et UE pour comprendre quelle économie allait s'effondrer la première!!!

le 09/06/2023 à 2:54
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Bien vu.

à écrit le 08/06/2023 à 14:20
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Qui sait, l'UE et la zone euro finira enfin par sortir grandie sous la forme d'une union plus confédérale.....pour le moment, le prix des carburants remontent...tiens, tiens.... on continuer de plumer les pigeons....ce matin chez Total access de Dina...

à écrit le 08/06/2023 à 13:25
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Quand on parle de zone euro, on ne parle pas d'une monnaie nationale mais d'un avatar pour financier ! Faire correspondre l'économie n'est qu'un jeu virtuel ! ;-)

à écrit le 08/06/2023 à 12:52
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aïe aïe aïe Après le """ quoi qu'il en coûte """ enfin la récession pointe son nez. On va à grand pas vers une révolution avec ce gouvernement, pire que Mitterrand et Hollande.

le 08/06/2023 à 14:12
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Si l'ensemble de la zone euro est en récession, la France a une croissance de 0.3 % au 1er trimestre. Bravo à ce gouvernement.

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