Zone euro : Bruxelles révise ses prévisions de croissance et d'inflation à la hausse pour 2023

La Commission européenne estime que l'activité économique est plus dynamique qu'attendue, grâce à l'accalmie des prix énergétiques et à l'amélioration des chaînes d'approvisionnement. L'institution a ainsi relevé ses prévisions de croissance économique cette année pour la zone euro à 1,1%, soit +0,2 point par rapport à la précédente prévision de mi-février.
La Commission européenne mise désormais sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,1% en 2023 en zone euro.
La Commission européenne mise désormais sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,1% en 2023 en zone euro. (Crédits : Reuters)

Si la Commission européenne semble optimiste, elle reste toutefois prudente. Bruxelles a annoncé avoir relevé ses prévisions de croissance économique pour 2023 en zone euro, ce lundi 15 mai. L'exécutif européen a cependant mis en garde contre une inflation plus élevée que prévue.

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Dans le détail, il mise désormais sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,1% en 2023 (soit +0,2 point par rapport à la précédente prévision de mi-février), puis de 1,6% en 2024 (+0,1 point), dans les 20 pays partageant la monnaie commune. Même tendance pour l'ensemble de l'UE, dont la croissance est désormais annoncée à 1% (+0,2 point) en 2023, puis 1,7% (+0,1 point).

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 « L'économie européenne continue de faire preuve de résilience dans un contexte mondial difficile », a observé la Commission dans un communiqué.

Une inflation persistante

« Des prix de l'énergie plus modérés, la réduction des contraintes d'approvisionnements, après les blocages logistiques hérités de la pandémie, ainsi qu'un robuste marché de l'emploi ont soutenu une croissance économique modérée au premier trimestre, dissipant les craintes de récession », souligne-t-il. Le PIB de la zone euro a ainsi très légèrement progressé (+0,1%) au premier trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent, après avoir stagné lors des trois derniers mois de 2022. Pour l'ensemble de l'UE, la croissance a rebondi, avec une hausse de 0,3% après un repli de 0,1% au quatrième trimestre 2022.

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Fruit notamment des efforts des Européens pour réduire leur consommation de gaz et diversifier leurs approvisionnements à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'accalmie des prix énergétiques « se répercute sur l'économie, réduit les coûts de production et abaisse les factures des ménages », insiste Bruxelles.

Pour autant, les vents contraires persistent, parmi lesquels des tensions inflationnistes toujours fortes. La Commission a ainsi revu à la hausse sa prévision d'inflation pour 2023 à 5,8% (+0,2 point) en zone euro et 6,7% dans l'UE (+0,3 point). Elle table donc sur son maintien à un niveau élevé après le pic atteint l'an dernier, en particulier d'une forte inflation sous-jacente (excluant l'énergie et l'alimentaire), à même de « restreindre le pouvoir d'achat des ménages ».

Des hausses de taux à venir

De quoi laisser présager d'une poursuite du durcissement de la politique monétaire. Et pour cause, la Banque centrale européenne (BCE) continue de relever ses taux pour juguler une hausse des prix à la consommation très au-delà de son niveau-cible de 2%.

« Même si la BCE et les autres banques centrales de l'UE devraient approcher de la fin du cycle de relèvement des taux d'intérêt, les turbulences récentes dans le secteur financier sont susceptibles d'accroître la pression sur le coût et l'accès au crédit et de ralentir la croissance des investissements », notamment dans le secteur immobilier, souligne la Commission.

Le 10 mai dernier, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), dans une interview parue dans la presse japonaise, avait laissé la porte ouverte à de nouvelles hausses des taux. Lors des neufs derniers mois, l'institution monétaire européenne a agi « de manière très délibérée et décisive afin de lutter contre l'inflation » avec sept hausses de taux d'affilée jusqu'en mai, a rappelé Christine Lagarde dans cet entretien accordé au quotidien Nikkei.

Des facteurs de risques

La dirigeante française a toutefois reconnu qu'il restait « encore du chemin à parcourir », suggérant que les gardiens de l'euro devraient encore resserrer davantage la vis du crédit, son arme favorite pour abaisser les tensions sur les prix. Les denrées alimentaires et un large éventail de biens continuent de voir leurs prix grimper. L'inflation en zone euro a atteint 7% en avril, naviguant toujours bien au-delà de l'objectif de 2% visé par la BCE.

« Il existe des facteurs qui peuvent induire des risques à la hausse importants pour les perspectives d'inflation », « en particulier, en ce qui concerne les augmentations de salaires dans divers pays européens », selon Christine Lagarde.

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La hausse des prix pèse sur le pouvoir d'achat des ménages et alimente les revendications de hausses de salaire. Les économistes s'attendent désormais à ce que l'institut monétaire relève ses taux d'intérêt lors de ses deux réunions prévues avant la pause estivale.

(Avec AFP)

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