Gouvernement italien : équilibre entre populistes, un anti-euro aux Affaires européennes

Par latribune.fr  |   |  559  mots
Après la prestation de serment ce vendredi, Giuseppe Conte demandera la confiance au Parlement, où la Ligue et le M5S ont la majorité des deux chambres. (Crédits : Reuters)
Le nouveau gouvernement italien, annoncé jeudi, est une équipe resserrée de 18 ministres, dont (seulement) cinq femmes, qui respecte l'équilibre entre les deux forces populistes qui le composent, la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Di Maio et Salvini, vice-Premiers ministres, obtiennent respectivement les postes clés du Développement économique et du Travail, et de l'Intérieur. Aussi, l'eurosceptique Paolo Savona qui a précipité la crise politique en Italie, héritera du ministère des Affaires européennes.

C'est la fin de trois mois d'impasse politique en Italie. Le juriste de 53 ans Giuseppe Conte dirigera bien le nouveau gouvernement italien, fruit de l'accord politique conclu jeudi entre le Mouvement 5 étoiles (antisystème) de Di Maio et la Ligue (extrême droite) de Salvini. Le chef de la nouvelle équipe gouvernementale prêtera serment ce vendredi après-midi devant le président de la République, avant de demander la confiance au Parlement en début de semaine prochaine.

Globalement, ce nouveau gouvernement, dont le programme sera axé sur la lutte contre l'immigration et la contestation des règles budgétaires européennes, respecte l'équilibre entre les deux forces politiques.

Di Maio et Salvini vice-Premiers ministres, un anti-euro aux Affaires européennes

Outre le président du Conseil Giuseppe Conte, qui faisait partie de l'équipe gouvernementale proposée par le M5S avant les élections législatives du 4 mars, le mouvement antisystème est représenté par huit ministres qui investiront les ministères du Développement économique et du Travail, de la Justice, des Rapports avec le Parlement, du Sud, de la Défense, des Infrastructures et Transports, de la Culture et du Tourisme, et de l'Environnement.

Luigi di Maio, le chef de file du M5S, prendra notamment la tête d'un nouveau ministère renforcé combinant les portefeuilles de l'Industrie et du Travail. Aussi, deux femmes seront nommées au ministères de la Défense et du Sud.

La Ligue, elle, obtient sept ministères : l'Intérieur, les Affaires européennes, la Fonction publique, les Affaires régionales, les Familles et Handicapés, l'Agriculture et l'Éducation.

Ce que l'on sait à l'heure actuelle :

  • Le ministère de l'Intérieur sera confié à Salvini, le chef de file du mouvement d'extrême-droite.
  • Le ministère de l'Économie et des Finances reviendra à un universitaire plutôt proche de la Ligue sur la fiscalité, Giovanni Tria (69 ans), mais favorable au maintien de l'Italie dans la zone euro. Il estime que celle-ci doit être réformée. Dans des articles récents, il a notamment appelé à un changement dans les règles budgétaires de l'UE pour permettre aux investissements publics de soutenir la croissance, tout en critiquant l'excédent persistant des comptes courants de l'Allemagne. Il préside, entre autres, l'École nationale d'administration italienne.
  • L'économiste anti-euro, Paolo Savona (81 ans), héritera finalement du ministère des Affaires européennes. Ses critiques de l'euro et de l'Allemagne lui ont valu le veto spectaculaire du président Mattarella pour occuper le ministère de l'Économie et des Finances. Au compteur, un demi-siècle d'expérience, notamment comme ancien ministre du Commerce et de l'Industrie dans le gouvernement de Carlo Azeglio Ciampi (1993-1994). Dans un livre, il a appelé à "préparer un plan B pour sortir de l'euro" et a baptisé la monnaie unique "la prison allemande".
  • Les ministères de la Santé, de la Fonction publique et des Affaires régionales seront assurés par trois femmes.

Un ministre "technique" aux Affaires étrangères

Le très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant vingt ans à Bruxelles, va occuper le ministère des Affaires étrangères. Ce ministre "technique" a déjà occupé des fonctions ministérielles dans les gouvernements de Mario Monti (2011-2013) et d'Enrico Letta (2013-2014).

(Avec AFP et Reuters)