La hausse des taux d'intérêt fragilise la stabilité financière de la zone euro, selon la BCE

Dans un rapport, la Banque centrale européenne souligne que le resserrement de sa politique monétaire, destiné à contenir l'inflation, pourrait révéler des vulnérabilités dans le système financier. Et ce, malgré une amélioration des conditions économiques et une baisse des prix de l'énergie ces derniers mois.
La hausse brutale des taux d'intérêt menée depuis juillet dernier pour contenir l'inflation pourrait « révéler des vulnérabilités » dans le système financier, avertit la BCE.
La hausse brutale des taux d'intérêt menée depuis juillet dernier pour contenir l'inflation pourrait « révéler des vulnérabilités » dans le système financier, avertit la BCE. (Crédits : HEIKO BECKER)

La politique monétaire de la BCE aura-t-elle des effets délétères sur le système financier de la zone euro ? La hausse brutale des taux d'intérêt menée depuis juillet dernier pour contenir l'inflation pourrait « révéler des vulnérabilités » dans le système financier, a averti la Banque centrale européenne dans un rapport publié ce mercredi 31 mai.

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 « Alors que nous resserrons la politique monétaire pour réduire l'inflation élevée, cela peut révéler des vulnérabilités » en mettant à l'épreuve la résilience des entreprises, ménages et gouvernements, a déclaré le vice-président de la BCE, Luis de Guindos, lors de la publication du rapport semestriel de l'institution monétaire sur la stabilité financière.

Et ce, bien que les conditions économiques se soient « légèrement améliorées » et que les prix de l'énergie aient dernièrement baissé.

Des perspectives « fragiles »

Entre autres effets visibles de cette politique, une correction des marchés immobiliers qui pourrait « devenir désordonnée » si la hausse des taux hypothécaires « réduisait de plus en plus la demande », note la BCE. Le présent rapport intervient après les turbulences financières en mars dues aux faillites bancaires aux Etats-Unis et au rachat forcé du Crédit Suisse par UBS. Ces événements ont rappelé « avec force l'importance de veiller à ce que les fondamentaux du système bancaire soient sains », explique Luis De Guindos en introduction du rapport.

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Réputées solides, les banques dans la zone euro voient les volumes de prêts se réduire et les coûts de financement se renchérir, ce qui peut nuire à leur rentabilité. Des signes de détérioration sont visibles dans leurs portefeuilles de prêts exposés à l'immobilier commercial, aux petites entreprises et autres prêts à la consommation, pointe le rapport.

Ces établissements sont, en outre, à la merci de clients non bancaires (fonds, assureurs, chambres de compensation) qui représentent 14% de leurs dépôts, si ces clients retiraient leurs avoirs face à un besoin de liquidités, avertit la BCE. Les Etats, eux, sont confrontés à l'augmentation des coûts de financement qui tombe mal au moment de refinancer la montagne de dette publique accumulée pendant la pandémie puis la flambée des prix de l'énergie.

« Les perspectives de stabilité financière de la zone euro restent fragiles », conclut le rapport.

La BCE campe sur ses positions

Pour rappel, la BCE a remonté dans une ampleur inédite ses taux directeurs, de 3,75 points de pourcentage depuis juillet dernier, et compte encore les relever pour ramener l'inflation à la cible de 2%, contre encore 7% sur un an en avril. La présidente de la Banque centrale européenne a promis la semaine passée de vaincre la très forte inflation en zone euro, lors d'une manifestation marquant le premier quart de siècle d'existence de l'institution, scandé par les crises.

« Notre priorité immédiate et absolue est d'assurer un retour au plus tôt de l'inflation vers notre objectif », et « nous y parviendrons », a assuré Christine Lagarde au siège de la BCE à Francfort, en présence de nombreux dirigeants européens. La hausse des prix a encore atteint 7% en avril, toujours poussée par l'énergie et les biens importés, alors que la BCE a pour objectif 2%. Malgré tout, « la promesse de l'euro a été tenue » et « c'est en grande partie grâce à notre union monétaire que nous avons pu résister à tous ces chocs, et en ressortir à chaque fois un peu plus forts », a affirmé Christine Lagarde.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 31/05/2023 à 14:39
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Hallucinant, ils craignent que la remontee des taux freine la demande en surchauffe ? Mais non de dieu on apprend que c'est précisément le but quand on apprend is/lm!!!! Et après on apprend l'articulation des différentes politiques !! Quant au pb d...

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