Grèce : la fraude à la TVA va-t-elle s'accroître ?

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Le quartier touristique de Monastiraki, en Grèce.
De nombreux commerçants à Athènes n'acceptent que des paiements en argent liquide et dénoncent une TVA écrasante. Cela remet au jour le combat du gouvernement pour la généralisation des cartes bancaires afin de lutter contre la fraude fiscale; 40% des tickets de caisse des petits commerces ne seraient pas comptabilisés dans les déclarations de revenus.

Dans les quartiers touristiques d'Athènes, mercredi 1er juillet, on respire comme un parfum d'accalmie. Kiosquiers, magasins de souvenirs, bars ou restaurants, la plupart assurent que les affaires vont bien, en dépit de la fermeture des banques décidée dimanche. Et, chez les touristes, aucun vent de panique. "Nous avons plutôt peur pour l'économie grecque", ironise Naicha, jeune touriste américaine, originaire de Denver, faisant la queue pour visiter l'Acropole. Pour rappel, aucune restriction bancaire n'a été imposée aux vacanciers venant de l'étranger afin de ne pas plomber le tourisme, principal moteur de l'économie grecque, alors que les Grecs ne peuvent retirer plus de 60 euros par jour jusqu'au 6 juillet.

"On a beaucoup donné"

Chez les commerçants, les inquiétudes portent plutôt sur l'après-référendum. Pour Kappis, 35 ans, niché dans son petit kiosque situé au pied de l'Acropole, "une sortie de la zone euro serait une catastrophe". Inquiets, certains commerçants, qui utilisaient la carte bancaire pour réaliser les transactions avant les restrictions imposées au banques, ne la prennent plus depuis dimanche. Pour Thymios, un serveur âgé d'une quarantaine d'années qui travaille dans un restaurant recommandé par le Guide du routard et situé du côté du quartier très touristique de Monastiraki, ce n'est pas justifié : "Il y a eu des problèmes de transactions avec les cartes bancaires lundi matin, mais cela n'a pas duré. Ne pas accepter ce moyen de paiement, ce n'est pas bon."

Mais le principal grief des commerçants, ce sont les taxes allant de 13% (pour les plats notamment) à 23% (pour l'alcool). "On a déjà beaucoup donné", explique Manolis, un restaurateur de Monastiraki, qui craint la généralisation d'une taxe à 23% pour tous les produits (une des propositions des créanciers européens), ce qui le mettrait en "grande difficulté". Aucun vendeur n'avance le mot "fraude". Pourtant, il est plus facile de ne pas déclarer tous ses revenus si les transactions se font en liquide.

"40% des tickets de caisse ne sont pas comptabilisés"

Début mai, Andreas Andreadis, président de la Sete, confédération du tourisme grec, exhortait les touristes étrangers à utiliser autant que possible leur carte bancaire afin d'éviter d'encourager la fraude à la TVA. Dans le Guardian, il expliquait notamment qu'environ "40% des tickets de caisse ne sont pas comptabilisés par les petits commerces" dans leur déclaration de revenus. En parcourant les places phares d'Athènes, on remarque que parmi les commerces qui ne prennent pas la carte bancaire, on trouve des commerces modestes, mais également des bars luxueux situés à quelques pas du Parlement.

Ce recours accru à l'argent liquide semble être suscité par la peur des suites du référendum. Il sonne comme une mauvaise nouvelle pour les caisses de l'Etat. Si aucun chiffre sur la fraude aux taxes sur les revenus n'est avancé dans les statistiques, l'évasion fiscale représenterait jusqu'à 20 milliards d'euros par an dans le pays, selon le ministère des Finances, rapporte le Guardian. Pour rappel, la lutte contre l'évasion fiscale est l'une des priorités du gouvernment Tsipras depuis sa formation en janvier.