Hollande veut que la France soit à l'avant-garde d'une nouvelle zone euro

Par latribune.fr  |   |  727  mots
"La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce. Mais nous ne pouvons en rester là", estime François Hollande.
Le président de la République souhaite que l'organisation de la zone euro soit renforcée avec la création d'un gouvernement, d'un Parlement et d'un budget spécifique.

Publié le 19/07/2015 à 09:17. Mis à jour le 19/07/2015 à 17:47.

François Hollande se sent-il pousser des ailes après avoir contribué à éviter un Grexit ? Dans une tribune publiée par l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche, le président de la République a déclaré que la France est prête à participer "à une organisation renforcée" de la zone euro et à constituer "avec les pays qui en décideront, une avant-garde".

"La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce. La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L'esprit européen a prévalu", écrit M. Hollande dans un dossier du Journal du Dimanche consacré à l'ancien ministre et président de la Commission européenne Jacques Delors, qui fête lundi ses 90 ans.

"Mais nous ne pouvons en rester là. J'ai proposé de reprendre l'idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d'y ajouter un budget spécifique ainsi qu'un Parlement pour en assurer le contrôle démocratique", ajoute le chef de l'Etat.

Les deux dernières propositions avaient déjà été formulées en mai ainsi que lors de son interview télévisée pour le 14 juillet.

"L'insuffisance de l'Europe", une"menace"

"Partager une monnaie, c'est bien plus que vouloir une convergence. C'est un choix que 19 pays ont fait parce que c'était leur intérêt. Nul gouvernement d'ailleurs depuis quinze ans n'a pris la responsabilité d'en sortir", poursuit François Hollande.

"Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête parce que, comme Jacques Delors nous l'a montré, elle se grandit toujours quand elle est à l'initiative de l'Europe", estime le président de la République.

Et de renchérir: "Ce qui nous menace, ce n'est pas l'excès d'Europe mais son insuffisance."

Une zone euro devenue ingouvernable, selon Jacques Delors

Interrogé dans le même numéro de l'hebdomadaire, Jacques Delors lui-même juge que le système actuel de l'Union européenne et de la zone euro "n'est plus gouvernable". "Cela ne peut plus durer. Il faut refonder cette Union économique et monétaire. Vont-ils le faire ? Il y a eu un vice de construction au départ. Il y a eu aussi des bêtises et une incapacité de l'eurozone à y mettre fin ", analyse M. Delors.

L'ancien ministre de l'Economie et des Finances estime néanmoins que "dans la situation actuelle, on a évité le pire. Mais l'Europe n'est pas une puissance morale, je dis morale au bon sens du terme. Il faut reconstituer cette puissance morale qui a fait la force de l'Europe en d'autres périodes, comme au moment de la chute du mur de Berlin".

Manuel Valls estime que la voix de la France est "partagée"

En visite à Avignon, dimanche 19 juillet, Manuel Valls a renchéri, s'appuyant sur les propos de François Hollande: "Il faut pleinement reprendre l'initiative, c'est ce que dit le président de la République depuis 2012, sa voix était isolée, maintenant elle est partagée, je m'en réjouis."
Il a précisé que l'avant-garde devait être constituée "de la France, l'Allemagne, l'Italie, les pays fondateurs" de l'UE.

La France est isolée, selon Raffarin

  • L'opposition a également réagi à la tribune de François Hollande. Jean-Pierre Raffarin a estimé sur Twitter que la France était isolée:
  • Chez "Les Républicains" (ex-UMP) également, François Fillon a jugé la tribune "d'un intérêt mineur", François Hollande restant "dans des considérations générales concernant l'avenir des institutions européennes".
  • Marine Le Pen a estimé quant à elle que le renforcement institutionnel de la zone euro proposé par le président de la République "est une course folle [...] car elle reproduit le schéma tristement connu de toutes les idéologies les plus dangereuses, allant toujours plus loin dans l'espoir insensé de résoudre les problèmes qu'elles créent elles-mêmes".
  • "Hollande, le petit assistant de Merkel, veut emprisonner les démocraties dans une zone euro supranationale avec un Parlement de carton-pâte !", a enfin dénoncé le NPA (Nouveau parti anticapitaliste).